Pour une application dans les technologies portables dotée d’une unique fonctionnalité de localisation et à livrer en 6 jours, le service estime le coût à 1800 $. L’entreprise parle d’intelligence artificielle assistée par les humains ; seulement, c’est l’opacité du « visage de cette IA » qui inquiète. Une récente publication du Wall Street Journal confirme ces doutes.
« La startup Engineer.ai dit qu'elle utilise l'intelligence artificielle pour automatiser en grande partie le développement des applications mobiles, mais plusieurs anciens et actuels employés disent que l'entreprise exagère sur ses capacités en matière d'IA pour attirer les clients et les investisseurs », lit-on.
En tout cas, la description que l’entreprise fait d’elle-même est claire : des humains interviennent dans le processus de développement des applications pour lesquelles les clients passent des commandes. Donc, pas difficile de conclure qu’il n’y a pas d’intelligence artificielle à l’œuvre pour ce qui concerne ce volet. D’après les retours du Wall Street Journal (WSJ), c’est une armée de développeurs basés en Inde qui œuvre en arrière-plan. En sus, il y a qu’une prise en main rapide du service laisse apparaître un tas de propositions regroupées au cas par cas. Donc là aussi, des doutes quant à ceci qu’une quelconque intelligence artificielle serait à l’œuvre. Le Wall Street Journal rapporte néanmoins que l’entreprise s’appuierait sur ladite technologie pour l’estimation des coûts, les propositions de délais de livraison des applications ainsi que pour l’assignation des tâches aux développeurs. Pourtant, l’entreprise a, en s’appuyant sur ce stratagème, réussi à obtenir 30 millions de dollars de financement d’une firme détenue par la SoftBank. D’après ce que rapporte le WSJ, l’entreprise a usé de fausses déclarations pour obtenir ledit soutien financier : elle a présenté les activités de développement de son service aux investisseurs comme rendues à 80 % alors qu’elle n’avait quasiment pas entamé le processus.
Mais Engineer.ai n’est pas la seule entreprise dans ce cas. Cela s’est vu avec des services d’agenda comme X.ai et Clara qui ont obligé des employés à passer 12 heures par jour à prétendre qu’ils sont des chatbots. Même Expensify a admis faire usage d’humains pour transcrire au moins quelques-uns des reçus supposés être analysés par sa “technologie smartscreen”. L’entreprise s’est appuyée sur le service de travail collaboratif Mechanical Turk d’Amazon au sein duquel des travailleurs faiblement rémunérés ont lu et transcrit les reçus. En fait, le nombre d’entreprises qui s’engage sur cette voie va croissant. D’après le WSJ, le nombre d’entreprises équipées d’un nom de domaine en .ai a doublé ces dernières années. En fait, le contexte même se prête à des manœuvres de ce type. En effet, il n’y a qu’à prendre en compte le fait qu’il y a de plus en plus de financements de disponibles dans la filière.
Les révélations autour d’Engineer.ai ramènent en surface de profonds questionnements à propos de la notion même d’intelligence artificielle. Dans un article paru en début d’année, Gartner – une firme spécialisée dans les recherches sur les techniques avancées – a, en 5 points, démystifié un ensemble d’idées fausses sur l’intelligence artificielle. De façon brossée, ce que l’on peut en tirer est que : primo, l’intelligence artificielle n’a pas encore atteint le niveau du cerveau ; deuxio, une intervention humaine est nécessaire pour développer un système basé sur l’intelligence artificielle. En fait, d’après Luc Julia, l’un des inventeurs de l’assistant vocal Siri d’Apple, « la machine ne crée pas, ne refléchit pas et les humains conservent pleinement la main sur ces techniques. » « L’IA que l’on cite désormais à tous bouts de champs n’existe pas et relève plus de l’argument marketing. »
Source : WSJ
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Le cas Engineer.ai confirme-t-il que le terme « IA » est plus une arme marketing qu’autre chose ?
Engineer.ai fait-il preuve d’honnêteté dans la façon de présenter son service ?
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