
De nos jours en effet, la Chine est reconnue comme leader mondial en matière d’adoption des technologies de reconnaissance faciale. Les autorités s’en servent pour une panoplie d’usages. Par exemple, la police chinoise s’en sert pour scanner les foules à la recherche de suspects. C’est en s’appuyant sur cette technologie qu’elle a pu mettre la main sur un fugitif il y a plus d’un an. L’homme de 31 ans était recherché pour des crimes économiques sur lesquels les autorités n’ont pas fait dans le détail.
La Chine c’est aussi son système de crédit social qui s’appuie sur quelque 200 millions de caméras (aux capacités améliorées par l’intelligence artificielle) postées en divers lieux publics : traversées de feux de circulation, magasins, etc. C’est un système de notation qui attribue des scores de confiance aux personnes physiques et morales sur la base de données à la disposition du gouvernement. Par exemple, si un citoyen paie ses factures à temps, fait du bénévolat ou gère correctement son recyclage, il voit son score grimper et obtient des récompenses telles que des prix de transport public ou même des temps d’attente dans les hôpitaux revus à la baisse. En revanche, s’il est coupable d'infractions comme la mauvaise conduite routière, le tabagisme dans les espaces non-fumeurs, l'achat d'un trop grand nombre de jeux vidéo et l'affichage de fausses nouvelles en ligne, il est puni par la chute de son score de confiance. L’un des problèmes avec le système est que la méthode d’attribution des scores n’est pas connue du public. C’est en s’appuyant sur ce système que le gouvernement chinois peut par exemple interdire à 23 millions de personnes (mal notées selon la grille de son système de crédit social) d’acheter des billets de voyage.
Les autorités du pays ne cessent de revoir les capacités de leurs outils de surveillance de masse à la hausse. Alors que le mois de septembre s’achevait, elles ont dévoilé une caméra de 500 mégapixels aux capacités boostées à l’intelligence artificielle.
Une nouvelle mesure allant dans le sens de renforcer encore plus les capacités de surveillance de masse du gouvernement chinois vient d’entrer en vigueur. Depuis hier, les personnes qui veulent faire l’acquisition d'un nouveau numéro de téléphone et profiter des services de données doivent accepter que les fournisseurs de services de télécommunication numérisent leurs visages. Le ministère de l'Industrie et de la Technologie de l'information explique que la démarche fait partie de ses efforts pour « protéger les droits et les intérêts légitimes des citoyens dans le cyberespace » et pour lutter contre la fraude par téléphone et par Internet. En plus du test de reconnaissance faciale, il est également interdit aux utilisateurs de téléphones de transmettre leur téléphone portable à des tiers et ils sont encouragés à vérifier si des numéros de téléphone sont enregistrés sous leur nom sans leur consentement.
La plupart des pays exigent une forme d’identité pour souscrire des contrats de téléphonie mobile (par opposition à des services prépayés), mais l’exigence de la reconnaissance faciale semble être une première. La nouvelle mesure est une mise à niveau du système d’enregistrement des noms réels de la Chine pour les utilisateurs de téléphones mobiles mis en place en 2013. Ce dernier impose aux personnes de soumettre leurs papiers d'identité et d'autoriser les opérateurs à prendre une photo d'identification pour obtenir un nouveau numéro. L’étape de reconnaissance faciale fera correspondre l’image à l’identité stockée de la personne.
Entre les possibles utilisations pour le « bien des populations » et les éventuelles dérives, l’usage de la reconnaissance faciale divise. C’est ce que rappelle Reuters quant à ce qui concerne les débats actuels en Chine autour de cette mesure.
De plus en plus de pays suivent la Chine sur cette voie. Selon un récent rapport de la Fondation Carnegie pour la paix internationale (une organisation non gouvernementale ainsi qu'un cercle de réflexion et d'influence global dédiée au développement de la coopération interétatique et à la promotion des intérêts des États-Unis sur la scène internationale), au moins 75 pays utilisent de façon active des outils d'intelligence artificielle tels que la reconnaissance faciale pour la surveillance de masse. Dans le cas de la France, le pays s’apprête à lancer un programme d’identité numérique par reconnaissance faciale avant la fin de l’année en cours, mais la Quadrature du Net s’oppose au décret, car elle craint une généralisation de l’utilisation de cette technologie en France.
Source : Reuters
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