Un système de reconnaissance faciale est une application logicielle qui vise à identifier une personne donnée grâce à son visage de manière automatique. Une grande majorité des logiciels de reconnaissance faciale ne sont pas destinés à l’usage de monsieur tout le monde et sont souvent utilisés par la police ou orientés vers le domaine militaire. Mais Tosh Velaga et Igor Nefedov ont récemment présenté une application Android de reconnaissance faciale un peu particulière : elle permet d’identifier les investisseurs en capital-risque et est destinée à tout type de public.
Une majorité des régions dans le monde ont adopté un régime capitaliste et selon certains théoriciens du complot, on a plus accepté la fin du monde que la fin du capitalisme. Les investisseurs en capital-risque (capital-risqueurs) sont très nombreux aujourd’hui et leur rôle consiste à financer les besoins primaires pour aider à la création d’une entreprise ou pour soutenir son développement. Les entreprises concernées par le capital-risque sont généralement de jeunes entreprises innovantes à fort potentiel, propre à générer un retour sur investissement important.
En effet, le capital-risque est une opportunité de développement pour les jeunes entreprises innovantes. Le capital-risque est l'ensemble des opérations qui consistent à prendre des participations temporaires et minoritaires au capital de sociétés non cotées. Ces prises de participation sont réalisées par des professionnels ou des investisseurs privés aguerris ayant comme objectif premier la réalisation de plus-values, dans un temps le plus court possible. Les investisseurs en capital-risque sont très souvent un élément important dans le développement des entreprises.
Ainsi, pour faciliter les choses, Tosh Velaga et Igor Nefedov ont eu l’idée de créer une base de données de tous les capital-risqueurs pour permettre à toute personne d’identifier facilement un investisseur en capital-risque (venture capital ou VC, en anglais) à l’aide de son smartphone Android et en utilisant la technologie de reconnaissance faciale. L’application de Tosh Velaga est appelée AngelFace. C’est une application Android qui permet aux utilisateurs de déterminer si une personne est un capital-risqueur en capturant une photo rapide de son visage.
Selon Velaga, « il suffit de tenir son téléphone devant le visage de quelqu'un pendant une seconde. Ensuite vous appuyez sur un bouton et son profil apparaîtra ». Pour constituer leur base de données de photos, Velaga et Nefedov ont utilisé des photos d'investisseurs de Signal, un répertoire d'investisseurs en capital-risque dans différentes industries, ainsi que de Google Images. Ils ont refusé de préciser le nombre de photos qu'ils avaient, bien qu'ils aient dit qu'il y en avait plus de 1 000. D’après Velaga, l’application aide à résoudre un problème donné.
Velaga estime que l'application peut résoudre un problème commun pour les nouveaux entrepreneurs : rencontrer et parler aux gens qui peuvent financer leurs idées. « C'est comme si tu voyais quelqu'un qui marche dans la rue en Allbirds (une marque de chaussure américaine) avec une veste bouffante, tu pourrais te demander qui c'est. Les sociétés de capital-risque ne sont pas les plus sympathiques et il est difficile de simplement monter et leur parler. Maintenant, vous savez au moins qui ils sont », a déclaré Tosh Velaga.
Actuellement, l’application AngelFace se concentre sur les sociétés de capital-risque basées dans la région de la baie de San Francisco en Californie. Toutefois, Tosh Velaga n'a pas exclu la possibilité d'étendre ses activités à d'autres villes. Il commercialise l'application prudemment parce que, comme il le dit, « c'est une pente glissante. On n'est même pas sûrs que ce soit légal ». Même si Facebook, Google, etc., utilise la technologie de reconnaissance faciale pour détecter qui est présent sur vos photos, son utilisation est interdite dans la ville de San Francisco.
En effet, en mai dernier, San Francisco est devenue la première ville US à interdire l’utilisation de la reconnaissance faciale par les agences gouvernementales locales, évoquant des raisons en lien avec les droits de l’homme. La ville s’est ainsi positionnée en chef de file sur le terrain de la réglementation de la technologie critiquée pour son potentiel à étendre la surveillance gouvernementale et à renforcer les erreurs des forces de l'ordre. Somerville dans le Massachusetts l’a également interdit et d’autres régions du pays comme le Michigan et le New Jersey devraient suivre.
La ville d’Oakland a aussi interdit son application par les forces de l’ordre au cours de la dernière année. L’Illinois exige un consentement affirmatif de l’utilisateur en vertu de la loi BIPA (Biometric Information Privacy Act), qui limite l’utilisation de la reconnaissance faciale et de la biométrie, depuis 2008. Par contre, des villes comme New York et San Diego continuent d’utiliser cette technologie dans le cadre de leurs efforts pour surveiller la population. Mais récemment, le sénateur Bernie Sanders, candidat à la présidentielle américaine de 2020, a annoncé son intention d’interdire l'utilisation de la reconnaissance faciale par la police s’il est élu.
Ailleurs dans le monde, d’autres pays comme l’Inde continuent de mettre en place des programmes de reconnaissance faciale. Récemment, le pays a présenté un projet visant à mettre en place l'un des plus grands systèmes de reconnaissance faciale au monde. Est-ce une opportunité lucrative pour les sociétés de surveillance ou un cauchemar pour les défenseurs de la vie privée ? La Chine, considérée comme le leader mondial dans les systèmes de reconnaissance faciale, a présenté dernièrement une caméra de 500 mégapixels qui est capable d’identifier un visage unique parmi des dizaines de millions de personnes.
Dans le cas de AngelFace, l’application ne serait pas aussi parfaite qu'on pourrait le croire. Pour l’avoir essayé, certaines personnes rapportent que les résultats n'étaient pas impressionnants. Ils avancent que l'application n'a pas reconnu Casey Newton (pas surprenant), un investisseur de la Silicon Valley, ou Bill Gurley (assez surprenant) de Benchmark, une société de capital-risque basée à Menlo Park. Néanmoins, AngelFace en est encore à ses débuts et il est susceptible qu’elle pourrait devenir de plus en plus répandue avec le temps. La question est donc de savoir si l’application s’inscrit dans un cadre juridique.
Source : AngelFace
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Le , par Bill Fassinou
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