Google élargit l'accès à Bard et lui ajoute plusieurs nouvelles fonctionnalités
Google a présenté Bard pour la première fois en février 2023, dans ce qui semblait être une réponse précipitée à la croissance explosive de ChatGPT d'OpenAI. Mais le fossé entre ChatGPT et Bard s'est très vite fait remarquer, le chatbot d'IA de Google souffrant de nombreuses lacunes. En outre, Google s'est vu contraint de limiter la disponibilité de Bard aux États-Unis et retarder le lancement dans l'UE en raison de problèmes de compatibilité avec les lois européennes en matière de protection des données. L'annonce d'aujourd'hui suggère que Google a donné des garanties de sécurités aux autorités européennes chargées de la protection des données.
Dans un billet de blogue publié aujourd'hui, Google a annoncé que Bard prend désormais en charge 43 nouvelles langues, y compris le danois, le français, l'allemand, l'hindi, l'arabe, le chinois, l'espagnol, le portugais et de nombreux autres dialectes parmi les plus parlés au monde. La mise à jour devrait être disponible dans toutes les régions du monde, et les utilisateurs du Brésil et de l'UE devraient désormais avoir accès au chatbot. Google a ajouté des fonctionnalités destinées à affiner les réponses de Bard et à renforcer le potentiel de productivité du chatbot. Certaines d'entre elles ont été présentées en avant-première au début du mois de mai.
Toutefois, c'est aujourd'hui qu'elles sont déployées à grande échelle. Ainsi, Bard permet désormais aux utilisateurs d'épingler et de renommer les conversations listées à gauche sur l'interface utilisateur, d'écouter une version audio des réponses et de partager des liens vers les résultats de Bard. Google permet ensuite aux utilisateurs d'accéder à la fonctionnalité Google Lens pour partager des images avec Bard. Selon l'entreprise, le chatbot peut décrire les images et même créer une légende pour les images. Cette fonctionnalité n'est actuellement disponible qu'en anglais, mais Google a promis qu'elle serait disponible dans d'autres langues à l'avenir.
En outre, Bard peut désormais exporter du code vers davantage d'endroits - en particulier du code Python vers Replit, l'environnement de développement intégré (EDI) basé sur un navigateur. Avec les nouvelles fonctionnalités, Google affirme que Bard s'améliore de manière "mesurable", en particulier dans des domaines tels que les mathématiques et la programmation. Le chatbot a également gagné des extensions, y compris des applications et des services de Google ainsi que des partenaires tiers comme Adobe, et la capacité d'expliquer le code, de structurer les données dans un tableau et de faire apparaître des images dans ses réponses.
En effet, Google a eu beaucoup de mal avec Bard au début du cycle de vie du chatbot, ne parvenant pas à égaler la qualité des réponses de chatbots concurrents tels que ChatGPT. Bard a donné des réponses factuellement incorrectes, accompagnées de citations inventées, ce qui a conduit même des employés de Google à qualifier le chatbot de "pire qu'inutile" et de "menteur pathologique". L'action de la société a brièvement chuté de 8 % lors du lancement de Bard.
L'UE impose à Bard des règles strictes en matière de protection des données
Le lancement de Bard dans l'UE a pris du retard en raison de problèmes de conformité avec les lois européennes en matière de protection des données, notamment au règlement général sur la protection des données (RGPD). La Commission irlandaise de protection des données (DPC), qui régit la protection des données dans l'UE, a déclaré le mois dernier que si Google l'avait informée de son intention de lancer Bard dans l'UE, l'entreprise n'avait pas fourni à l'autorité de régulation suffisamment d'informations pour répondre à ses préoccupations en matière de protection de la vie privée. Mais, avec le lancement d'aujourd'hui, il semble que cela a été fait.
Pour accéder au marché européen, Google a dû faire quelques concessions en matière de protection de la vie privée et donner des garanties "acceptables" à la DPC. « Nous nous sommes engagés de manière proactive avec des experts, des décideurs politiques et des régulateurs de la vie privée sur cette expansion », ont écrit Jack Krawczyk, chef de produit Bard, et Amarnag Subramanya, vice-président de l'ingénierie, dans un billet de blogue. À la mi-juin, il a été signalé que Google était en pourparlers avec les responsables de la protection des données de l'UE. Cependant, les résultats de ces discussions n'ont pas encore été rendus publics.
Selon certains, les préoccupations soulevées par les autorités européennes de régulation pourraient être aussi liées aux transferts de données transatlantiques. Après l'annulation du Privacy Shield, Google, Meta et les autres géants de la Silicon Valley s'appuient sur ce qu'ils appellent les clauses contractuelles types (standard contractual clauses - SCC) pour transférer les données personnelles des Européens de l'autre côté de l'Atlantique. Cependant, la Cour de justice de l'Union européenne (CJUE) a déclaré à plusieurs reprises que les États-Unis n'avaient pas mis en place des contrôles suffisants pour protéger les informations personnelles des Européens.
Les chatbots collectent une grande quantité de données, tout en apprenant de leurs conversations avec les utilisateurs. L'on ignore si les données des Européens sont traitées directement en Europe ou sont envoyées aux États-Unis où les lois sur la protection des données sont beaucoup plus tolérantes que dans l'UE. Washington a déclaré avoir pris de nouvelles mesures visant à faire en sorte que les agences de renseignement américaines respectent les règles régissant l'accès à ces données. À ce propos, Facebook risque une amende de plus de 746 millions d'euros pour avoir transféré les données des Européens vers les États-Unis.
La DPC a déclaré que la poursuite des transferts de données du géant des réseaux sociaux vers les États-Unis ne répondait pas aux "risques pour les droits et libertés fondamentaux" des personnes dont les données étaient transférées de l'autre côté de l'Atlantique. Les États-Unis et l’UE se sont mis d'accord ce mois-ci sur un nouvel accord pour le transfert de données transatlantiques. Cependant, si les deux parties se félicitent de ce nouveau texte, il est déjà ciblé par les critiques et les défenseurs de la vie privée. Le texte est baptisé Data Privacy Framework (DPF) et les critiques affirment qu'il ne s'agit que d'une copie de l'ancienne loi, le Privacy Shield.
Bard, ChatGPT, Claude et leurs concurrents souffrent de nombreux biais
La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a déclaré lundi que l'exécutif européen avait adopté une décision dite d'adéquation, permettant à des milliers d'entreprises de transférer en toute sécurité des données vers les États-Unis sans craindre d'enfreindre la législation européenne en matière de protection de la vie privée. Cependant, Didier Reynders, commissaire européen chargé de la justice, a déclaré qu'il était "certain" que le nouveau pacte serait contesté devant la plus haute juridiction de l'UE, comme ses deux prédécesseurs, rejetés en raison de craintes liées à la faiblesse des mesures de protection de la vie privée.
Selon un rapport du Wall Street Journal, la DPC a déclaré que Google avait accepté de proposer aux régulateurs un rapport sur la protection de la vie privée dans les mois à venir. OpenAI, le fabricant de chatbots, est également confronté à ces réglementations sur l'IA, bien que l'application de chatbot soit disponible dans plusieurs pays européens depuis ses débuts en novembre dernier. Selon le rapport, dans le cadre de l'accord, l'équipe de Bard doit faire appel à de vrais humains pour essayer de pousser Bard à leur donner des réponses préjudiciables dans chacune des langues prises en charge. Ils devront ensuite corriger ces problèmes.
« Google a apporté un certain nombre de changements avant le lancement de Bard, en particulier une plus grande transparence et des changements dans les contrôles pour les utilisateurs. Nous poursuivrons notre dialogue avec Google au sujet de Bard après son lancement et Google a accepté de procéder à un examen et de fournir un rapport à la DPC trois mois après le lancement de Bard dans l'UE. En outre, le Conseil européen de la protection des données a créé un groupe de travail, dont nous sommes membres, qui se penchera sur un large éventail de questions dans ce domaine », a déclaré Graham Doyle, commissaire adjoint de la DPC.
Ce qui a toutefois été oublié, c'est le problème inhérent aux chatbots modernes et à leurs données de formation qui les rendent déjà très biaisés. L'IA est déjà capable de comprendre les langues simplement parce qu'elles existent dans ses données d'apprentissage. Les données d'entraînement de GPT-3 comprenaient des centaines de gigaoctets de données provenant du Web, la plupart de Wikipédia en anglais, de livres et d'un autre ensemble de données centré sur l'Occident (appelé Common Crawl). Les analystes indiquent que les documents relatifs à ce vaste référentiel montrent que plus de 50 % des données étaient hébergées aux États-Unis.
Cela entraînera inévitablement un biais (en raison du fait que les données sont centrées sur l'Occident) dans les résultats de l'IA, quelle que soit la langue qu'elle utilise actuellement. Google va former l'IA sur la base des données fournies par les utilisateurs, mais il faudra beaucoup de données fournies volontairement et librement par les utilisateurs pour combler ce fossé culturel. L'UE n'a pour l'instant pas expliqué comment elle comptait lutter contre ces biais ni résoudre les autres problèmes des chatbots d'IA modernes.
Source : Google
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