L'Afrique du Sud délivre le premier brevet au monde mentionnant une intelligence artificielle comme inventeur :
Quels bénéfices pour les entreprises de la filière ? Quels dangers ?
Le 2021-07-29 19:08:05, par Patrick Ruiz, Chroniqueur Actualités
Qui doit être considéré comme l’inventeur du produit d’une intelligence artificielle ? Qui est le propriétaire du produit d’une intelligence artificielle ? Peut-on s’attribuer (par protection) les droits d’auteur d’une œuvre produite par une intelligence artificielle ? Ces questions et d’autres qui leur sont liées sont sur les tables d’organisations compétentes de divers pays. Celle d’Afrique du Sud vient de se démarquer en délivrant le premier brevet au monde mentionnant une intelligence artificielle comme inventeur.
L’équipe du professeur Ryan Abbott de l'université du Surrey est en désaccord depuis des années avec les offices de brevets du monde entier sur la nécessité de reconnaître les intelligences artificielles comme inventeurs. Abbott représentait le docteur Stephen Thaler, créateur d'un réseau de neurones nommé Dabus, présenté par ses créateurs comme seul inventeur d'un récipient alimentaire qui améliore la prise en main et le transfert de chaleur.
Abbott et son équipe ont déposé des brevets mentionnant Dabus comme inventeur dans plus de dix juridictions depuis 2018, notamment au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis. L'année dernière, la Haute Cour d'Angleterre et du Pays de Galles s'est rangée du côté de l'Office britannique de la propriété intellectuelle en refusant les demandes. La raison : bien que Dabus soit l’inventeur, il ne peut pas se voir accorder un brevet, car il ne s’agit pas d’une personne physique. L'Office européen des brevets et l'Office américain des brevets et des marques se sont opposés pour les mêmes raisons et l'équipe d'Abbott a fait appel.
L’équipe derrière l’intelligence artificielle Dabus estime que cette décision de l’Afrique du Sud n’est que justice. « On assiste à une utilisation croissante de l'intelligence artificielle dans la recherche et le développement pour découvrir de nouveaux composés pharmaceutiques et réorienter les médicaments. Dans de tels cas, il se peut qu'une invention puisse faire l'objet d'un brevet, mais qu'aucune personne ne puisse être considérée comme un inventeur. Refuser un brevet à l'intelligence artificielle dans un tel cas de figure est un message envoyé aux entreprises de la filière d'arrêter d'y investir », s’explique l’équipe derrière Dabus. En d’autres termes, la délivrance de ce brevet est de nature à favoriser les investissements dans la filière de l’intelligence artificielle.
La délivrance de ce brevet répond en sus à la question de savoir qui est le propriétaire du produit d’une intelligence artificielle. Dans le cas d’espèce, la juridiction d’Afrique du Sud tranche que le propriétaire du brevet est le propriétaire de l’intelligence artificielle. La question reste en suspens dans d’autres juridictions. En effet, dans le cadre de la mise sur pied d’une intelligence artificielle, il faut s’interroger sur la provenance des données dont on use pour le processus d’entraînement, notamment, sur les questions de droit d’auteur relatives à ces dernières. En effet, comment trancher sur la propriété du produit d’une intelligence artificielle lorsqu’on a usé de données sous copyright ?
Dans le cadre de la mise sur pied de Flow Machines par exemple, l’intelligence artificielle est passée par le processus d’apprentissage mené par des chercheurs. Ces derniers ont constitué une base de données de 13 000 compositions retraçant les principales caractéristiques d’une musique (harmonie, mélodie, etc.). L’intelligence artificielle s’est ensuite chargée de les analyser et de les assimiler. Il y a implication de l’humain et c’est l’un des aspects pour lesquels l’USPTO est d’avis que l’on pourrait répondre à la question posée (qui est le propriétaire du produit d’une intelligence artificielle) par l’affirmative. Toutefois, il y a la question connexe du « degré d’implication de l’Homme » qui fait surface et qui, d’après le Bureau américain des brevets, est déterminante pour une réponse par l’affirmative.
Source : WIPR
Et vous ?
Quel commentaire faites-vous de cette décision de l’Afrique du Sud de mentionner une intelligence artificielle comme inventeur sur un brevet ?
Quel impact entrevoyez-vous à long terme pour ce qui est des développements dans la filière ? Quelles dérives sont possibles ?
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L’équipe du professeur Ryan Abbott de l'université du Surrey est en désaccord depuis des années avec les offices de brevets du monde entier sur la nécessité de reconnaître les intelligences artificielles comme inventeurs. Abbott représentait le docteur Stephen Thaler, créateur d'un réseau de neurones nommé Dabus, présenté par ses créateurs comme seul inventeur d'un récipient alimentaire qui améliore la prise en main et le transfert de chaleur.
Abbott et son équipe ont déposé des brevets mentionnant Dabus comme inventeur dans plus de dix juridictions depuis 2018, notamment au Royaume-Uni, en Europe et aux États-Unis. L'année dernière, la Haute Cour d'Angleterre et du Pays de Galles s'est rangée du côté de l'Office britannique de la propriété intellectuelle en refusant les demandes. La raison : bien que Dabus soit l’inventeur, il ne peut pas se voir accorder un brevet, car il ne s’agit pas d’une personne physique. L'Office européen des brevets et l'Office américain des brevets et des marques se sont opposés pour les mêmes raisons et l'équipe d'Abbott a fait appel.
L’équipe derrière l’intelligence artificielle Dabus estime que cette décision de l’Afrique du Sud n’est que justice. « On assiste à une utilisation croissante de l'intelligence artificielle dans la recherche et le développement pour découvrir de nouveaux composés pharmaceutiques et réorienter les médicaments. Dans de tels cas, il se peut qu'une invention puisse faire l'objet d'un brevet, mais qu'aucune personne ne puisse être considérée comme un inventeur. Refuser un brevet à l'intelligence artificielle dans un tel cas de figure est un message envoyé aux entreprises de la filière d'arrêter d'y investir », s’explique l’équipe derrière Dabus. En d’autres termes, la délivrance de ce brevet est de nature à favoriser les investissements dans la filière de l’intelligence artificielle.
La délivrance de ce brevet répond en sus à la question de savoir qui est le propriétaire du produit d’une intelligence artificielle. Dans le cas d’espèce, la juridiction d’Afrique du Sud tranche que le propriétaire du brevet est le propriétaire de l’intelligence artificielle. La question reste en suspens dans d’autres juridictions. En effet, dans le cadre de la mise sur pied d’une intelligence artificielle, il faut s’interroger sur la provenance des données dont on use pour le processus d’entraînement, notamment, sur les questions de droit d’auteur relatives à ces dernières. En effet, comment trancher sur la propriété du produit d’une intelligence artificielle lorsqu’on a usé de données sous copyright ?
Dans le cadre de la mise sur pied de Flow Machines par exemple, l’intelligence artificielle est passée par le processus d’apprentissage mené par des chercheurs. Ces derniers ont constitué une base de données de 13 000 compositions retraçant les principales caractéristiques d’une musique (harmonie, mélodie, etc.). L’intelligence artificielle s’est ensuite chargée de les analyser et de les assimiler. Il y a implication de l’humain et c’est l’un des aspects pour lesquels l’USPTO est d’avis que l’on pourrait répondre à la question posée (qui est le propriétaire du produit d’une intelligence artificielle) par l’affirmative. Toutefois, il y a la question connexe du « degré d’implication de l’Homme » qui fait surface et qui, d’après le Bureau américain des brevets, est déterminante pour une réponse par l’affirmative.
Source : WIPR
Et vous ?
Voir aussi :
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KulvarMembre éclairéIls vont verser de l'argent à l'IA pour utiliser son brevet ? Elle gèrera son propre compte en banque ?
C'est complètement absurde. Il faudrait des vraies IA bien plus poussées et développées pour qu'elle puisse être considérées comme des personnes.
Les IA actuelles ne sont que des algorithmes heuristiques dont la configuration a été réalisée par un programme d'analyse statistique itératif.le 30/07/2021 à 13:12 -
kain_tnExpert éminentNon, le gars veut juste pouvoir déposer des brevets sur ce que son programme produit. Un escroc de plus, quoi.
C'est son honnêteté qu'il faudrait tester, pas son programme...le 11/09/2023 à 18:49 -
vanquishMembre chevronnéEt s'il y a des malversations on met l'IA en prison ?le 21/01/2024 à 20:19
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Cpt AndersonMembre émériteC'est du grand n'importe quoi. Remarque, on emploie bien l'IA pour écrire des articles de journaux (et c'est moins mauvais que les articles fait par des pu... journalistes ).le 30/07/2021 à 14:13
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nauteRédacteurPeut-être qu'en faisant un parallèle comme :
- La firme (ou la personne physique) qui crée le produit, en l'occurrence le récipient alimentaire ;
- L'IA proprement dite ;
- Le développeur de l'IA.
- Le sculpteur qui crée la statue ;
- Le burin ;
- Le fabriquant du burin.
on simplifie la question (ou pas ?).
À mon avis, l'IA n'est (pour l'instant) qu'un outil parmi tant d'autres. Il sera temps de lui octroyer un brevet quand elle le demandera elle-même, et ce jour-là...le 06/08/2021 à 9:25 -
Axel MattauchMembre avertiL'IA inventeur(e)? Si c'est pour pour le fun, on vit une époque formidable.
Il y a fort à suspecter qu'il y a une intention cachée. Au minimum marketing, ne fut-ce que pour buzzer. Ou pire pour baiser quelques ayants-droits.
Ce que je pressens le plus, c'est que c'est une brèche permettant de produire des brevets à la tonne et pervertir le système de brevets (je veux dire: pire que ce n'est déjà le cas).
Quelques remarques:
Je n'ai aucun souci pour que la société qui dépose le brevet soit propriétaire du brevet et des droits afférents.
L'inventeur serait l'IA: c'est une sentence dénuée de signification. Ou alors précisons: l'IA c'est la combinaisons des algorithmes, des machines sur lesquelles ces algos se déroulent et des data de référence alimentés par des êtres humains. Donc l'inventeur est ce collectif d'humains. Pas le système informatique (c'est le stylo et le papier) ni l'algorithme (c'est la syntaxe des phrases).
Conceptuellement le cas est à rapprocher d'une séance de remue-méninges (brain storming if You prefer): ce n'est ni la salle de réunions, ni le gentil organisateur qui inventent quoi que ce soit. Ce sont bien les participants.
Incidemment je me demande bien comment l'IA s'est rendue compte sans intervenant extérieur qu'elle "venait d'inventer quelque chose de brevetable"?
Corollaire: une IA ne peut apparaître comme inventeur qu'à la stricte condition de mentionner toutes les personnes physiques ayant contribué à ce que le processus IA accouche de quoi que ce soit: les contributeurs data, les informaticiens qui domptent les data (la chasse aux biais etc), et sans doute d'autres.
Je revendique aussi ceci: que l'IA assure elle-même la soutenance de son invention auprès des organismes de brevets. Et en cas de litige démontre qu'elle a inventé quelque chose et s'en est rendu compte.
Si la jurisprudence du droit des brevets accepte ce type d'orientation, alors il me semble que le moins grotesque serait que le brevet ne mentionne pas d'inventeur, juste un propriétaire du brevet.le 06/08/2021 à 12:42 -
fodgerMembre confirmémême chez des tronches comme "Mustafa Suleyman".
Ce sont des gens dangereux, c'est à ce demander si ils ne veulent pas enfermer l'humanité dans une réalité purement factice, esclave de leurs chimères.le 22/01/2024 à 9:54 -
tanaka59InactifBonjour,Les IA devraient-elles, selon vous, disposer d'une propriété intellectuelle ?Que pensez-vous de l'initiative de Stephen Thaler qui a porté la décision à l'attention de la Cour d'appel ?Partagez-vous les craintes selon lesquelles autoriser les IA à disposer de certains droits créatifs pourrait avoir un impact sur les emplois (notamment d'artistes, de musiciens et de journalistes) ?le 26/09/2021 à 17:06
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kain_tnExpert éminentTout à fait.
Là dessus, j'ai envie de dire que s'il y a un besoin et donc un marché, il y a un retour sur investissement possible. Aujourd'hui, on voit beaucoup de brevets émis par de grosses sociétés sur des concepts/idées (possible dans certains pays), non pas pour innover mais pour s'assurer que la concurrence ne pourra pas innover plus rapidement - d'où mon histoire de frein.
Je ne sais pas. Même avec un brevet et des secrets industriels, certains pays ne respectent pas les brevets et ne se privent pas pour exploiter l'information.
Du coup, patent trolls d'un côté, espions de l'autre: est-ce que le brevet sert encore à quelque chose, surtout si on a peu d'argent?
Ce serait certainement le modèle le plus profitable pour tous, par contre il va à l'encontre des intérêts monopolistiques.
Je pense que le système de brevets est une fausse bonne idée, pénalisant uniquement les bons acteurs, un peu à la façon des DRM dans les jeux vidéo.le 30/05/2022 à 16:27 -
Christian_BMembre éclairéTout a déja été dit sur cette question, notamment par Alex Mattauch dans la discussion antérieure :
https://www.developpez.net/forums/d2.../#post11926662
Les déclarations comme :
sont si absurdes qu'elles sont sûrement malhonnêtes et visent comme déja dit à faire du bruit.
De toute évidence, le fait que le brevet soit attribué aux créateurs (ou à la société qui les emploie quand cela résulte d'accords conformes à la loi) et non à l'I.A. ne les empêche nullement de toucher les sommes qui leurs sont dues.
On peut aussi songer aussi au cas où un droit d'usage est concédé à un tiers qui produit un résultat à l'aide de l'I.A. et paye ce droit d'usage mais reçoit les revenus résultant de ce travail. Cela ne diffère en rien du droit concernant l'usage d'autres logiciels (et est essentiellement similaire à d'autres droits d'usage de matériels, texte, etc).
D'ailleurs les frontières de la notion d'I.A. sont largement arbitraires et donnent lieu à des abus de langage. Une reconnaissance légale spécifique conduirait à un grand n'importe quoi.le 26/04/2023 à 12:40