France : le gouvernement s'engage à lancer une Carte Nationale d'Identité électronique (CNIe) dès 2021
Le programme s'appuie sur la reconnaissance faciale via l'application Alicem
Le 2020-06-18 11:40:54, par Patrick Ruiz, Chroniqueur Actualités
C’est l’un des points saillants du rapport du Conseil national du numérique (CNnum) intitulé « Identités numériques, clés de voûte de la citoyenneté numérique » : le gouvernement s’engage à lancer une Carte Nationale d’Identité électronique (CNIe) dès 2021. Le projet s’intègre dans celui plus grand d’identité numérique à laquelle la CNIe pourra servir de support. Il relance du même coup celui dénommé Alicem, une application gouvernementale d’identification en ligne qui repose sur la reconnaissance faciale.
Dans l’espace européen, la France rejoint des pays comme l’Allemagne qui, en 2018, a notifié à la Commission de l’UE son projet de loi introduisant une carte d’identité numérique. Comme l’Allemagne, la France a, parmi les objectifs qu’elle liste dans le rapport du CNnum, d’offrir l’accès aux services de l’administration en ligne au travers de cette carte d’identité numérique. La solution envisagée côté français est de niveau substantiel et élevé, c’est-à-dire que le gouvernement entend mettre sur pied une solution d’identification adaptée à des usages numériques sensibles, engageants pour le citoyen et qui auraient requis une présence physique. Les consultations se poursuivent pour déterminer le degré de sensibilité des données à associer à cette CNIe. Toutefois, le modèle allemand donne une idée de ce qui pourrait à minima être accessible : nom, date et le lieu de naissance et adresse du possesseur de la Carte Nationale d’Identité électronique. Le lancement de ce nouveau titre électronique qui répondra aux mêmes critères qu’un passeport est prévu pour août 2021.
C’est l’étape d’enrôlement (ou de création de l’identité numérique d’un tiers) qui est sujette à controverse. Elle peut être réalisée par une autorité publique de délivrance de titre, un tiers de confiance (La Poste qui enrôle, en tant que fournisseur d’identité fédéré à France Connect) ou de manière automatisée et autonome comme c’est le cas avec la solution « Mobile Connect et moi », fournisseur d’identité privé de France Connect. C’est l’évocation de la solution publique Alicem qui n’a pas manqué de retenir l’attention des critiques de façon particulière.
L'application Alicem est en phase de test sur FranceConnect depuis juin 2019. Elle n’est pour le moment disponible que sur la plateforme Android. Ce qu’elle a de particulier est qu’elle impose à son utilisateur de passer par une étape de reconnaissance faciale pour prouver qu’il est le titulaire légitime du titre d’identité.
Alicem est le résultat d’un décret publié à mi-parcours de l’année 2019 pour instaurer un nouveau moyen d’identification numérique qui permettra de se connecter à différents sites du service public. Y faisant suite, la Quadrature du Net, association de défense des libertés numériques, l’a attaqué devant le Conseil d'État en mettant en avant le fait que l’application ne laisse pas d’alternative à la reconnaissance faciale pour activer un compte utilisateur. La CNIL pour sa part avait, comme alternative à la reconnaissance faciale, proposé un face-à-face en préfecture ou en mairie, ou un appel vidéo en direct avec un agent. Le projet avait donc été mis en pause en raison de ces diverses oppositions.
Le déploiement final d’Alicem initialement prévu pour le mois de novembre 2019 n’a donc pas eu lieu. En 2020, le gouvernement entend poursuivre avec les travaux normatifs assurant les conditions de succès de l’identification numérique publique, ainsi qu’avec le déploiement du fédérateur d’identité FranceConnect. On peut donc s’attendre à une relance du projet Alicem que le gouvernement ne semble pas vouloir séparer de l’implémentation de la CNIe.
Source : rapport (PDF)
Et vous ?
Que pensez-vous de ce projet de CNIe ?
Envisagez-vous de procéder à la création d'un compte Alicem ? Si oui, pour quelles raisons ?
Voir aussi :
Des actionnaires demandent à Amazon d'arrêter de vendre son IA de reconnaissance faciale aux forces de l'ordre
Amazon : un employé demande à son patron d'arrêter de vendre le système de reconnaissance faciale à la police évoquant des dérives
La technologie de reconnaissance faciale d'Amazon identifie à tort 28 membres du Congrès US comme des criminels quels dangers pour les Américains*?
USA : des associations s'érigent contre la technologie de reconnaissance faciale d'Amazon craignant une surveillance de masse par la police
Dans l’espace européen, la France rejoint des pays comme l’Allemagne qui, en 2018, a notifié à la Commission de l’UE son projet de loi introduisant une carte d’identité numérique. Comme l’Allemagne, la France a, parmi les objectifs qu’elle liste dans le rapport du CNnum, d’offrir l’accès aux services de l’administration en ligne au travers de cette carte d’identité numérique. La solution envisagée côté français est de niveau substantiel et élevé, c’est-à-dire que le gouvernement entend mettre sur pied une solution d’identification adaptée à des usages numériques sensibles, engageants pour le citoyen et qui auraient requis une présence physique. Les consultations se poursuivent pour déterminer le degré de sensibilité des données à associer à cette CNIe. Toutefois, le modèle allemand donne une idée de ce qui pourrait à minima être accessible : nom, date et le lieu de naissance et adresse du possesseur de la Carte Nationale d’Identité électronique. Le lancement de ce nouveau titre électronique qui répondra aux mêmes critères qu’un passeport est prévu pour août 2021.
C’est l’étape d’enrôlement (ou de création de l’identité numérique d’un tiers) qui est sujette à controverse. Elle peut être réalisée par une autorité publique de délivrance de titre, un tiers de confiance (La Poste qui enrôle, en tant que fournisseur d’identité fédéré à France Connect) ou de manière automatisée et autonome comme c’est le cas avec la solution « Mobile Connect et moi », fournisseur d’identité privé de France Connect. C’est l’évocation de la solution publique Alicem qui n’a pas manqué de retenir l’attention des critiques de façon particulière.
L'application Alicem est en phase de test sur FranceConnect depuis juin 2019. Elle n’est pour le moment disponible que sur la plateforme Android. Ce qu’elle a de particulier est qu’elle impose à son utilisateur de passer par une étape de reconnaissance faciale pour prouver qu’il est le titulaire légitime du titre d’identité.
Alicem est le résultat d’un décret publié à mi-parcours de l’année 2019 pour instaurer un nouveau moyen d’identification numérique qui permettra de se connecter à différents sites du service public. Y faisant suite, la Quadrature du Net, association de défense des libertés numériques, l’a attaqué devant le Conseil d'État en mettant en avant le fait que l’application ne laisse pas d’alternative à la reconnaissance faciale pour activer un compte utilisateur. La CNIL pour sa part avait, comme alternative à la reconnaissance faciale, proposé un face-à-face en préfecture ou en mairie, ou un appel vidéo en direct avec un agent. Le projet avait donc été mis en pause en raison de ces diverses oppositions.
Le déploiement final d’Alicem initialement prévu pour le mois de novembre 2019 n’a donc pas eu lieu. En 2020, le gouvernement entend poursuivre avec les travaux normatifs assurant les conditions de succès de l’identification numérique publique, ainsi qu’avec le déploiement du fédérateur d’identité FranceConnect. On peut donc s’attendre à une relance du projet Alicem que le gouvernement ne semble pas vouloir séparer de l’implémentation de la CNIe.
Source : rapport (PDF)
Et vous ?
Voir aussi :
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Matthieu VergneExpert éminentAlicem a été fortement critiquée pour ses contraintes et les risques encourus. L'argument central qui relativisait ces critiques était que personne n'est obligé de l'utiliser : c'est sur la base du volontariat. Maintenant, ils en sont à la phase de l'élargissement des usages, de façon à ce que ceux qui acceptent de l'utiliser y voient un intérêt grandissant. Ensuite pourra venir la phase où on réduit les usages des alternatives, de façon à rendre la tâche plus difficile à ceux qui refusent de l'utiliser. Au pire, on pourra faire preuve de laxisme dans la maintenance desdites alternatives, de façon à faire valoir dès que possible un besoin impérieux de sécurité pour "interdire l'usage de ces solutions ne répondant pas aux exigences de sécurités les plus élémentaires". À terme, il n'y aura donc aucune difficulté à imposer, en pratique, l'usage d'Alicem de façon généralisée.
Ce genre d'évolution n'a rien d'exotique : c'est comme ça qu'on change les habitudes en douceur. Il ne faut donc pas se focaliser sur les promesses d'optionalité d'Alicem, mais sur les garanties permettant d'assurer la pérenité des alternatives.le 18/06/2020 à 13:48 -
lalouneMembre éclairéCa me paraît bizarre quand même que l'on utilise la reconnaissance faciale, au moins à distance, difficile de vérifier si c'est bien une webcam qui filme ou quelqu'un qui simule un flux vidéo.
il me semble avoir lu qu'en Estonie les cartes d'identités numériques embarquent une clef privée qu'on peut utiliser pour s'authentifier pour faire les démarches administratives (du coup si on perd sa carte d'identité la clef publique est révoquée)
ne serait-ce pas une alternative plus sécurisée ? il y a certes eu des ratés en Estonie mais à priori le fournisseur avait utilisé un lib RSA vérolée (voir ici: https://www.generation-nt.com/infine...e-1947767.html)Une fois l’application chargée, il s’agira de procéder à une lecture de la puce du [titre d’identité] avec le téléphone.
est-ce que c'est malin d'avoir une étape supplémentaire (= 1 faille de sécurité potentielle supplémentaire)le 18/06/2020 à 16:02 -
tanaka59InactifBonjour,
Et Oui les quelques 6 à 8 miilions de français de plus de 75 ans, ceux vivant en zones blanches, ceux pas a l'aise avec le techno, les personnes agées dépendantes , les personnes en situations de handicapes , les personnes isolées sans internet ...
On part toujours du postulat que 100 % de la population à accès à internet ... C'est faux. Je l'ai encore vu recemment ou des banques réclament un smartphone ... pour consulter le compte bancaire ou faire des opérations de virement ! Allez demander cela à un vieux de 85 balais ...le 19/06/2020 à 12:33 -
CincinnatusMembre expérimentéSans compter la grande minorité qui n'a pas et n'aura pas de smartphone... Encore une conn*rie d'Enarque ou assimilé.
Hors-sol, microcosmique, comme disait feu Raymond Barre le 19/06/2020 à 10:28 -
CincinnatusMembre expérimentéEn quoi le tout-numérique serait-il plus rapide ? Encore faudrait-il que les applications mobiles ou web fonctionnent, supportent la montée en charge, respectent les bonnes pratiques de saisie (pour les mal-voyants par exemple), soient juste bien présentées (pas de terme abscons sur une page web !) Il faut aussi que le connexion soit suffisamment fluide (sinon c'est l'application qui sera 'retardée').
En quoi le tout-numérique serait-il plus simple ? Vu que chacun réinvente la roue, les utilisateurs doivent souvent redécouvrir les interfaces (UX, mon œil !). En quoi le tout-numérique serait-il moins cher ? Quand on voit les grands projets abandonnés (Louvois pour la paye des militaire, le DMP ça parle à quelqu'un ??). En quoi le tout-numérique serait-il plus sûr ? Alors que le piratage et le deepfake se banalisent...
Tu parles d'aller au guichet ou d'utiliser le téléphone ; vu le nombre de guichets fermés et de centres d'appels sous-traitants qui ne suivent que des scénarios prédéfinis, ceux qui ont un problème réel sont bien dans la merde !
Il est maintenant possible de réaliser des téléconsultations par vidéo. Pour un dermato ou un gastro, ce n'est pas l'idéal...
Pour reprendre tes exemples, le téléphone, le mail et le courrier sont complémentaires. Il y a quelques mois j'ai lu l'histoire d'un retraité (gaulois retardé selon toi, "chef de projet MOA"qui a voulu payer ses impôts par chèque (méthode antique ?). Les impôts lui ont renvoyé son chèque... Eux étaient réfractaires pour de bon.
Pour info, je suis développeur d'applications web. Et j'insiste toujours pour que des solutions existent pour les utilisateurs "retardés", dont certains sont pour le coup réellement handicapés, ce qui n'est pas une insulte. Le service proposé est en partie informatique, mais l'application, même si elle couvre 90 ou 99% des besoins, n'empêchera pas que des dossiers ou situations soient réglés autrement, humainement.
Et pour la démocratie, on parle ici de choix de société. Et justement les moins capables d'utiliser ces outils sont ceux qui s'expriment le moins. La démocratie doit prendre en compte TOUS les citoyens et les non-citoyens (enfants, étrangers UE ou non UE, ...). Si chacun regarde son nombril, on aboutit à une représentation décalée de la nation et hop, des gilets jaunes apparaissent, pile sous un mandat de nouveaux représentants (de commerce ?).le 25/06/2020 à 18:29 -
CincinnatusMembre expérimentéOutre le problème de droit, de données biométriques, lié à l'identification, le problème du tout numérique est justement que ce genre de "solution nouvelle" ne s'ajoute pas à l'existant mais remplace l'existant, d'où la fermeture des guichets et la réduction des accueils du public (effectifs et plages horaires).
Il faut maintenir des solutions pour que tous puissent accéder aux services publics mais aussi aux services de base (banque par exemple), quelle que soit la situation de la personne.
Exemple parmi d'autres :
Extrait de la revue de presse de rtl le 22/10/2019 :https://www.rtl.fr/actu/justice-fait...use-7799299406
C'est l'histoire d'un homme qui aimerait payer ses impôts. Il voudrait bien, mais il ne peut point. Il s'appelle Fritz, il est Suisse, mais vit dans le Jura. Il devait régler un acompte de 154 euros prélevé automatiquement sur son compte, comme d'habitude. Mais faute de trésorerie, le paiement est refusé. Et là, c'est le drame.
Le retraité reçoit un courrier de la Direction générale des finances publiques qui l'invite à régulariser sa situation en se connectant sur impots.gouv.fr.Mais à 80 ans passé, Fritz n'a pas Internet, pas de smartphone, pas d'ordinateur... Rien. On lui demande d'aller à Dole, à 35 kilomètres de son village, mais Fritz n'a ni voiture, ni permis. Il envoie un chèque, mais le chèque lui revient : il doit obligatoirement se déplacer pour payer.
C'est finalement le maire de la commune qui a été porter le chèque. Mais il est bien énervé, obligé de réduire la fracture numérique avec les moyens du bord. Conclusion de Fritz sur le site du Progrès : "J'aurais envoyé un chèque en Suisse, ils m'auraient envoyé une lettre de remerciement."
le 29/06/2020 à 10:31 -
CincinnatusMembre expérimentéSi ça se termine comme le dossier médical partagé, ce sera beaucoup d'argent pour les grandes boîtes choisies par le gouvernement, et des résultats lorsque l'EPR de Bouygues fonctionnera. On sera dans la m***e si ces groupes réussissent enfin à mettre en oeuvre un grand projet (parce que depuis les premiers TGV et le Minitel, hein...).le 19/06/2020 à 10:23
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LeruasMembre éclairéComment ils veulent faire de la reconnaissance faciale à distance via une webcam ?
Il suffit d'un logiciel FakeCam pour afficher la vidéo d'un autrele 24/06/2020 à 22:48 -
tanaka59InactifBonjour,
Charge a l'état à trouver des solutions :
> ceux en zone blanche
> les personnes agées
> les personnes handicapées / dépendantes
> ceux peu familié avec l'outil informatique
Comme bien souvent les administrations françaises généralise un service sans prevenir des alternatives (faut il encore qu'il y en ai) ... Exemple des cartes grises ... En cas de question à la prefeture ceux qui vont poser une question sur place se font jeter comme des mal propres ... bah quand on aucun interlocuteur et que la situation ne rentre dans aucune case et que les guichet virtuels ne fonctionnent pas ? Que proposes tu ? Il y a bien eu 500 000 cartes grises bloquées. ... On en arrive a des situations de "ni ni"... Le citoyen lambda lui n'avance pas et est toujours bloqué voire risque une pénalité au final (amende , huissier ... )!
Comme dire "maintenant tout se fera par internet" ... Celui qui vit en zone blanche n'y a pas accès qu'on vienne lui mettre la fibre !le 25/06/2020 à 12:33 -
lino8288Membre du Clubsi vous venez dernièrement d'établir une demande de carte d'identité ou de passeport, vous aurez nécessairement posté une photo d'identité
l'état dispose donc des vos empreintes et de votre photo digitalisés
ce processus lent mais efficace fait que dans une décennie ou deux la plupart des citoyens français seront catalogués en base de données (sauf les marginaux, sans papiers, activistes de tout bord, ce qui rend la chose extrêmement drôle)
il y a bien là un danger latent qui est peu commenté, c'est dommage
pour ce qui est de l'identité numérique, le moyen envisagé en utilisant la reconnaissance faciale est, à mon avis, une stupidité sortie de réunions de décisionnaires qui n'ont aucun recul
la solution de la clé privée me semble être la bonne solution car elle est purement technique et efficace
la reconnaissance faciale CENTRALISEE et LEGALE recèle un danger potentiel en cas de changement politique vers une dictature
elle n'est pas acceptable dans une démocratiele 27/06/2020 à 9:24