« Dans six mois, ces caméras seront reliées dans un centre de commandement unique de la police des transports, donc je vais parachever la police des transports. Ces 80 000 caméras ne seront utiles qu’en cas de couplage avec une intelligence artificielle, ce, dans le but de procéder à des vidéopatrouilles. 30 % des flagrants délits sont détectables par des systèmes de ce type. C’est beaucoup plus efficace que des personnes dédiées à cette tâche dans une rame bondée. Ils détectent les pickpockets qu’on ne voit pas à l’œil nu. Ils détectent les harceleurs de femmes. Donc on a besoin de cette intelligence artificielle. On a besoin de faire évoluer la loi », indique la présidente de la région Île-de-France.
L’équation de l’équilibre entre droits individuels et intérêt général est de nouveau sur la table. En effet, le préambule de la Constitution française stipule que la loi n’a pour but que de défendre les actions nuisibles à la société. Ainsi, la pose de caméras de surveillance couplées à une intelligence artificielle peut se justifier par la nécessité de sauvegarder l’intérêt des populations. Valérie Pécresse souligne à ce propos que le système de vidéoprotection couplé à une intelligence artificielle se veut être sans sauvegarde de données biométriques. Il y a seulement qu’il sera difficile de s’assurer que le système de vidéoprotection soit utilisé sans abus susceptibles de mettre à mal les libertés individuelles des Français.
Ce dilemme est une redite de celui en lien avec l’autorisation de caméras intelligentes pour mesurer le taux de port de masques dans les transports en France.
La Commission Nationale Informatique et Libertés (CNIL) n’avait pas manqué de formuler ses craintes en lien avec ledit décret : « la mise en œuvre à grande échelle de dispositifs dits de «vidéo intelligente» dans l’espace public pose d’importantes questions en termes de protection de la vie privée. L’espace public est un lieu où s’exercent de nombreuses libertés individuelles (droit à la vie privée, à la protection des données à caractère personnel, liberté d’aller et venir, liberté d’expression, etc.). La préservation de l’anonymat dans l’espace public est une dimension essentielle pour l’exercice de ces libertés, la captation et l’analyse systématiques de l’image des personnes dans ces espaces sont incontestablement porteuses de risques pour leurs droits et libertés fondamentaux. »
Le texte pour sa part se voulait rassurant au sujet des inquiétudes formulées par la CNIL : « Ces systèmes de vidéoprotection intègrent un traitement logiciel spécifique permettant l'analyse en temps réel du flux vidéo conformément au septième alinéa du II. Lorsqu'ils recourent à de tels dispositifs à cette fin, les exploitants et les gestionnaires s'assurent que les traitements de données sont mis en œuvre dans le respect des dispositions de la loi du 6 janvier 1978 modifiée susvisée. Dans le cadre de ce traitement, les images collectées exclusivement par des caméras fixes situées dans les véhicules ou les espaces accessibles au public affectés au transport public de voyageurs ne font l'objet ni de stockage ni de transmission à des tiers. Ces images sont instantanément transformées en données anonymes afin d'établir le pourcentage de personnes s'acquittant de l'obligation de port d'un masque de protection. Le produit du traitement, qui rassemble l'ensemble des données issues d'une même station ou gare et ne peut être actualisé dans une période inférieure à vingt minutes, ne porte que sur le nombre de personnes détectées et le pourcentage de ces personnes qui portent un masque, à l'exclusion de toute autre donnée permettant de classer ou de réidentifier les personnes. »
La France sur la voie de la Chine ?
La Chine est considérée comme le leader mondial dans l'adoption de la technologie de reconnaissance faciale pour une variété d'utilisations, y compris pour les besoins de la police. Illustration avec le cas Ao arrêté dans le sud-est du pays après son repérage grâce à une technologie de reconnaissance faciale dans une foule de cinquante à soixante mille (60 000) personnes assistant à un concert de musique pop. La disponibilité d’une base de données nationale de personnes recherchées a rendu le coup de la police possible. L'homme de 31 ans était recherché pour des crimes économiques non spécifiés. Une prouesse technologique qui inspire en même temps des craintes tant elle fait penser à la fiction Big Brother.
Big Brother est un personnage de fiction du roman Nineteen Eighty-Four (1984) de l'écrivain anglais Georges Orwell. Big Brother est le chef de l'Océanie, un état totalitaire où le parti au pouvoir exerce un pouvoir total « pour lui-même » sur les habitants. Dans la société décrite par Orwell, chaque citoyen est sous la surveillance constante des autorités, principalement par des « télécrans » dans les domiciles privés ; ce sont des dispositifs qui fonctionnent à la fois comme des télévisions, caméras de sécurité et microphones. Ce qui rappelle au peuple sans cesse que Big Brother les observe : « Big Brother is watching you ». L'expression Big Brother est depuis utilisée pour qualifier toutes les institutions ou pratiques portant atteinte aux libertés fondamentales et à la vie privée des populations ou des individus. Le gouvernement chinois incarne déjà le personnage même décrit dans la fiction.
Source : Franceinfo
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