Google tente de chiper la position de leader à OpenAI sur le marché des chatbots d'IA générative. Après avoir apporté de nombreuses améliorations à Bard au cours des derniers mois, Google a décidé désormais d'autoriser le chatbot à accéder à sa suite d'applications, y compris les applications de divertissement et de productivité. Cette mise à jour permet à Bard d'accéder aux services de Google tels que Gmail, Docs, Drive, Maps, YouTube, ainsi que Google Flights et les Google Hotels. La firme de Mountain View a déclaré mardi que ces nouvelles améliorations permettront d'augmenter les capacités de Bard et de personnaliser davantage les réponses.
Les cas d'utilisation de ces intégrations, que Google appelle des "extensions", sont multiples, mais elles devraient vous éviter de devoir passer au crible une montagne d'e-mails ou de documents pour trouver une information particulière. Vous pouvez ensuite demander à Bard d'utiliser cette information d'une autre façon, par exemple en l'insérant dans un graphique ou en créant un résumé avec une liste à puces. Pour l'instant, cette fonctionnalité n'est disponible qu'en anglais. Vous n'avez pas non plus à activer les intégrations avec les services Gmail, Docs et Drive. Google vous demandera d'abord de l'activer et vous pourrez la désactiver à tout moment.
Jack Krawczyk, chef de produit chez Bard, a expliqué que pour utiliser cette fonctionnalité, vous pouvez soit demander à Bard d'effectuer une recherche directe dans votre boîte Gmail, par exemple en faisant précéder votre question de @mail. Ou bien vous pouvez simplement demander : "cherche dans ma messagerie des informations relatives à mon prochain vol". Cela signifie également que vous pouvez désormais demander à Bard d'obtenir des informations sur les vols en temps réel, de trouver des attractions à proximité, de remonter des vidéos YouTube sur un certain sujet, et bien d'autres choses encore. Google activera ces trois extensions par défaut.
Si le fait de donner à Bard l'accès à vos messages et documents personnels suscite des inquiétudes quant à la confidentialité et à l'utilisation des données, Krawczyk a déclaré que vos informations personnelles ne seront pas utilisées pour entrainer Bard et qu'elles ne seront pas non plus vues par des évaluateurs humains. Annoncées pour la première fois lors de la conférence Google I/O en mai, les extensions n'ont pas été immédiatement déployées, car l'entreprise a expliqué qu'il cherchait à le faire d'une manière qui offrirait une expérience sûre et digne de confiance. Les informations personnelles partagées avec les modèles sont exposées à un risque de fuite.
Un incident similaire est déjà intervenu au début de l'année avec ChatGPT. Le chatbot d'OpenAI a divulgué l'historique des conversations de certains utilisateurs. OpenAI a attribué l'incident à un bogue dans une bibliothèque open source utilisée par le modèle d'IA. Le bogue pourrait avoir divulgué des informations relatives au paiement de 1,2 % des abonnés de ChatGPT Plus. Les préoccupations concernant la sécurité du chatbot d'IA s'accroissent. « Un petit pourcentage d'utilisateurs a pu voir les titres de l'historique des conversations d'autres utilisateurs. Nous nous sentons très mal à l'aise à ce sujet », avait annoncé Sam Altman, PDG d'OpenAI après l'incident.
Google a déclaré avoir pris les précautions nécessaires pour éviter ce genre d'incident. « Cela ressemble à la façon dont nous avons abordé le filtrage des spams dans les services Google par le passé. Vos informations personnelles ne sont pas lues, car nous pensons que la confiance est le pilier le plus important sur lequel nous nous appuyons. C'est un peu tôt, et vous perdez un peu de précision. Cependant, nous pensons qu'il y a un long chemin à parcourir pour rendre cette technologie utile. Et nous préférons le faire correctement. Nous préférons le faire en instaurant la confiance dès le départ », explique Krawczyk en réponse aux préoccupations.
Pour les extensions qui n'exploitent pas les données personnelles (YouTube, Flights, Hotels et Maps), l'inscription est automatique, mais vous pouvez choisir de ne pas y participer. L'entreprise explique qu'elle souhaite à terme prendre en charge des services tiers via ce même modèle d'extensions, mais qu'elle veut d'abord tester et tirer des enseignements de cette fonctionnalité en utilisant ses propres applications et services. Par ailleurs, Google tente de lutter les hallucinations de son chatbot et a introduit une nouvelle fonctionnalité de vérification des faits. Il s'agit en effet d'un problème épineux qui empêche l'adoption à grande échelle des chatbots d'IA.
Un bouton appelé "Google it" a été ajouté à Bard afin de vérifier la réponse du chatbot. Selon les déclarations de l'entreprise, cette fonction s'appuie sur les travaux de Google Research et de Google DeepMind. Lorsque vous appuyez sur l'icône "G", chaque phrase écrite par Bard est validée par une recherche Google afin de vérifier s'il existe du contenu sur le Web pour étayer le contenu. Une fois la réponse évaluée, vous pouvez cliquer sur les phrases surlignées pour en savoir plus grâce à Google Search. « Nous nous efforçons constamment de réduire ces hallucinations dans Bard », a déclaré Sissie Hsiao, directeur général de Google Assistant et Bard.
Cela devrait aider les utilisateurs à mieux comprendre quand l'IA "hallucine. « Nous sommes très enthousiastes à l'idée de franchir cette étape vers l'instauration d'un climat de confiance avec les modèles de langage. Cette fonction permettra également à l'IA de s'améliorer, car elle apprend à reconnaître les erreurs qu'elle commet grâce aux commentaires des utilisateurs et s'en sert pour créer un meilleur modèle », a déclaré Krawczyk. Toujours à propos de cette nouvelle fonctionnalité, Hsiao a ajouté : « c'est un peu comme un correcteur d'orthographe, mais avec une double vérification des faits ». Google envisage d'autres améliorations à l'avenir.
Enfin, une amélioration permet aux utilisateurs de Bard de collaborer entre eux. Désormais, lorsque quelqu'un partage un chat Bard avec vous via un lien public, vous pourrez poursuivre la conversation et poser à Bard des questions supplémentaires sur le même sujet. Vous pouvez également vous en servir comme point de départ pour vos propres idées. Parallèlement à ces nouveautés, Google étend à plus de 40 nouvelles langues l'accès aux fonctions existantes de Bard en anglais, notamment la possibilité de télécharger des images avec Google Lens, d'obtenir des images de recherche dans les réponses et de modifier les réponses de Bard.
Bard n'en est qu'à ses débuts. Depuis sa présentation en février, Google a progressivement ajouté de nouvelles fonctionnalités, notamment la possibilité de générer et de déboguer du code, ainsi que de créer des fonctions pour Google Sheets. L'outil d'IA indique toujours sur son site Web qu'il peut afficher des informations inexactes ou choquantes qui ne représentent pas l'opinion de Google. Mais cette dernière mise à jour offre un aperçu de la manière dont Google pourrait finalement chercher à intégrer l'IA générative dans ses différents services. Google semble devancer Microsoft qui envisage également d'intégrer son chatbot à ses applications.
Source : Google
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