Les avis demeurent partagés sur la question de savoir si les robots tueurs autonomes doivent faire l’objet d’interdiction. En effet, l'utilisation d'armes autonomes meurtrières est en discussion aux Nations unies depuis 2015, dans le cadre de la Convention sur certaines armes classiques (CCAC). Les pays pionniers dans le domaine des systèmes d'armes autonomes, dont la Russie, les États-Unis et Israël, rejettent une interdiction contraignante en vertu du droit international. Ces poids lourds militaires sont face à un groupe d'États qui réclament une législation contraignante dans le cadre de la campagne menée par les ONG pour arrêter les robots tueurs.
« Tuer ou blesser des personnes sur la base de données collectées par des capteurs et traitées par des machines porterait atteinte à la dignité humaine. Human Rights Watch et d'autres organisations craignent que le fait de s'appuyer sur des algorithmes pour cibler des personnes déshumanise la guerre et érode notre humanité collective », lancent des intervenants du deuxième groupe pour l’interdiction des robots tueurs autonomes.
Chaque pays poursuit donc avec le développement desdites armes autonomes. Les États-Unis et Israël par exemple sont sur des des projets de construction de nouveaux chars d'assaut autonomes et semi-autonomes destinés à être utilisés sur le champ de bataille. Du côté des USA, il s'agit de former une famille de chars d'assaut robotisés lourdement armés pour combattre aux côtés des humains, sur les champs de bataille du futur.
Les véhicules sont prévus en trois classes de taille, dans trois degrés de létalité, dont léger, moyen et lourd, et pèseront jusqu'à 30 tonnes. Toute la famille des véhicules de combat robotisés utilisera des logiciels de navigation et des interfaces de commande communs déjà testés sur le terrain. Chaque variante utilisera les mêmes normes électroniques et mécaniques, une architecture ouverte dite modulaire, qui devrait permettre aux soldats sur le terrain de brancher et de faire fonctionner toute une gamme de charges utiles, des missiles aux générateurs de fumée en passant par les brouilleurs radio.
Pour l'instant, les robots seront télécommandés par des humains, à distance, depuis leur base. Quant à l'Israël, le pays veut construire le Carmel, un char d'assaut qui sera équipé de contrôleurs Xbox et d'une IA perfectionnée avec les jeux “StarCraft II” et “Doom”. Des prototypes de ce futur véhicule de combat blindé (AFV) de l'armée israélienne ont été dévoilés publiquement en août 2019. Vu de l'extérieur, il ressemble à n'importe quelle arme de guerre classique. Il est enrobé de couches d'acier très épaisses, certaines colorées en kaki traditionnel, d'autres en noir.
De forme rectangulaire et avec des marches de char, son sommet est équipé de capteurs, de caméras et d'un espace pour les armements. Cependant, la caractéristique la plus unique du Carmel se trouve à l'entrée de la trappe arrière, qui mène vers un espace rempli d'équipements que l'on trouve le plus souvent dans la chambre d'un adolescent.
Ce nouvel échec des discussions à l’ONU fait suite à des sorties d’experts de la filière visant à avertir contre les dangers de l’utilisation des robots autonomes tueurs : « Les armes autonomes létales menacent de devenir la troisième révolution dans la guerre. Une fois développées, elles vont propulser les conflits armés à une échelle plus grande que jamais, et à des échelles de temps plus rapides que les humains puissent comprendre. Celles-ci peuvent être des armes de terreur, des armes que les despotes et les terroristes utilisent contre des populations innocentes et des armes détournées pour se comporter de manière indésirable. Nous n'avons pas assez de temps pour agir. Une fois que cette boîte de Pandore est ouverte, il sera difficile de la fermer. »
Source : Reuters
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