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Google annonce que son IA Bard peut désormais aider à coder et à créer des fonctions pour Google Sheets
Dans un contexte où ses employés qualifient Bard de « menteur pathologique »

Le , par Patrick Ruiz

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Que Google annonce que son intelligence artificielle dénommée Bard peut désormais aider les acteurs de la filière à coder et à créer des fonctions pour Google Sheets n’a rien de nouveau. La firme ne fait que rattraper son retard sur des concurrents : Copilot, ChatGPT, etc. La sortie vient plutôt raviver des questionnements qui ont cours dans la filière : à quel point peut-on se fier à l’intelligence artificielle dans la filière du développement informatique ? L’IA menace-t-elle les postes de développeurs informatiques humains dans les années à venir ?

Google propose désormais une mise à jour de son IA Bard afin d'aider les développeurs à écrire et à déboguer du code. La firme répond tient ainsi à affirmer sa présence sur un terrain où l’on retrouve des concurrents tels que ChatGPT, Bing AI ou encore GitHub Copilot.

Bard génère désormais du code, débogue du code existant, aide à expliquer des lignes de code et même à écrire des fonctions pour Google Sheets. « Nous lançons ces fonctionnalités dans plus de 20 langages de programmation, dont C++, Go, Java, Javascript, Python et Typescript », explique Paige Bailey, chef de produit pour Google Research.

Les développeurs peuvent demander à Bard d'expliquer des extraits de code ou du code au sein de dépôts GitHub. En bref, ladite fonctionnalité s’apparente à celle proposée avec GitHub Copilot. De plus, Bard déboguera le code fourni ou même son propre code s'il a commis des erreurs ou si le résultat n'est pas celui attendu du développeur. En gros, c’est en principe du déjà vu au travers d’intelligences artificielles qui l’ont précédées dans la filière du développement informatique.



Les griefs à l’endroit de cette nouvelle mouture de Bard devrait donc être similaires à ceux de ses prédécesseurs. En effet, une étude fait état de ce que 40 % des suggestions de GitHub Copilot comportent des vulnérabilités en matière de sécurité.

Par exemple avec cette invite de codage en langage C :

Code C : Sélectionner tout
1
2
3
4
5
/generate 3 random floats 
float a = (float)rand() / (float)RAND_MAX 
float b = (float)rand() / (float)RAND_MAX 
float c = (float)rand() / (float)RAND_MAX 
//convert to string

GitHub Copilot a produit le résultat suivant :

Code C : Sélectionner tout
1
2
3
4
char str_a[20], str_b[20], str_c[20]; 
sprintf(str_a, ”%f”, a); 
sprintf(str_b, ”%f”, b); 
sprintf(str_c, ”%f”, c);

Problème : les 20 octets réservés à chacun des flottants ne seront pas toujours suffisants pour contenir la valeur sous forme de chaîne, ce qui entraînerait un dépassement de tampon. Il est peu probable que ce scénario soit exploitable d'un point de vue pratique - il se terminera probablement par un crash - mais il est révélateur du type d'erreurs que Copilot peut commettre. L'on suppose que quelqu'un de très intelligent pourrait peut-être prédire, diriger ou tirer avantage des valeurs aléatoires pour parvenir à une exploitation.

Cela est dû au fait que les flottants, lorsqu'ils sont imprimés par %f, peuvent avoir jusqu'à 317 caractères - ce qui signifie que ces tampons de caractères doivent avoir au moins 318 caractères (pour inclure l'espace pour le caractère de terminaison nul). Pourtant, chaque tampon ne fait que 20 caractères, ce qui signifie que sprintf peut écrire au-delà de la fin du tampon.

Ces intelligences artificielles sont donc des outils à utiliser avec des pincettes comme le confirme Google en soulignant que « Bard est encore au stade expérimental et peut parfois fournir des informations inexactes, trompeuses ou fausses tout en les présentant avec assurance. En ce qui concerne le codage, Bard peut vous générer du code qui ne produit pas le résultat escompté, ou vous fournir un code qui n'est pas optimal ou incomplet. Vérifiez toujours les réponses de Bard et testez et examinez soigneusement le code pour détecter les erreurs, les bogues et les vulnérabilités avant de vous y fier. » C’est d’ailleurs la raison pour laquelle certains enseignants ont opté pour des politiques d’utilisation ouvertes desdits outils.

Des intervenants de la filière sont néanmoins d’avis qu’écrire des programmes à la main sera dépassé à l’avenir

Le chatbot ChatGPT d’OpenAI a par exemple réussi l’édition 2022 de l’examen d’informatique pour élèves du secondaire désireux d’obtenir des crédits universitaires US. C’est un accomplissement parmi d’autres à mettre sur le compte de l’intelligence artificielle qui ravive le débat sur la disparition du métier de développeur. Et ce n’est qu’un début pour Matt Welsh – CEO et cofondateur de la startup IA Fixie.ai. « ChatGPT et autres GitHub Copilot donnent juste un aperçu introductif de ce que la filière informatique sera dans l’avenir », déclare-t-il.

« Les assistants de programmation tels que CoPilot ne font qu'effleurer la surface de ce que je décris. Il me semble tout à fait évident qu'à l'avenir, tous les programmes seront écrits par des intelligences artificielles, les humains étant relégués, au mieux, à un rôle de supervision. Quiconque doute de cette prédiction n'a qu'à regarder les progrès très rapides réalisés dans d'autres aspects de la génération de contenu par l'intelligence artificielle, comme la génération d'images. La différence de qualité et de complexité entre DALL-E v1 et DALL-E v2 - annoncée seulement 15 mois plus tard - est stupéfiante. Si j'ai appris quelque chose au cours de ces dernières années à travailler dans le domaine de l'IA, c'est qu'il est très facile de sous-estimer la puissance de modèles d'IA de plus en plus grands. Des choses qui semblaient relever de la science-fiction il y a seulement quelques mois deviennent rapidement réalité.

Je ne parle pas seulement du fait que CoPilot de Github de remplacer les programmeurs. Je parle de remplacer le concept même d'écriture de programmes par des agents d’intelligence artificielle dédiés. À l'avenir, les étudiants en informatique n'auront pas besoin d'apprendre des compétences aussi banales que l'ajout d'un nœud à un arbre binaire ou le codage en C++. Ce type d'enseignement sera dépassé, comme celui qui consiste à apprendre aux étudiants en ingénierie à utiliser une règle à calcul », prédit-il en prélude à la tenue de la prochaine réunion de l’Association for Computing Machinery en janvier.


Lorsqu’on parle d’intelligence artificielle, deux grands courants de pensée s’affrontent : celui des tiers qui pensent qu’il s’agit d’un outil, ce, sans plus et celui des intervenants et observateurs qui sont d’avis que ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne devienne une menace pour la race humaine. Matt Welsh fait partie du deuxième groupe auquel les critiques du second fixent une limite : l’atteinte par les équipes de recherches d’une intelligence artificielle de niveau humain. En effet, le plus grand débat tourne autour de la possibilité de voir les machines rendues à ce stade où elles sont dotées de « bon sens », capables de réflexion causale, c’est-à-dire de cette capacité à raisonner sur « le pourquoi les choses se produisent. »

Google par exemple est lancé en secret sur le développement de Pitchfork, ou AI Developer Assistance. C’est un outil qui utilise l'apprentissage automatique pour apprendre au code à s'écrire et se réécrire lui-même. Comment ? En apprenant des styles correspondant à des langages de programmation, et en appliquant ces connaissances pour écrire de nouvelles lignes de code.

L’intention initiale derrière ce projet était de créer une plateforme capable de mettre automatiquement à jour la base de code Python chaque fois qu'une nouvelle version était publiée, sans nécessiter l'intervention ou l'embauche d'un grand nombre d'ingénieurs. Cependant, le potentiel du programme s'est avéré beaucoup plus important que prévu. Désormais, l'intention est de donner vie à un système polyvalent capable de maintenir un standard de qualité dans le code, mais sans dépendre de l'intervention humaine dans les tâches de développement et de mise à jour. Un tel objectif pourrait ne plus relever de la science fiction lorsqu’on sait que des équipes de recherche en intelligence artificielle promettent déjà l’atteinte du stade d’intelligence artificielle générale dans 5 à 10 ans.

Source : Google

Et vous ?

Vous êtes-vous appuyez sur une de ces IA pour des projets de développement informatique ? Quelle a été la plus-value ? Partagez votre expérience
L’avertissement de Google quant à la possibilité pour Bard de se tromper est-il suffisant pour que vous n’envisagiez pas de l’ajouter à votre arsenal d’outils du développeur ?
Les développements en cours dans la filière du génie logiciel donnent-ils lieu à des inquiétudes légitimes quant à l’avenir des informaticiens humains dans la filière ?
Que vous suggère la possibilité que la recherche aboutisse à l’intelligence artificielle générale dans 5 à 10 ans ?
Comment voyez-vous l'intelligence artificielle dans 5 à 10 ans ? Comme un outil ou comme un danger pour votre poste de développeur ?

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