Le rythme de l'évolution technologique s'accélère sans cesse, car il permet une plus grande automatisation qui, à son tour, permet plus de progrès. Cet état de choses semble être "bénéfique" pour l'économie et le capitalisme, mais peut malheureusement avoir des conséquences dommageables sur certaines couches de la population mondiale. À titre d'exemple, les avancées récentes dans le domaine de l'IA contribuent déjà à réduire le nombre d'emplois disponibles en permettant à certains types de travailleurs d'effectuer le travail de plusieurs travailleurs. Certains employeurs se sont récemment vantés d'avoir remplacé tout leur personnel par des outils d'IA.
Selon de nombreux dirigeants de la Tech - notamment Sam Altman, PDG d'OpenAI, Vinod Khosla, un éminent investisseur en capital-risque dont l'entreprise a été l'un des premiers bailleurs de fonds d'OpenAI, et Chris Cox, chef de produit chez Meta -, ce n'est que le début et les changements futurs pourraient s'avérer plus radicaux. S'exprimant lors de la conférence Tech Live 2023 du Wall Street Journal, Altman a déclaré que les deux choses qui compteront le plus dans les prochaines décennies sont une intelligence abondante et peu coûteuse, ainsi qu'une énergie abondante et bon marché. Selon lui, cela constitue le plus grand défi dans le domaine de l'IA.
« Si nous parvenons à réaliser ces deux choses dans le monde, il est presque difficile d'imaginer ce que nous pourrions faire d'autre », a-t-il déclaré. Mustafa Suleyman, cofondateur de DeepMind et PDG d'Inflection AI, a déclaré que la course à la création de chatbots d'IA rappelle la course à la création de sites Web à l'aube d’Internet ou d'applications après l'avènement des smartphones. « Ce n'est que le début d'une transformation complète de la manière dont nous interagissons avec les machines », a déclaré Suleyman, dont l'entreprise fabrique un ChatGPT rival appelé Pi. En outre, les investisseurs en capital-risque se montrent encore plus optimistes sur l'IA.
Selon Michael Wolf, cofondateur et directeur général de la société de conseil Activate, les consommateurs vont se tourner vers TikTok, ChatGPT et d'autres applications alimentées par l'intelligence artificielle générative, au lieu d'utiliser les moteurs de recherche traditionnels. Il prédit que la domination de l'industrie de la recherche, qui pèse environ 100 milliards de dollars, est "à prendre", ajoutant que l'essor des modèles d'IA libres ouvre la voie à de plus petits entrants qui pourront concurrencer de manière significative les grandes entreprises établies. Les professionnels, des médecins aux écrivains, craignent que l'IA ne remplace entièrement certains emplois.
Altman et ses pairs estiment que la société doit anticiper ces changements et mettre en place des politiques visant à atténuer le choc pour les populations, notamment les travailleurs. « Chaque révolution technologique a des répercussions sur le marché de l'emploi. Cela ne me fait pas peur du tout. C'est la voie du progrès. Mais nous trouverons des emplois nouveaux et meilleurs. Cela dit, le processus ne se fera pas sans heurts. Je pense que nous devons faire face, en tant que société, à la vitesse à laquelle tout cela va se produire. Nous allons vraiment devoir faire quelque chose pour cette transition », a déclaré l'homme d'affaires lors de la conférence.
Et d'ajouter : « les gens doivent avoir un pouvoir d'action, la capacité d'influencer. Nous devons être ensemble les architectes de l'avenir ». En outre, les économistes et les entrepreneurs de la technologie semblent divisés sur la vitesse à laquelle ce changement pourrait se produire. Vinod Khosla, investisseur et entrepreneur dans le domaine de la technologie depuis plus de 40 ans, a présenté un calendrier très serré pour la transformation du travail par l'IA. « D'ici 10 ans, l'IA sera capable de faire 80 % de 80 % de tous les emplois que nous connaissons aujourd'hui », a déclaré Khosla. Pour lui, l'IA ne fait que reproduire le schéma classique des révolutions.
Il a cité de nombreux types de médecins et de comptables comme exemples de professions que l'IA pourrait largement supplanter, car ces systèmes peuvent accéder plus facilement à un large éventail de connaissances. L'investisseur a comparé l'ampleur des changements dans la main-d'œuvre à la disparition des emplois agricoles aux États-Unis au XXe siècle - une transition qui s'est déroulée sur plusieurs générations, et non sur plusieurs années. Selon lui, la prospérité accrue que l'IA apportera aux sociétés qui l'adopteront redéfinira profondément le sens du travail et permettra aux personnes qui ne veulent pas travailler de l'éviter si elles le souhaitent.
« Je pense que la nécessité de travailler dans la société disparaîtra dans 25 ans pour les pays qui adapteront ces technologies. Je pense qu'il y a de la place pour un revenu de base universel garantissant une norme minimale et permettant aux gens de travailler sur les choses qu'ils veulent faire », a-t-il déclaré. Cependant, Altman pense qu'il ne suffira pas de garantir un revenu de base. « Les gens auront besoin de débouchés pour l'expression créative et d'une chance d'ajouter quelque chose à la trajectoire de l'espèce », a-t-il déclaré. Ils pensent tous que l'IA devrait transformer l'économie mondiale en entraînant des gains de productivité et de croissance.
David Wadhwani, responsable de l'activité Digital Medias d'Adobe, a déclaré que malgré les craintes, il considère l'IA comme un outil qui stimulera l'emploi plutôt que de mettre des gens au chômage. Des outils tels que Firefly d'Adobe, qui peut générer des images et des logos, permettent à un plus grand nombre de personnes de devenir des professionnels de la création. « Nous aurons des professionnels créatifs plus productifs que jamais et plus de professionnels créatifs dans le monde », a-t-il déclaré. Cependant, cette déclaration est controversée, des critiques alléguant que pour le moment, la révolution de l'IA profite à très peu de personnes.
Le PDG d'Arm, Rene Haas, a déclaré que le fabricant de puces utilisait l'IA pour l'aider dans certains domaines où elle avait du mal à recruter suffisamment de talents, comme le débogage et le test des puces. Il rejoint le point de vue d'Altman et a décrit un avenir où les pénuries d'énergie pourraient freiner les progrès de l'IA, et où une pénurie de talents pourrait limiter la production de semiconducteurs. Khosla, qui a fondé Khosla Ventures il y a vingt ans, a déclaré que les investissements dans l'IA étaient entrés dans un cycle d'engouement et que "seuls des investisseurs très disciplinés récolteraient les fruits de cette technologie transformatrice".
Dans le rang des critiques, les commentaires indiquent que les prédictions des dirigeants de la Tech et des capital-risqueurs ne sont que pures spéculations. Beaucoup affirment que l'impact potentiel de l'IA sur les emplois et la société est exagéré et que ce discours semble avoir pour but d'inciter les gens à adopter des technologies prématurées qui s'avèrent finalement peu révolutionnaires. L'un d'entre eux a écrit : « les leaders de la technologie n'ont aucune idée de ce qui va se passer à l'avenir. L'impression 3D était censée être aussi importante qu'Internet et révolutionner la façon dont nous obtenons des biens. Au final, on n’a rien de tel observé ».
Un autre affirme : « il y a huit ans, les leaders de la technologie affirmaient que la blockchain allait révolutionner la gestion des données. Et il y a à peine deux ans, les leaders de la technologie affirmaient que le métavers allait changer la nature du travail. Mais cette idée a rapidement été abandonnée lorsque la bulle de l'IA générative s'est formée au cours de l'année dernière. Enfin, on se souvient également que les ordinateurs devaient éliminer le travail dans les années 60, 70 et 80. Mais ce n'est pas le cas. En gros, les leaders de la technologie ne savent rien sur la façon dont l'IA pourrait impacter le travail ou sur la façon dont elle transformera la société ».
Dans le même temps, d'autres prennent les prédictions des dirigeants de la Tech très au sérieux et appellent à l'action pour éviter l'avènement d'un monde dystopique où le pouvoir appartient aux machines, en particulier l'IA. « Imaginez que vous travailliez un jour pour l'IA. C'est-à-dire que votre patron, qui vérifie vos travaux ainsi que vos rapports, est une IA. Sans aucune émotion, compassion ou amabilité. Juste un bon ou un mauvais travail. Vous pouvez être licencié à tout moment sans aucun état d'âme et nous nous retrouverons alors dans une société d'exploitation. C'est ce que nous risquons si rien n'est fait pour réglementer l'IA », a écrit un critique.
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Ces prédictions sont-elles réalistes ? À quoi s'expose la société avec l'essor de l'IA ?
Y aura-t-il des suppressions massives d'emplois au profit de l'IA dans les années à venir ?
Quid des prédictions selon lesquelles l'IA entraînera des gains de productivité et de croissance ?
L'IA redéfinira-t-il le sens du travail comme certains dirigeants de la Tech le pensent ?
L'IA pourrait-il permettre aux gens de ne pas travailler comme le prédisent certains dirigeants ?
Un revenu de base universel sera-t-il nécessaire pour faire face à l'impact de l'IA sur le marché de l'emploi ?
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