Elon Musk, le PDG de Tesla Motors et de SpaceX, a fondé le laboratoire de recherche OpenAI en 2015 en partenariat avec Sam Altman, président de l’incubateur Y Combinator, ainsi que d'autres grands noms dans l'industrie technologique. Ils ont recruté plusieurs chercheurs expérimentés chez Google et Facebook, deux des entreprises leaders dans le secteur de l'intelligence artificielle. Par la suite, Elon Musk a quitté la direction d’OpenAI pour se concentrer sur sa propre vision de l’intelligence artificielle chez Tesla Motors, mais la vision d’OpenAI est restée le même : développer une intelligence artificielle générale sûre qui pourra profiter à toute l’humanité.
L'entreprise a déjà fait parler d'elles à plusieurs reprises. Par exemple, en août 2017, elle a mis au point une intelligence artificielle qui a battu Danylo Dendi, un des meilleurs joueurs de Dota 2 (un jeu vidéo de type arène de bataille en 3D). Dota 2 se joue en matchs indépendants et oppose deux équipes de cinq joueurs qui s’affrontent pour assiéger et détruire la base de l’adversaire. Le match opposant Danylo Dendi et l’IA s’est cependant déroulé en un contre un puisque l’IA n'était rodée à l'époque que pour gérer un seul « héro ».
Quelques mois plus tard, cette même entreprise a réussi à intégrer cinq algorithmes différents dans une équipe pour les faire jouer ensemble. Cette équipe qui fut nommée OpenAI Five a battu une équipe d’humains constituée des meilleurs joueurs amateurs de Dota 2. Une avancée qui a été considérée comme significative dans le domaine, puisque les algorithmes travaillent généralement seuls et indépendamment les uns des autres. D'ailleurs, le laboratoire a même essayé une coopération IA - humain. Greg Brockman, un des fondateurs d’OpenAI, a déclaré qu’ils ont essayé de remplacer un des algorithmes par un humain et que celui-ci « s’était décrit comme se sentant très bien soutenu ». C’est en jouant contre diverses versions d’eux-mêmes que les algorithmes d’OpenAI Five apprennent.
Au fil du temps, ils en sont arrivés à développer des stratégies semblables à celles que des humains pourraient adopter dans le jeu. Noam Brown, chercheur à l’Université Carnegie Mellon de Pittsburgh a expliqué que « Dota 2 est un jeu extrêmement compliqué, et battre même des amateurs est toujours impressionnant ». Il a aussi déclaré que si l’OpenAI Five réussissait encore et toujours à battre des humains, cela serait réellement une avancée majeure pour l’industrie de l’IA. Cependant, il a admis la possibilité qu’avec assez de temps, les humains puissent être en mesure de s’adapter au style de jeu de l’IA et d’en trouver les failles.
D'énormes salaires et primes
OpenAI a versé à son principal chercheur, Ilya Sutskever, plus de 1,9 million de dollars en 2016. Il a également versé plus de 800 000 dollars à Ian Goodfellow, un autre chercheur de premier plan, bien qu'il n'ait été embauché qu'en mars de la même année. Les deux ont été recrutés chez Google. Le troisième grand nom dans le domaine, Pieter Abbeel, a obtenu plus de 425 000 dollars, bien qu'il n'ait rejoint le laboratoire qu'en juin 2016, après avoir pris congé de son poste de professeur à l'Université de Californie à Berkeley. Ces chiffres incluent tous les bonus de signature.
Les chiffres indiqués sur les formulaires fiscaux, qu'OpenAI est tenue de publier publiquement car il s'agit d'un organisme à but non lucratif, donnent un nouvel aperçu de ce que les organisations sont capables de débourser dans le secteur des talents en IA. Il faut noter préciser qu'étant donné qu'il s'agit d'une organisation à but non lucratif, la rémunération chez OpenAI peut être inférieure à ce que ces chercheurs peuvent obtenir ailleurs puisqu'un organisme a but non lucratif ne peut pas par exemple offrir des options sur ses actions.
Sam Altman, PDG d'OpenAI (à gauche), et Satya Nadella, PDG de Microsoft
Le New York Times attribue cette explosion des salaires chez les chercheurs talentueux en Intelligence Artificielle au fait que « peu de gens comprennent la technologie et que des milliers d’entreprises veulent travailler avec l'IA ». Element AI, un laboratoire indépendant situé au Canada, estime que 22 000 personnes dans le monde possèdent les compétences nécessaires pour effectuer de sérieux exercices de recherche en IA (environ le double de l'an dernier).
Une difficulté pour les universités et les gouvernements à retenir les meilleurs talents en IA
Cela soulève des problèmes importants pour les universités et les gouvernements. En effet, ces entités ont elles aussi besoin d'une expertise en IA, à la fois pour enseigner à la prochaine génération de chercheurs mais également pour mettre ces technologies en pratique dans tous les domaines, de l'armée à la découverte de médicaments. Toutefois, elles ont peu (voire pas) de chance d'être capables d'égaler le secteur privé en termes de salaires versés pour ces talents.
En plus des salaires et des primes de signature, les grandes enseignes technologiques rémunèrent généralement leurs employés avec des options d'achat d'actions assez importantes, ce que ne fait pas OpenAI. Mais le laboratoire a un message de recrutement qui séduit les idéalistes : il va partager une grande partie de son travail avec le monde extérieur et va éviter de créer une technologie qui pourrait constituer un danger pour les personnes.
C'est d'ailleurs LA formule qui a réussi à convaincre certains de travailler pour OpenAI. « J'ai décliné des offres qui étaient pourtant bien plus élevées que le montant que j'avais accepté chez OpenAI », a déclaré Sutskever. « D'autres ont fait de même », a-t-il rajouté en disant s'attendre à ce que les salaires chez OpenAI augmentent tandis que l'organisation poursuit sa « mission d'assurer que de puissantes IA profitent à toute l'humanité ».
OpenAI a dépensé environ 11 millions de dollars la première année, dont plus de 7 millions de dollars pour les salaires et autres avantages du personnel. Elle employait 52 personnes en 2016. L'entreprise a bénéficié de partenaires de choix. Parmi eux nous pouvons citer Microsoft qui a investi un milliard de dollars dans OpenAI. Fin juillet, Microsoft et OpenAI ont annoncé ce lundi un partenariat pluriannuel entre les deux entreprises visant à développer des technologies de calcul intensif destinées à l’intelligence artificielle sur le service de cloud computing Azure de Microsoft. Ce partenariat permet à OpenAI de bénéficier d’un investissement de 1 milliard de dollars de Microsoft et de la puissance de calcul de Microsoft Azure. Ensemble, les deux entreprises entendent poursuivre les objectifs d'OpenAI depuis sa création en 2015, en particulier celle de parvenir à mettre au point une intelligence artificielle semblable à celle de l’homme, encore appelée intelligence artificielle générale (IAG).
Des spécialistes avec peu ou pas d'expérience en entreprise qui peuvent gagner entre 300 000 et 500 000 dollars par an
Les personnes qui travaillent dans de grandes entreprises de technologie ou ont reçu des offres d’emploi de leur part ont expliqué au New York Times que les spécialistes en intelligence artificielle avec peu ou pas d'expérience en entreprise peuvent gagner entre 300 000 et 500 000 dollars par an en salaires et en actions. Les grands noms peuvent recevoir des compensations pouvant atteindre plusieurs millions.
« Le montant de l'argent versé est à la limite de la folie », a déclaré à Wired Wojciech Zaremba, un chercheur qui a rejoint OpenAI après des stages chez Google et Facebook. Zaremba a déclaré que les grandes sociétés de technologie lui offriraient deux ou trois fois plus de valeur que sa véritable valeur marchande.
Chez DeepMind, un laboratoire londonien spécialisé dans l'intelligence artificielle et qui appartient désormais à Google, les 400 employés ont coûté à l'entreprise 38 millions de dollars en salaire et compensations diverses en 2016, selon les rapports financiers annuels de la société en Grande-Bretagne. Cela représente 345 000 dollars par employé, y compris les chercheurs et les autres employés.
Source : NYT
Et vous ?
Qu'est-ce qui pourrait, selon vous, expliquer de tels salaires dans le secteur de l'intelligence artificielle ?
Voyez-vous un problème en France avec les études peu onéreuses sans obligation de travailler en France ?
Dans un contexte où un master IA option doctorat IA, des études qui auraient coûté une fortune aux USA mais ne coûtent que quelques centaines d'euros par an en France, où les diplômés sont intéressés par un départ pour les USA qui proposent des salaires mirobolants, cela correspondrait-il à une pure perte pour la France qui aura payé des études et qui ne reverra rien en impôt pour se faire rembourser ?
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