Ghost Robotics, la société derrière les robots lancés par le Département de la sécurité intérieure à la frontière mexicaine, a déjà présenté un prototype à quatre pattes équipé d’un fusil de précision sur son dos. Dans l’ensemble, les robots proposés par cette société sont autonomes et équipés d’outils utiles pour la « chasse à l’homme » dont des caméras thermiques et de vision nocturne. Toutes choses qui invitent à visualiser la matérialisation de l’épisode titré Metalhead dans la sérié télévisée Black Mirror.
Le Département de la sécurité intérieure précise que les robots lui sont utiles dans le rôle de sentinelle à l’extérieur : ils font la patrouille de manière autonome sur des points de repère GPS prédéfinis, inspectent des wagons de train dans les gares de triage, explorent des bâtiments résidentiels. Les robots chiens de patrouille autonomes déployés par le DHS dans la région désertique d’El Paso au Texas sauraient en sus « gérer des cas de rencontres avec des individus potentiellement dangereux. » Ce cas de figure en particulier (rencontre avec un individu potentiellement dangereux) n’est pas sans faire penser au déploiement d’essaims de drones autonomes par Israel sur le Hamas en complément de frappes aériennes et des tirs d’artillerie.
L'Union américaine pour les libertés civiles avertit que le déploiement de robots chiens de patrouille autonomes à ses frontières est « un désastre pour les libertés civiles en cours de réalisation. » « Le gouvernement doit retirer cette proposition dangereuse et l'administration Biden doit freiner le glissement de notre pays vers une dystopie anti-immigrés », insiste-t-elle.
Grosso modo, les groupes de défense des droits de l’Homme considèrent les interactions humains – robots de ce genre déshumanisantes. Les forces frontalières américaines impliquées dans ces récents essais, comme le Customs and Border Protection (CBP), sont elles-mêmes connues pour leur comportement déshumanisant envers les immigrants. Une enquête menée en 2021 par Humans Right Watch a détaillé 160 rapports internes d'abus physiques et sexuels de demandeurs d'asile à la frontière au cours des dernières années.
C’est d’éthique en lien avec l’utilisation de l’intelligence artificielle dont il est plus que jamais question. L’ouverture desdits systèmes à plus d’autonomie leur conférerait au final un droit de vie ou de mort. La position de l’UE sur la question est que les robots-tueurs doivent faire l’interdiction. Le Parlement européen a adopté une résolution y relative en 2018. D’autres pays parmi lesquels les USA et la Russie mettent en avant la nécessité d’explorer les avantages des armes autonomes. C’est d’ailleurs l’un des motifs pour lesquels les négociations en la matière se sont trouvées bloquées au niveau des Nations Unies il y a 3 ans.
Source : DHS
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Que vous inspire cette matérialisation grandissante des scènes de fiction dystopiennes dans notre quotidien ?
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