C’est l’un des points saillants du rapport du Conseil national du numérique (CNnum) intitulé « Identités numériques, clés de voûte de la citoyenneté numérique » : le gouvernement s’engage à lancer une Carte Nationale d’Identité électronique (CNIe) dès 2021. Le projet s’intègre dans celui plus grand d’identité numérique à laquelle la CNIe pourra servir de support. Il relance du même coup celui dénommé Alicem, une application gouvernementale d’identification en ligne qui repose sur la reconnaissance faciale.
Dans l’espace européen, la France rejoint des pays comme l’Allemagne qui, en 2018, a notifié à la Commission de l’UE son projet de loi introduisant une carte d’identité numérique. Comme l’Allemagne, la France a, parmi les objectifs qu’elle liste dans le rapport du CNnum, d’offrir l’accès aux services de l’administration en ligne au travers de cette carte d’identité numérique. La solution envisagée côté français est de niveau substantiel et élevé, c’est-à-dire que le gouvernement entend mettre sur pied une solution d’identification adaptée à des usages numériques sensibles, engageants pour le citoyen et qui auraient requis une présence physique. Les consultations se poursuivent pour déterminer le degré de sensibilité des données à associer à cette CNIe. Toutefois, le modèle allemand donne une idée de ce qui pourrait à minima être accessible : nom, date et le lieu de naissance et adresse du possesseur de la Carte Nationale d’Identité électronique. Le lancement de ce nouveau titre électronique qui répondra aux mêmes critères qu’un passeport est prévu pour août 2021.
C’est l’étape d’enrôlement (ou de création de l’identité numérique d’un tiers) qui est sujette à controverse. Elle peut être réalisée par une autorité publique de délivrance de titre, un tiers de confiance (La Poste qui enrôle, en tant que fournisseur d’identité fédéré à France Connect) ou de manière automatisée et autonome comme c’est le cas avec la solution « Mobile Connect et moi », fournisseur d’identité privé de France Connect. C’est l’évocation de la solution publique Alicem qui n’a pas manqué de retenir l’attention des critiques de façon particulière.
L'application Alicem est en phase de test sur FranceConnect depuis juin 2019. Elle n’est pour le moment disponible que sur la plateforme Android. Ce qu’elle a de particulier est qu’elle impose à son utilisateur de passer par une étape de reconnaissance faciale pour prouver qu’il est le titulaire légitime du titre d’identité.
Alicem est le résultat d’un décret publié à mi-parcours de l’année 2019 pour instaurer un nouveau moyen d’identification numérique qui permettra de se connecter à différents sites du service public. Y faisant suite, la Quadrature du Net, association de défense des libertés numériques, l’a attaqué devant le Conseil d'État en mettant en avant le fait que l’application ne laisse pas d’alternative à la reconnaissance faciale pour activer un compte utilisateur. La CNIL pour sa part avait, comme alternative à la reconnaissance faciale, proposé un face-à-face en préfecture ou en mairie, ou un appel vidéo en direct avec un agent. Le projet avait donc été mis en pause en raison de ces diverses oppositions.
Le déploiement final d’Alicem initialement prévu pour le mois de novembre 2019 n’a donc pas eu lieu. En 2020, le gouvernement entend poursuivre avec les travaux normatifs assurant les conditions de succès de l’identification numérique publique, ainsi qu’avec le déploiement du fédérateur d’identité FranceConnect. On peut donc s’attendre à une relance du projet Alicem que le gouvernement ne semble pas vouloir séparer de l’implémentation de la CNIe.
Source : rapport (PDF)
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France : le gouvernement s'engage à lancer une Carte Nationale d'Identité électronique (CNIe) dès 2021
Le programme s'appuie sur la reconnaissance faciale via l'application Alicem
France : le gouvernement s'engage à lancer une Carte Nationale d'Identité électronique (CNIe) dès 2021
Le programme s'appuie sur la reconnaissance faciale via l'application Alicem
Le , par Patrick Ruiz
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