Depuis le site d’Airbus de Toulouse ce 11 décembre, le chef de l’État a présenté le bilan des deux premières années de France 2030 mais également sa stratégie pour favoriser l’émergence d’innovations de rupture qui permettront de sécuriser l’accès aux matières premières et aux composants stratégiques, maitriser les technologies d’avenir et devenir les leaders du monde de demain.
Pour mémoire, France 2030 entend répondre aux grands défis de notre temps, en particulier la transition écologique et technologique, à travers un plan d’investissement massif de 54 milliards d’euros investis sur 5 ans, dont 25 milliards ont déjà été engagés dans plus de 3 200 projets portés par 3 500 bénéficiaires, parmi lesquels près de 50% de petites et moyennes entreprises.
7 défis ont pour cela été lancés par le Président Emmanuel Macron :
- Accélérer notre décarbonation grâce au stockage d'énergies à moyen et long terme et au nucléaire innovant, dont la fusion ;
- Explorer le potentiel de l'hydrogène ;
- Développer les technologies de capture de carbone ;
- Cartographier nos ressources en métaux critiques ;
- Franchir un cap en matière de bioproduction et de technologies du vivant, notamment pour appuyer la découverte de nouveaux médicaments et soutenir la prévention en matière de santé ;
- Faire émerger des microcomposants pour le traitement massif des données IA ;
- Gagner la course de l'aventure spatiale.
[TWITTER]<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="fr" dir="ltr">3 200 projets ont déjà été soutenus par France 2030, partout en France. <br><br>Ce sont autant de recherches qui avancent et de technologies qui se développent. Et des milliers d’emplois qui se créent ! <a href="https://t.co/QEzp1vCtmM">pic.twitter.com/QEzp1vCtmM</a></p>— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) <a href="https://twitter.com/EmmanuelMacron/status/1734277975749628186?ref_src=twsrc%5Etfw">December 11, 2023</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script> [/TWITTER]
La loi européenne sur l'IA : le "oui, mais..." d'Emmanuel Macron
Lors de son allocution, il n'a pas manqué de relever l'impact qu'elle pourrait avoir sur le développement de ce secteur en Europe :
Autre axe, c'est évidemment l'intelligence artificielle. Là-dessus, point n'est besoin d'y revenir, j'en ai beaucoup parlé il y a encore quelques jours. On a une révolution en cours. Mais au fond, sur ce sujet, on a eu une étrange semaine. On a eu à la fois Mistral qui a levé des financements record dans le secteur, près de 400 millions d'euros. Chapeau, bravo ! Vous pouvez les applaudir. C'est vraiment le génie français comme on aime à le voir et à le célébrer. Et on a eu une réglementation européenne qui est venue consolider, c'est une bonne chose, un modèle français de la régulation mais qui, à mes yeux, je vous parle en toute franchise, fait qu'on est le premier endroit au monde où sur les modèles dits fondationnels d'IA, on va beaucoup plus réguler que les autres.
Moi, je pense que ce n'est pas une bonne idée et je le dis en toute honnêteté. Il faudra donc l'évaluer parce qu’aujourd'hui, quand je regarde, la France est sans doute le premier pays en termes d'intelligence artificielle en Europe continentale, on est au coude à coude avec les Britanniques. Mais eux n'auront pas cette régulation sur les modèles fondationnels et surtout, on est tous très loin des Chinois et des Américains. Alors on peut décider de réguler beaucoup plus vite et beaucoup plus fort que nos grands compétiteurs mais on régulera des choses qu'on ne produira plus ou qu'on n’inventera pas. Ce n'est jamais une bonne idée. Il faut donc qu'on soit toujours à la bonne vitesse et en tout cas au bon rythme. Donc moi, je demande à ce qu'on évalue de manière régulière cette réglementation et si on perd des leaders ou des pionniers à cause de ça, il faudra revenir. C'est clé.
Moi, je pense que ce n'est pas une bonne idée et je le dis en toute honnêteté. Il faudra donc l'évaluer parce qu’aujourd'hui, quand je regarde, la France est sans doute le premier pays en termes d'intelligence artificielle en Europe continentale, on est au coude à coude avec les Britanniques. Mais eux n'auront pas cette régulation sur les modèles fondationnels et surtout, on est tous très loin des Chinois et des Américains. Alors on peut décider de réguler beaucoup plus vite et beaucoup plus fort que nos grands compétiteurs mais on régulera des choses qu'on ne produira plus ou qu'on n’inventera pas. Ce n'est jamais une bonne idée. Il faut donc qu'on soit toujours à la bonne vitesse et en tout cas au bon rythme. Donc moi, je demande à ce qu'on évalue de manière régulière cette réglementation et si on perd des leaders ou des pionniers à cause de ça, il faudra revenir. C'est clé.
On a mis 1,5 milliard sur notre stratégie IA. On a des labos qui font un boulot formidable, des organismes de recherche, notamment INRIA qui est là, nos grands sites. On a l'IA qu'on utilise même sur notre projet éducatif, l’IA de remédiation, par exemple, qui va permettre vraiment la révolution du collège et du lycée. Vous allez voir. Il y a l'IA qu'on est en train de développer avec nos centres publics. On a mis 500 millions, notre supercalculateur Jean Zay. Et donc, on fait énormément de choses.
Mais au fond, moi, je voulais peut-être insister sur deux points qu'il ne faut pas oublier. L’un, l'IA Open source : continuer à investir, y aller, foncer. Deux, les briques qui sont en dessous. Pour réussir la bataille de l'intelligence artificielle, il faut avoir des capacités de calcul et il faut avoir des composants et architectures de systèmes qui nous permettent d'être compétitifs. Et au fond, c'est évidemment d'avoir des startups, des génies, des modèles fondationnels, des LLM, etc., et des startups qui vont utiliser ensuite l'intelligence artificielle dans tous les secteurs.
Mais si on perd la maîtrise de base, on est fichu. La maîtrise de base, c'est d'avoir des datacenters chez nous, un vrai cloud européen et d'avoir des capacités à maîtriser les chaînes de valeur, grâce au programme de recherche électronique et intelligence artificielle de France 2030, les équipes de recherches sur des concepts novateurs comme le calcul en mémoire et le calcul IA frugal en données. Et s'il y a un point sur lequel je voulais insister ici, sur lequel on dit encore et plus fort, c'est que la communauté scientifique française, avec les entreprises de l'électronique et les différents acteurs du secteur élaborent une proposition de feuille de route permettant de faire émerger des composants et des architectures systèmes pour le traitement massif de données en intelligence artificielle, avec l'objectif d'une consommation énergétique qui soit divisée par 100 ou 1 000 par rapport aux standards actuels des processeurs et des cartes graphiques actuelles.
On a donc deux leviers : on doit réussir à maîtriser les puces et les semi-conducteurs de l'IA beaucoup plus petites que ce qu'on a aujourd'hui. On a fait grâce à France 2030, le projet à Crolles. On a doublé nos capacités de semi-conducteurs, mais ce sont les semi-conducteurs qu'on utilise pour l'industrie : l'automobile, l'aéro, etc. On a besoin de développer une capacité de production beaucoup plus petite dont on a besoin pour l’IA. Mais on a besoin de gagner la bataille de l'IA sobre. C'est clé et c'est là où on peut être différenciant. Redoublant d'efforts, France 2030 doit nous permettre de sécuriser cette chaîne.
Et puis, à côté de ça, on doit redoubler d'efforts pour avoir chez nous des capacités de data center de calcul beaucoup plus fortes, bien plus massives. Et là, il faut mobiliser le privé et le public pour avoir ce financement. Ça, c'est la clé et out ça en lien entre le plan IA et le plan quantique.
Mais au fond, moi, je voulais peut-être insister sur deux points qu'il ne faut pas oublier. L’un, l'IA Open source : continuer à investir, y aller, foncer. Deux, les briques qui sont en dessous. Pour réussir la bataille de l'intelligence artificielle, il faut avoir des capacités de calcul et il faut avoir des composants et architectures de systèmes qui nous permettent d'être compétitifs. Et au fond, c'est évidemment d'avoir des startups, des génies, des modèles fondationnels, des LLM, etc., et des startups qui vont utiliser ensuite l'intelligence artificielle dans tous les secteurs.
Mais si on perd la maîtrise de base, on est fichu. La maîtrise de base, c'est d'avoir des datacenters chez nous, un vrai cloud européen et d'avoir des capacités à maîtriser les chaînes de valeur, grâce au programme de recherche électronique et intelligence artificielle de France 2030, les équipes de recherches sur des concepts novateurs comme le calcul en mémoire et le calcul IA frugal en données. Et s'il y a un point sur lequel je voulais insister ici, sur lequel on dit encore et plus fort, c'est que la communauté scientifique française, avec les entreprises de l'électronique et les différents acteurs du secteur élaborent une proposition de feuille de route permettant de faire émerger des composants et des architectures systèmes pour le traitement massif de données en intelligence artificielle, avec l'objectif d'une consommation énergétique qui soit divisée par 100 ou 1 000 par rapport aux standards actuels des processeurs et des cartes graphiques actuelles.
On a donc deux leviers : on doit réussir à maîtriser les puces et les semi-conducteurs de l'IA beaucoup plus petites que ce qu'on a aujourd'hui. On a fait grâce à France 2030, le projet à Crolles. On a doublé nos capacités de semi-conducteurs, mais ce sont les semi-conducteurs qu'on utilise pour l'industrie : l'automobile, l'aéro, etc. On a besoin de développer une capacité de production beaucoup plus petite dont on a besoin pour l’IA. Mais on a besoin de gagner la bataille de l'IA sobre. C'est clé et c'est là où on peut être différenciant. Redoublant d'efforts, France 2030 doit nous permettre de sécuriser cette chaîne.
Et puis, à côté de ça, on doit redoubler d'efforts pour avoir chez nous des capacités de data center de calcul beaucoup plus fortes, bien plus massives. Et là, il faut mobiliser le privé et le public pour avoir ce financement. Ça, c'est la clé et out ça en lien entre le plan IA et le plan quantique.
Rendez-vous à 55:25
Une position qu'a tenue John Loeber
Dans un billet, le co-fondateur et PDG de Limit, une société de courtage numérique de série A pour l'assurance commerciale, a expliqué en quoi la loi sur l'IA est mauvaise :
Il s’agit de la pire réglementation : large, radicale, tout le monde est techniquement en infraction d’une manière ou d’une autre, mais vous pouvez payer pour la combattre. Les entrepreneurs obéissants et respectueux des règles perdront tout leur temps et leur argent à essayer de se conformer à chaque paragraphe de la loi sur l’IA. De plus en plus d’entrepreneurs soucieux de la Realpolitik placeront leur entreprise dans une zone grise, supposeront que s’ils réussissent, ils seront un jour poursuivis en justice et économiseront des fonds pour cette éventualité.
Et s’ils sont poursuivis, quelles sont les sanctions ? Jusqu'à 7% du chiffre d'affaires annuel mondial. C'est une farce. Si l’UE affirme que cette technologie est si dangereuse qu’elle nécessite une réglementation à l’échelle européenne, alors les sanctions devraient en réalité être beaucoup plus lourdes. S’il y a un mauvais acteur qui dirige une entreprise d’IA massivement abusive et que la plus grande menace à laquelle il est confronté est une pénalité de revenus de 7 % qu’il peut probablement réduire à 2 % après quelques années de litige, alors cela n’a aucun effet dissuasif ! Ces entreprises fonctionnent avec une marge brute de 75 %. Vous avez une année qui tourne à 73% ? Cela n’a pas d’importance.
Cela place la loi sur l’IA dans une situation intermédiaire lamentable en matière de réglementation : suffisamment ennuyeuse pour dissuader les entrepreneurs légitimes, suffisamment édentée pour ne pas empêcher des abus à grande échelle. Je suis choqué que la loi sur l’IA ne prévoie aucune possibilité d’interdire quelque chose qui serait réellement dangereux, comme une machine de propagande optimisée par l’IA et financée par l’État, se faisant passer pour un réseau social. S’ils ne peuvent pas interdire des produits, alors il ne s’agit pas de protection des consommateurs : il s’agit simplement d’extraction de richesses.
Et s’ils sont poursuivis, quelles sont les sanctions ? Jusqu'à 7% du chiffre d'affaires annuel mondial. C'est une farce. Si l’UE affirme que cette technologie est si dangereuse qu’elle nécessite une réglementation à l’échelle européenne, alors les sanctions devraient en réalité être beaucoup plus lourdes. S’il y a un mauvais acteur qui dirige une entreprise d’IA massivement abusive et que la plus grande menace à laquelle il est confronté est une pénalité de revenus de 7 % qu’il peut probablement réduire à 2 % après quelques années de litige, alors cela n’a aucun effet dissuasif ! Ces entreprises fonctionnent avec une marge brute de 75 %. Vous avez une année qui tourne à 73% ? Cela n’a pas d’importance.
Cela place la loi sur l’IA dans une situation intermédiaire lamentable en matière de réglementation : suffisamment ennuyeuse pour dissuader les entrepreneurs légitimes, suffisamment édentée pour ne pas empêcher des abus à grande échelle. Je suis choqué que la loi sur l’IA ne prévoie aucune possibilité d’interdire quelque chose qui serait réellement dangereux, comme une machine de propagande optimisée par l’IA et financée par l’État, se faisant passer pour un réseau social. S’ils ne peuvent pas interdire des produits, alors il ne s’agit pas de protection des consommateurs : il s’agit simplement d’extraction de richesses.
Que pensez-vous de l'avis d'Emmanuel Macron sur la nouvelle loi européenne sur l'IA ?
Quels sont les principaux avantages et inconvénients de l’Acte sur l’IA de l’UE pour les startups et les entreprises établies dans le domaine de la technologie ?
Comment l’UE peut-elle équilibrer la protection des droits fondamentaux avec la nécessité de ne pas entraver l’innovation dans le secteur de l’IA ?
Quelles mesures spécifiques peuvent être prises pour assurer que l’Acte sur l’IA n’entrave pas la compétitivité des entreprises européennes sur la scène mondiale ?
Comment les entreprises européennes peuvent-elles s’adapter pour rester compétitives tout en respectant les nouvelles réglementations de l’UE sur l’IA ?
Quel rôle les autres acteurs mondiaux, tels que les États-Unis, le Royaume-Uni et la Chine, jouent-ils dans la formation de la législation européenne sur l’IA et comment cela affecte-t-il l’innovation au sein de l’UE ?
Quelles sont les implications de l’Acte sur l’IA pour la souveraineté technologique de l’Europe et comment cela se compare-t-il aux approches d’autres régions ?
Comment l’UE peut-elle encourager la collaboration internationale dans le développement de l’IA tout en maintenant des normes éthiques élevées ?