La technologie de reconnaissance faciale de l’intelligence artificielle devient de plus en plus avancée, et son utilisation s'est répandue de la simple application de déverrouillage de nos smartphones aux diverses applications qui permettent aux forces de l’ordre de détecter des personnes suspectes. Mais un groupe de défense des droits numériques veut interdire complètement au gouvernement des Etats-Unis d'utiliser un logiciel de surveillance de la reconnaissance faciale à l’échelle nationale, car ils sont trop dangereux pour les libertés publiques.
Fight for the Future, le groupe de défense des droits numériques, affirme que la technologie est tout simplement trop dangereuse pour les libertés civiles pour permettre aux organismes gouvernementaux de l'utiliser, même avec une réglementation. Le groupe a annoncé mardi une nouvelle campagne qui comprend le site Web BanFacialRecognition.com, qui demande aux visiteurs de contacter leurs législateurs afin de les exhorter à appuyer une interdiction. On peut lire sur le site Web : « La technologie de surveillance de la reconnaissance faciale n'est pas fiable, elle est biaisée et constitue une menace pour les droits fondamentaux et la sécurité ».
Evan Greer, directeur adjoint de Fight for the Future, dit que les dangers de la technologie de reconnaissance faciale l’emportent sur ses potentiels bienfaits et elle plaide pour son interdiction et non pour une réglementation. Dans un communiqué, elle a déclaré ce qui suit :
« Imaginez si nous pouvions remonter le temps et empêcher les gouvernements du monde entier de construire des armes nucléaires ou biologiques. C'est le moment de l'histoire dans lequel nous nous trouvons en ce moment avec la reconnaissance faciale ». « Cette technologie de surveillance représente une menace si profonde pour l'avenir de la société humaine et de la liberté fondamentale que ses dangers l'emportent de loin sur les avantages potentiels. Nous n'avons pas besoin de la réglementer, nous devons l'interdire complètement ».
Le groupe dit sur le site de la campagne que la réglementation de cette technologie ne suffit. « Les lobbyistes de la Silicon Valley réclament de façon peu sincère une « réglementation » légère de la reconnaissance faciale afin qu'ils puissent continuer à tirer profit de la diffusion rapide de ce filet de surveillance. Ils essaient d'éviter le vrai débat : la question de savoir si une technologie aussi dangereuse devrait même exister. Une supervision favorable à l'industrie et au gouvernement ne réglera pas les dangers inhérents à l'utilisation de la reconnaissance faciale par les forces de l'ordre : nous avons besoin d'une interdiction totale », peut-on lire sur le site.
Le site Web fait référence à des rapports qui ont montré que 98 % du temps, les programmes de reconnaissance faciale identifient la mauvaise personne, des « erreurs qui ont des répercussions dans le monde réel : emprisonnement injustifié, expulsion ou pire ». Une autre étude du Massachusetts Institute of Technology (MIT) a également révélé que les logiciels d'analyse faciale sont plus susceptibles de mal identifier les personnes de couleur, plus particulièrement les femmes de couleur.
La police utilise en Grande-Bretagne depuis trois années environ une technologie de reconnaissance faciale pour retrouver les suspects. Cependant, la technologie est vivement contestée à cause de ses dérives. Selon un nouveau rapport indépendant révélé exclusivement au média britannique Sky News, environ 81 % des suspects signalés par la technologie de reconnaissance faciale de la Metropolitan Police seraient en effet innocents.
Selon le rapport indépendant fourni par des chercheurs à Sky News, la technologie de reconnaissance faciale de la police se trompe presque tout le temps. Les chercheurs estiment que dans 81 % des cas, la technologie identifie des personnes innocentes comme étant des suspects alors qu’ils ne figurent sur aucune liste de personnes recherchées. Le rapport souligne même des préoccupations majeures quant à la fiabilité de la technologie. Mais la police métropolitaine soutient, depuis qu’elle dispose de sa technologie de reconnaissance faciale, que sa marge d’erreur est quasiment négligeable. Autrement dit, selon le Met, la technologie ne commet qu’une seule erreur sur 1000 cas.
La technologie de reconnaissance faciale est aussi utilisée à grande échelle en Chine pour surveiller les citoyens chinois. Elle est même utilisée dans un lycée pour déterminer l'attention des élèves pendant les cours afin d'améliorer l'enseignement. Même pour monter dans le métro, les Chinois n’échappent pas à la surveillance par la reconnaissance faciale. Aux Etats-Unis, le FBI utilise également des outils de reconnaissance faciale depuis des années pour consolider sa base de données, et cela sans le consentement des Américains.
Par ailleurs, l'appel de Fight for the Future à l'action contre la reconnaissance faciale fait suite à un nouveau rapport du Washington Post selon lequel le FBI et l'Immigration and Customs Enforcement (ICE) utilisent la reconnaissance faciale sur les photos des permis de conduire des Américains sans leur consentement. Le rapport indique que le FBI a enregistré plus de 390 000 recherches de reconnaissance faciale depuis 2011, en utilisant les bases de données fédérales et locales, ainsi que les bases de données DMV des États. Le rapport a dit également que la Transportation Security Administration et la Customs and Border Protection avaient annoncé leur intention de déployer une technologie de reconnaissance faciale dans les aéroports.
Depuis la parution du rapport, les démocrates et les républicains se sont prononcés sur la question. Les représentants des Etats-Unis Alexandria Ocasio-Cortez et Jim Jordan conviennent que l'utilisation de la reconnaissance faciale constitue une menace aux libertés civiles. « L'industrie aimerait éviter complètement ce débat en se concentrant sur la réglementation et une mise en œuvre prudente - nous devons discuter de la question de savoir si une technologie aussi dangereuse a un rôle à jouer dans une société libre et ouverte », a déclaré Evan Greer dans un communiqué.
D’après Mme Greer, Fight for the Future qui s’est toujours concentrée uniquement sur l'application de la loi et l'utilisation de la surveillance de la reconnaissance faciale par le gouvernement, devait même envisager s’intéresser à d'autres utilisations qui pourraient également se révéler problématiques. « Nous pensons que les utilisations privées devraient également faire l'objet d'un examen minutieux, d'autant plus que ces données biométriques sont souvent accessibles aux forces de l'ordre », a-t-elle dit.
Cependant, des initiatives d’interdiction commencent à voir le jour aux Etats-Unis. San Francisco et Somerville, au Massachusetts, ont récemment interdit aux agences locales d'utiliser la reconnaissance faciale. En mai dernier, la ville San Francisco s’est positionnée en chef de file sur le terrain de la réglementation de la technologie critiquée pour son potentiel à étendre la surveillance gouvernementale et à renforcer les erreurs des forces de l'ordre. D'autres villes et États suivront certainement cet exemple de restrictions.
Cette technologie très controversée continue de prospérer parce que les organismes d'application de la loi disent qu’elle est utile pour identifier et localiser les suspects, et certaines compagnies comme Amazon continue de la vendre au gouvernement. Quant aux associations de défense des droits numériques, elles affirment que la reconnaissance faciale s'avère souvent biaisée sur le plan racial. Elles craignent également que cela ne mène à un état de surveillance où les gens sont automatiquement suivis au fur et à mesure qu'ils se déplacent d'un endroit à l'autre. Google et Microsoft ont arrêté de vendre leur technologie de reconnaissance pour des raisons liées aux droits de l'homme. Toutefois, la lutte contre les utilisations privées de la technologie pourrait s’avérer très complexe.
Source : Ban facial recognition
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Il est temps d'interdire toute utilisation gouvernementale de la reconnaissance faciale,
Même avec une réglementation, d'après Fight for the Future
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Le , par Stan Adkens
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