Mark Zuckerberg est certain que le métavers, une idée futuriste d'univers virtuels dans lesquels les utilisateurs peuvent travailler, socialiser et jouer, sera le successeur de l'Internet mobile. Pour le milliardaire de la Tech, la clé pour débloquer un grand nombre de ces avancées est l'IA, qu'il compte utiliser notamment pour vaincre l'un des problèmes fondamentaux de la communication universelle : la barrière linguistique. « La capacité de communiquer avec n'importe qui dans n'importe quelle langue est un superpouvoir dont les gens ont toujours rêvé, et l'IA va nous le donner de notre vivant », a déclaré Zuckerberg lors de l'événement en ligne.
Mercredi, Zuckerberg a déclaré que Meta travaillait sur une IA pour permettre aux gens d'avoir des conversations plus naturelles avec les assistants vocaux, une étape vers la façon dont les gens communiqueront avec l'IA dans le métavers. Il a présenté le projet "CAIRaoke" de la société. Selon Zuckerberg, CAIRaoke est "un modèle neuronal de bout en bout pour construire des assistants sur les appareils". « Notre plus grand objectif ici est de construire un modèle universel qui peut incorporer des connaissances à travers toutes les modalités, toutes les informations qui sont capturées par des capteurs riches », a déclaré le PDG milliardaire.
« Cela permettra une vaste échelle de prédictions, de décisions et de génération ainsi que de toutes nouvelles architectures méthodes de formation et algorithmes qui peuvent apprendre à partir d'une gamme vaste et diverse de différentes entrées », a-t-il ajouté. Une démonstration de la technologie du projet CAIRaoke a montré une famille qui l'utilisait pour faire cuire un ragoût, l'assistant vocal intervenant pour signaler que du sel avait déjà été ajouté à la casserole. L'assistant a également remarqué qu'il n'y avait presque plus de sel et en a commandé. Alors, ces cas d'utilisation nécessitent-ils vraiment le développement d'un nouvel assistant vocal ?
Selon l'entreprise, bien que les outils de traduction actuels prennent bien en charge les langues les plus courantes comme l'anglais, le mandarin et l'espagnol, environ 20 % de la population mondiale ne parle pas les langues couvertes par ces systèmes. Meta explique que bien souvent, ces langues mal desservies ne disposent pas de corpus de textes écrits facilement accessibles, nécessaires à l'entraînement des systèmes d'IA, ou n'ont parfois aucun système d'écriture normalisé. Avec son projet, Meta dit vouloir relever ces défis en déployant de nouvelles techniques d'apprentissage automatique dans deux domaines spécifiques.
Le premier, baptisé "No Language Left Behind", se concentrera sur la création de modèles d'IA capables d'apprendre à traduire une langue en utilisant moins d'exemples d'apprentissage. Le second, "Universal Speech Translator", visera à construire des systèmes capables de traduire directement et en temps réel la parole d'une langue à l'autre, sans qu'il soit nécessaire de recourir à un élément écrit pour servir d'intermédiaire. Par exemple, Zuckerberg a également annoncé que Meta travaillait sur une nouvelle catégorie de modèles d'IA générative qui permettront aux gens de décrire un monde et d'en générer certains aspects.
Une démonstration préenregistrée montre un concept d'IA appelé "Builder Bot", dans lequel Zuckerberg est apparu comme un avatar 3D sans jambes sur une île et a donné des commandes vocales pour créer une plage, puis ajouter des nuages, des arbres et même une couverture de pique-nique. Il a déclaré qu'à terme, "l'IA vous permettra de créer des mondes nuancés à explorer et de partager des expériences avec d'autres, simplement avec votre voix". Il n'a pas fixé de calendrier pour ces avancées ni donné plus de détails sur le fonctionnement de Builder Bot. Il est toutefois enthousiaste à l'idée d'éliminer des barrières linguistiques.
« L'élimination des barrières linguistiques serait profonde, permettant à des milliards de personnes d'accéder à des informations en ligne dans leur langue maternelle ou préférée », expliquent les chercheurs de Meta dans le billet de blogue publié mercredi. « Les progrès de la [traduction automatique] n'aideront pas seulement les personnes qui ne parlent pas l'une des langues qui dominent Internet aujourd'hui ; ils changeront aussi fondamentalement la façon dont les gens dans le monde se connectent et partagent des idées », ont ajouté les chercheurs. Meta estime que cette technologie profiterait grandement à ses produits mondiaux.
Elle devrait élargir leur portée et les transformer en outils de communication essentiels pour des millions de personnes. L'article de blogue indique que le logiciel de traduction universelle serait une "killer app" pour les futurs dispositifs portables comme les lunettes AR (que Meta est en train de construire) et qu'il ferait également tomber les frontières dans les espaces de réalité RV et RA "immersifs" (que Meta est également en train de construire). En d'autres termes, bien que le développement d'outils de traduction universelle puisse avoir des avantages humanitaires, il est également judicieux pour une entreprise comme Meta.
Et si Meta aspire depuis longtemps à un accès mondial, les produits de l'entreprise restent orientés vers les pays qui fournissent la majeure partie de ses revenus. Des documents internes publiés dans le cadre des "Facebook Papers" ont révélé que Facebook a du mal à modérer les discours de haine et les abus dans des langues autres que l'anglais. Ces angles morts peuvent avoir des conséquences incroyablement mortelles, comme lorsque l'entreprise n'a pas réussi à lutter contre la désinformation et les discours haineux au Myanmar (anciennement Birmanie) avant le génocide des Rohingyas.
Et des cas similaires impliquant des traductions douteuses occupent encore aujourd'hui le conseil de surveillance de Facebook. Ainsi, si un traducteur universel est une aspiration incroyable, Meta devra prouver non seulement que sa technologie est à la hauteur de la tâche, mais aussi que, en tant qu'entreprise, elle peut appliquer ses recherches de manière équitable. Par ailleurs, Meta a également déclaré qu'elle développerait des initiatives d'éducation gratuite visant à attirer davantage de minorités raciales dans le secteur de la technologie, ce qui, selon les chercheurs, est essentiel pour créer des systèmes d'IA exempts de préjugés.
Selon une enquête récente menée aux États-Unis et en Europe publiée par le recruteur Heidrick & Struggles, environ 80 % des cadres en analyse de données et en IA sont des hommes et 65 % sont blancs. Et dans un souci de transparence, Meta prévoirait de rendre open source la bibliothèque de recommandations TorchRec qu'elle utilise pour personnaliser des produits comme le fil d'actualité de Facebook. L'entreprise devrait également publier un prototype de classement des flux pour montrer comment ses algorithmes donnent la priorité au contenu qu'elle affiche aux utilisateurs sur Instagram.
L'on estime que certains des projets annoncés par Meta mercredi, tels que le projet CAIRaoke et l'effort de transparence des algorithmes, font suite à des innovations similaires annoncées ces dernières années par des rivaux tels que Google d'Alphabet. Meta a aussi annoncé récemment que son équipe de recherche avait construit un nouveau superordinateur d'intelligence artificielle qui, selon lui, sera le plus rapide du monde lorsqu'il sera terminé à la mi-2022.
Pourtant, l'entreprise de médias sociaux continue de vivre dans la tourmente, ces produits de réseautage social étant parmi les plus critiqués au monde. L'entreprise a perdu récemment un tiers de sa valeur boursière après un rapport de résultats lamentable. Ce mois-ci, Meta a fait état d'une perte nette de 10,2 milliards de dollars en 2021 pour son Reality Labs, l'entreprise de réalité virtuelle et augmentée de la société.
Source : Meta
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