OpenAI a pris tout le monde de court en annonçant vendredi l'éviction de Sam Altman du poste de PDG et son renvoi de l'entreprise. Mais si le conseil d'administration d'OpenAI pensait pouvoir tourner facilement la page Altman, il s'est malheureusement trompé, car la situation a pris rapidement une tournure chaotique. La majorité des employés et les investisseurs ont pris le parti d'Altman, exigeant son retour ainsi que celui du cofondateur Greg Brockman. Vendredi, Brockman a jugé bon de démissionner, après avoir été démis de ses fonctions du président du conseil d'administration. Les deux hommes ont été embauchés par Microsoft dans la foulée.
Par la suite, lorsque plus de 95 % des employés d'OpenAI ont menacé de démissionner, la firme de Redmond s'est également positionnée et leur a fait des propositions alléchantes. Microsoft a déclaré lundi qu'il était disposé à tous les embaucher et son directeur technique, Kevin Scott, a est allé plus loin mardi dans un message sur X : « à mes partenaires d'OpenAI, nous avons vu votre pétition et nous apprécions votre désir de rejoindre Sam Altman dans le nouveau laboratoire de recherche sur l'IA de Microsoft. Sachez qu'en cas de besoin, vous avez un rôle chez Microsoft qui correspond à votre rémunération et qui fait avancer notre mission collective ».
To my partners at OpenAI: We have seen your petition and appreciate your desire potentially to join Sam Altman at Microsoft’s new AI Research Lab. Know that if needed, you have a role at Microsoft that matches your compensation and advances our collective mission.
— Kevin Scott (@kevin_scott) November 21, 2023
Scott n'a pas répondu à la demande de commentaire sur sa déclaration. Mais ses propos apportent néanmoins une certaine clarté sur ce que Microsoft est prêt à payer aux employés et le nombre qu'il en embaucherait. Lundi, lors de sa première interview après l'éviction d'Altman, le PDG de Microsoft, Satya Nadella, a déclaré : « à ce stade, je pense qu'il est très clair que quelque chose doit changer au niveau de la gouvernance d'OpenAI ». Cependant, au cours de l'interview, Nadella n'a pas affirmé avec certitude que Altman et Brockman rejoignaient Microsoft, ce qui montre que la situation a évolué par rapport aux déclarations faites plus tôt dans la journée.
À ce propos, la situation semble avoir évolué dans le bon sens, du moins pour les employés et les investisseurs qui exigeaient le retour d'Altman de Brockman. L'on a appris ce matin qu'OpenAI a trouvé un accord de principe avec Altman pour son retour à la tête de l'entreprise. Le communiqué d'OpenAI sur X dit ce qui suit : « nous avons conclu un accord de principe pour que Sam Altman revienne chez OpenAI en tant que PDG avec un nouveau conseil d'administration initial composé de Bret Taylor (président), Larry Summers et Adam D'Angelo. Nous collaborons pour comprendre les détails. Merci beaucoup pour votre patience à travers cela ».
Comme le communiqué le suggère, tout n'est pas encore résolu, mais un retour à la normale semble avoir été entamé après quatre jours de turbulences au sein de l'entreprise. L'on ignore encore ce qu'il est advenu de Brockman et ce que contient réellement l'accord principe conclu entre Altman et OpenAI. De plus, OpenAI n'a rien dit sur l'avenir de l'ancien PDG de Twitter, Emmett Shear, qui a été désigné dimanche en tant que PDG intérimaire d'OpenAI par le conseil d'administration sortant. Le passage de Shear à la tête d'OpenAI aura été aussi court que celui de Mira Murati, directrice de la technologie d'OpenAI, qui a été la première remplaçante d'Altman.
Il est important de noter que Microsoft n'a pas été le seul à tenter d'absorber les talents d'OpenAI au milieu de la crise. Le PDG de Salesforce, Mar Benioff, a aussi tenté sa chance aujourd'hui sur X : « Salesforce offrira à tout chercheur d'OpenAI ayant présenté sa démission un OTE complet en espèces et en actions pour rejoindre sans délai notre équipe de recherche Salesforce Einstein Trusted AI sous la direction de Silvio Savarese. Envoyez-moi directement votre CV à "ceo@salesforce.com" ». Cela dit, Microsoft est critiqué en raison de l'emprise qu'il exerce sur OpenAI. Les critiques prennent pour preuve les déclarations de Nadella lors de son interview lundi.
Salesforce will match any OpenAI researcher who has tendered their resignation full cash & equity OTE to immediately join our Salesforce Einstein Trusted AI research team under Silvio Savarese. Send me your cv directly to [email]ceo@salesforce.com[/email]. Einstein is the most successful… pic.twitter.com/ubHzy3NWjG
— Marc Benioff (@Benioff) November 22, 2023
En effet, le PDG de Microsoft a déclaré : « j'ai été très clair sur le fait que nous soutiendrions Sam, Greg et toute l'équipe, car nous ne voulions pas que l'équipe se divise et que la mission soit compromise, ni que nos partenaires et clients, qu'ils utilisent OpenAI ou Microsoft, s'en mêlent. Mais le fait est que nous étions très confiants dans nos propres capacités. Nous avons tous les droits et toutes les capacités. Je veux dire, écoutez, si demain, si OpenAI disparaissait, je ne veux pas qu'un de nos clients s'en inquiète, très honnêtement, parce que nous avons tous les droits pour continuer l'innovation, pas seulement pour servir les produits ».
D'autres critiques affirment que Microsoft a détourné OpenAI de sa vision initiale. Avec un milliard investi dans OpenAI en 2019 et plusieurs autres milliards au début de cette année, Microsoft détiendrait 49 % du laboratoire d'IA de San Francisco. Cette participation confère à Microsoft un accès exclusif à toutes les technologies et à tous les produits d'IA développés par OpenAI. Selon les analystes, ce partenariat permet à Microsoft de déléguer le développement de la technologie et de se concentrer sur la mise à l'échelle son infrastructure de cloud computing. Microsoft peut être ainsi à la fois un acteur majeur du cloud computing et de la course à l'IA.
Commettant les troubles survenus ces derniers jours chez OpenAI, Dave Lee, chroniqueur technologique américain de Bloomberg Opinion, a suggéré que la promesse visant à créer une IA responsable et centrée sur les valeurs humaines pourrait n'être rien d'autre que de la poudre aux yeux. Il explique que, contrairement aux apparences, les événements qui ont suivi l'éviction d'Altman de son poste de PDG d'OpenAI ont révélé qu'il était beaucoup plus au service des actionnaires que préoccupé par le développement d'une IA qui profitera à l'humanité. Il affirme qu'Altman n'est plus qu'un dirigeant d'une grande entreprise technologique parmi tant d'autres.
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Que pensez-vous de la proposition faite par Microsoft aux employés d'OpenAI ?
Selon vous, pourquoi tout le monde tente de repêcher les talents d'OpenAI ?
Microsoft exerce-t-il trop d'emprises sur OpenAI ? Que pensez-vous de ces allégations ?
Le partenariat de Microsoft avec OpenAI pourrait-il faire de lui le grand gagnant de la course à l'IA ?
Que pensez-vous du retour d'Altman à la tête d'OpenAI ? Quelle est votre prédiction sur l'avenir de l'entreprise ?
Voir aussi
OpenAI : « Nous avons conclu un accord de principe pour que Sam Altman revienne chez OpenAI en tant que PDG », un retour qui s'accompagne d'un changement dans le conseil d'administration
« Sam Altman aura du mal à convaincre le monde qu'il travaille pour le bien de l'humanité et non pour celui des actionnaires. Il n'est qu'un dirigeant de Big Tech parmi d'autres », selon un critique
OpenAI : « Nous avons tous les droits et toutes les capacités », a déclaré le PDG de Microsoft, Satya Nadella, s'exprimant sur les événements malheureux qui se déroulent à l'OpenAI