La plainte de la SEC allègue que de 2018 à 2019, Shaukat Shamim, fondateur et PDG de YouPlus, une société privée qui prétendait avoir développé un outil d'apprentissage automatique pour analyser des vidéos sur Internet, a levé des fonds auprès d'investisseurs tout en déformant à plusieurs reprises l'état des finances de l'entreprise. Selon la plainte, Shamim a faussement déclaré aux investisseurs que YouPlus gagnait des millions de dollars de revenus annuels et comptait plus de 100 clients, y compris des entreprises du Fortune 500. Lorsqu'un investisseur a fait pression sur Shamim pour obtenir des informations étayant ces allégations, Shamim aurait fourni à l'investisseur des relevés bancaires falsifiés dans le but de dissimuler la fraude. Le stratagème aurait échoué à la fin de 2019 lorsque Shamim a avoué à certains investisseurs que YouPlus avait en fait gagné moins de 500 000 USD et n'avait obtenu que quatre clients payants depuis la création de la société en 2013.
« Comme nous l’indiquons dans notre plainte, Shamim et YouPlus ont suscité l’intérêt pour la société en fournissant de fausses informations sur ses performances financières et sa clientèle », a déclaré Erin E. Schneider, directrice du bureau régional de la SEC à San Francisco. « Les entreprises privées engagées dans la collecte de fonds à un stade précoce doivent dire la vérité lorsqu'elles vendent des titres à des investisseurs .»
La plainte de la SEC, déposée auprès du tribunal de district américain du district nord de la Californie, accuse YouPlus et Shamim d'avoir enfreint les dispositions anti-fraude des lois fédérales sur les valeurs mobilières et sollicite des injonctions permanentes, des sanctions civiles pécuniaires, une restitution avec intérêt avant jugement, et la possibilité d'appeler à la barre Shamim.
Dans une action parallèle, le bureau du procureur américain du district nord de la Californie a annoncé des accusations criminelles contre Shamim.
Selon Pitchbook, de novembre 2013 à octobre 2019, YouPlus a levé environ 17,5 millions de dollars de financement de démarrage auprès d'environ 50 investisseurs. Sur ces 17,5 millions de dollars, environ 11 millions de dollars ont été levés en 2018 et 2019 auprès d'une trentaine d'investisseurs, un mélange de particuliers et de petits fonds ou institutions.
En particulier, un fonds de capital-risque a investi un total de près de 2 millions de dollars dans YouPlus en 2018 et 2019, dont un investissement de 600 000 dollars en décembre 2018. Plusieurs membres du comité d'investissement de ce fonds de capital-risque ont également investi personnellement des centaines de milliers de dollars dans YouPlus, explique le SEC.
Les sociétés de capital-risque répertoriées sur Pitchbook comme ayant des participations dans la société comprenaient Elevate Innovation Partners, DN Capital et The CXO Fund.
Sur LinkedIn, YouPlus est décrit comme « une entreprise d’innovation technologique de pointe qui a construit le premier moteur d’intelligence d’opinion vidéo (VOISE) au monde, une plateforme avancée d’intelligence artificielle et d’apprentissage automatique permettant de dégager les opinions des consommateurs et d’expérimenter des informations à partir de vidéos. »
Des entrepreneurs qui surfent sur les nouvelles tendances pour financer leurs startups
L'intelligence artificielle est sans aucun doute l'une des technologies qui fait le plus de buzz actuellement, que ça soit chez les personnes averties comme chez les profanes, tout le monde en parle. Pour bon nombre d'entreprises, l'IA peut être utilisée pour se démarquer de la concurrence, en créant de la valeur ajoutée sur un produit ou service existant, alors que d'autres entreprises qui voient le jour ces dernières années ont décidé de faire de l'IA leur produit de base ou construire leurs produits et services sur une technologie d'intelligence artificielle. Dans ce dernier cas, il s'agit des entreprises qui se disent « startups en IA ». Mais le constat est que les entreprises qui se présentent en tant que cas startups de l'intelligence artificielle ne le sont pas toutes.
Nous avons par exemple le cas d' iFlytek a été accusé d'avoir embauché des humains pour simuler ses outils d'interprétation simultanée, censés être alimentés par l'IA. Dans une lettre ouverte publiée sur la plateforme de question-réponse Zhihu, l’interprète Bell Wang a affirmé qu’il faisait partie d’une équipe d’interprètes simultanés qui a aidé à traduire le Forum international sur l’innovation et le développement des industries émergentes 2018. Le forum a prétendu utiliser le service d’interprétation automatisé d’iFlytek.
En fait, il existe des pseudo-IA : des entreprises technologiques qui cachent des humains derrière ce qu'elles font croire au public comme étant une intelligence artificielle.
En 2008, Spinvox, une entreprise qui convertissait les messages vocaux en messages textes, a été accusée de recourir à des employés humains étrangers dans des centres d’appel au lieu de machines pour faire le travail. En 2016, une autre entreprise a obligé des employés à passer 12 heures par jour à prétendre qu’ils sont des chatbots pour des services d’agenda comme X.ai et Clara. Ce travail a été si contraignant que les employés ont dit qu’ils avaient hâte de voir une IA venir les remplacer.
En 2017, l’application de gestion de dépenses Expensify a admis avoir employé des humains pour transcrire au moins quelques-uns des reçus supposés être analysés par sa technologie smartscreen. L’entreprise a utilisé le service de travail collaboratif Mechanical Turk d’Amazon, où des travailleurs faiblement rémunérés ont dû lire et transcrire les reçus.
Un rapport daté du début de l'année dernière indique que 40 % des entreprises européennes classées dans la catégorie « startup en IA » ne disposent ni n'exploitent aucune intelligence artificielle de manière significative. C'est ce que révèle une enquête menée par MMC, une société de capital-risque basée à Londres. À la page 99 de son rapport de 150 pages, MMC indique que sur 2830 startups européennes classées en tant que sociétés d'IA, seulement 1580, soit environ 60 %, correspondent exactement à cette description. Autrement dit, 4 entreprises sur 10 ont utilisé de manière trompeuse l'étiquette de « startup en IA », qui fait référence aux systèmes informatiques capables d'effectuer des tâches nécessitant normalement une intelligence humaine.
Avec le battage publicitaire autour de l'IA, tout projet de startup ou demande de financement relatif à l'intelligence artificielle semble naturellement plus intéresser les investisseurs. Le rapport de MMC révèle en effet que les entreprises considérées comme des startups en intelligence artificielle ont mobilisé en 2018 plus de fonds et obtenu des évaluations plus élevées que les autres entreprises de logiciels. Plus précisément, le financement médian d'une startup en IA en 2018 était d'environ 15 % supérieur à celui d'une startup en logiciel. « De nombreux groupes de capital-risque en Europe répondent aux entreprises qui souhaitent collecter des fonds [pour l'IA]», a déclaré Kelnar.
Source : Plainte du SEC, Pitchbook
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