Quel est le but de l'intelligence artificielle ? Les scientifiques s’accordent à dire que le but ultime de l'intelligence artificielle est d'aboutir à des machines faisant preuve d'une intelligence « forte », c'est-à-dire capable de résoudre n'importe quelle tâche comme un être humain, y compris celle de déterminer quelle est « la tâche à résoudre » dans une situation donnée. Tous les systèmes d’IA d’aujourd’hui répondent-ils à cette définition ? En tout état de cause, il y a vraisemblablement de nombreux obstacles à surmonter avant d’aboutir à un système d’IA fiable.
Selon Mallazzo, plusieurs entreprises, y compris Dynamic Yield, se rendant compte de l’affluence générée par le battage médiatique sur l’IA, ont été obligées de se laisser séduire et sont rentrées dans le jeu des médias. Dynamic Yield l’a fait et s’est attiré les avantages du marché, dit-il. L'entreprise s’emploie à personnaliser l’expérience client, mais selon Mallazzo, tout cela n’a rien à avoir avec l’intelligence artificielle. McDonald's, dit-il, a, soit acquis l’entreprise tout en étant au courant qu’elle n’utilise pas de modèle d’intelligence artificielle et veut profiter du battage médiatique, soit il n’en sait rien du tout et s’est donc fait avoir comme le reste du monde.
Mike Mallazzo
« Pendant un moment, nous avons résisté au label IA, sachant que notre plateforme n'allait pas faire transpirer Watson de sitôt. Mais finalement, nous avons abandonné et avons simplement décidé de suivre le battage médiatique. Le marché voulait que nous soyons une entreprise d'IA, nous avons donc souri et avons décidé d'en être une », dit-il. Comme lui, certains estiment que la ruée vers l’IA n’est pas sans risque et qu’il faut faire attention au battage médiatique. « Nous rencontrons aujourd’hui une intelligence qui n'est pas si artificielle », disent-ils. Autrement dit, l’engouement n’est pas sans risque, car la ruée sur l’IA attire beaucoup d’entreprises et de startups dont les activités ne sont pas toujours conformes à ce qu’elles prétendent.
En Europe par exemple, un rapport d’étude paru cette année a révélé que 40 % des jeunes entreprises européennes classées comme entreprises d'intelligence artificielle n'utilisent pas réellement l'intelligence artificielle. Le rapport a avancé que les startups utilisent l’IA comme un argument pour attirer les investisseurs et tromper la vigilance des consommateurs. L’intelligence artificielle est devenue une expression que les gens utilisent sans limite, juste pour faire le buzz ou par ignorance. Le terme « intelligence artificielle » a en effet été appliqué à diverses technologies, allant de simples programmes informatiques automatisant des tâches à des réseaux neuronaux plus complexes, en passant par des algorithmes d'apprentissage automatique.
Il s'agit d'une chose qui trompe les investisseurs en capital-risque qui n'arrivent pas à faire la distinction entre une vraie IA et une technologie qui est vendue comme une IA, mais qui ne l'est pas en réalité. Sur ce fait, d’après certains experts comme le Français Yann LeCun, chercheur en IA et pionnier de l’apprentissage profond, l’ambition de parvenir à imiter une cognition humaine (ou même animale) nécessiterait de nouvelles découvertes en recherche fondamentale et non une simple évolution des technologies actuelles d’apprentissage automatique. De telles technologies, qui relèvent essentiellement de la mathématique et de la statistique, ne sont en effet pas en mesure d’agir par intuition ou de modéliser rapidement leur environnement.
Pour Mallazzo, « ce n'est pas que nous atteignons un point où nous nous convainquons que nos conneries sont vraies ; c'est que la différence entre la vérité et les conneries est devenue purement sémantique ». La définition de quelque chose comme de l'intelligence artificielle devient tellement confuse que toute application de ce terme devient défendable. Les spécialistes du marketing savent que ce sont « des conneries », explique-t-il, et ces conneries ont gagné tous les domaines. Les solutions de gestion de la relation client sont devenues de l'intelligence artificielle, puis ça a été au tour des plateformes de relations commerciales et finalement des épiceries de proximité.
« Ces conneries » sont ensuite relayées par les médias, ce qui influe considérablement les consommateurs. Dans les communiqués de presse, explique-t-il, Feedvisor, un outil d’analyse de prix pour les marques qui vendent sur Amazon se présente comme une « entreprise d’intelligence artificielle, d’apprentissage automatique et de Big Data ». D’après lui, c'est rempli de mots à la mode, à un point que ça en devient comique. Mallazzo explique que l’ironie réside dans le fait que, malgré toutes les mises en garde de certaines entités qui sont au courant du mensonge des médias et des entreprises, si le marché vous supplie d'être une entreprise d'intelligence artificielle, il est difficile de dire que vous êtes autre chose. En fin de compte, à qui revient la faute ?
Les consommateurs réclament des informations sur les tous derniers développements en matière d'intelligence artificielle, mais il existe une vérité objective minimale sur ce qu'est ou n'est pas l'IA. Pour lui, les investisseurs aussi savent que c'est un ramassis de conneries. Lorsque les investisseurs en capital-risque déclarent vouloir ajouter des « entreprises d'intelligence artificielle » à leur portefeuille, ce qu'ils veulent vraiment, c'est un fossé technologique construit autour de l'accès à des données d'une valeur inestimable.
Mike Mallazzo dit que les technologistes, ayant marre que le battage médiatique autour de l’IA leur fassent de l’ombre, ont préféré passer à un nouveau concept : « l’intelligence artificielle générale ». Il dit qu'il est peut-être temps de trouver le moyen de réguler l'IA pour définir ses limites. Toutefois, il souligne une préoccupation : les politiciens ne sont peut-être pas assez outillés pour comprendre les réalités techniques et les limites de l'IA.
Selon lui, il y a beaucoup de bruits inutiles autour de la plupart des technologies qui existent aujourd’hui. La blockchain et les cryptomonnaies, dit-il, ont un potentiel énorme, mais leur seul cas d'utilisation clairement défini est la spéculation. En conséquence, la technologie a poussé tous ses atouts dans l'IA et avec raison. Il reconnaît cependant l'existence d’un début d’intelligence artificielle, en citant IBM Watson IA et d’autres comme l’IA utilisée pour détecter le cancer du poumon. Néanmoins, dit-il, l'intelligence artificielle n'a pas encore ouvert de marchés représentant des milliards de dollars ni transformé la nature fondamentale du travail.
Source : Billet de blog
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Selon vous, Mike Mallazzo a-t-il raison ou pas ? Pourquoi ?
Voir aussi
40 % des « startups en IA » en Europe n'utilisent pas d'intelligence artificielle. L'IA est-il un argument pour attirer les investisseurs ?
Des milliards de dollars gaspillés dans les startups Hadoop, il en serait de même pour Docker, la blockchain, et l'intelligence artificielle
La blockchain est-elle une technologie sans intérêt ? Une étude stipule que ses cas d'utilisation ont un taux de réussite de 0 %
L'intelligence artificielle menace-t-elle la démocratie dans le monde ? Oui, selon un conseiller principal à la Commission européenne