Selon les informations rapportées par les médias américains, l'AFM entame ce jour des négociations sur un nouveau contrat avec l'Alliance of Motion Picture and Television Producers (AMPTP). Le syndicat aurait déclaré qu'il cherche à obtenir un accord qui reflète mieux l'état actuel des médias en continu. L'AFM souhaite également obtenir une protection contre l'IA, une augmentation des salaires, une amélioration des soins de santé, une amélioration des conditions de travail et des paiements résiduels pour les contenus diffusés en continu. À en croire le syndicat, les musiciens sont de plus en plus défavorisés dans le milieu du cinéma.
À titre d'exemple, l'AFM estime que les musiciens qui enregistrent des bandes originales gagnent 75 % de moins sur les contenus diffusés en continu, en raison de revenus résiduels moindres. « L'industrie du divertissement a fondamentalement changé. Mais les musiciens ne sont pas rémunérés en conséquence pour la diffusion en continu », a déclaré le syndicat dans un communiqué de presse. Le groupe veut remédier à cette situation. Le président et négociateur en chef de l'AFM, Tino Gagliardi, a déclaré à CNN : « le syndicat sera prêt à faire tout ce qu'il faut pour obtenir ce qu'il faut, afin d'améliorer la vie des musiciens ».
« Nos musiciens ont subi des réductions de salaire l'année dernière en raison du changement de modèle économique et de la manière dont notre produit est distribué. Nous devons remédier à cette situation afin que nos musiciens puissent continuer à acheter des couches, à payer leur loyer et leur hypothèque et à bénéficier d'un salaire décent et d'une retraite décente. La musique est ce qui donne leur âme à nos films et émissions préférés, et ces travailleurs attendent et méritent d'être traités équitablement et de recevoir le contrat qu'ils ont mérité », affirme Gagliardi qui espère que les négociations vont bien se dérouler.
« Nous entamons ces négociations en toute bonne foi et nous espérons que l'AMPTP fait de même », a-t-il déclaré. L'AMPTP, quant à elle, a déclaré au média qu'elle attend avec impatience des négociations productives avec l'AMF, dans le but de conclure "un accord qui garantira une année active pour l'industrie et reconnaîtra la valeur ajoutée des musiciens aux films et à la télévision". L'AFM compte environ 70 000 membres aux États-Unis et au Canada, comprenant des musiciens travaillant dans des orchestres, des groupes, des clubs et des théâtres qui créent de la musique pour le cinéma, la télévision, les publicités et d'autres supports.
Les négociations à venir de l'AFM font suite aux longues grèves menées en 2023 par la Writers Guild of America (WGA) et la Screen Actors Guild-American Federation of Television and Radio Artists (SAG-AFTRA). La Screen Actors Guild‐American Federation of Television and Radio Artists (SAG-AFTRA) est un syndicat professionnel américain représentant plus de 160 000 acteurs, figurants, et professionnels des médias du monde entier, travaillant pour le cinéma, la télévision, la publicité, les jeux vidéo, la radio, la musique, etc. La grève de la WGA a duré près de cinq mois et celle de la SAG-AFTRA près de quatre mois.
Les acteurs protestaient contre ce qu'ils appellent "une utilisation abusive de l'IA" par les studios de cinéma. À l'époque, la présidente du syndicat SAG-AFTRA, Francine Joy Drescher (dite Fran Drescher), a expliqué : « l'IA constitue une menace existentielle pour les industries créatives et les acteurs devaient être protégés contre l'exploitation de leur identité et de leur talent sans leur consentement et sans rémunération ». La grève de la SAG-AFTRA visait la revalorisation de la rémunération des acteurs américains. Selon les responsables du syndicat, cela était nécessaire pour empêcher l'IA de précariser la profession des acteurs.
La SAG-AFTRA a conclu en novembre un accord avec les studios de cinéma, ce qui a mis fin aux grèves. Duncan Crabtree-Ireland, directeur exécutif et négociateur en chef de la SAG-AFTRA, a déclaré que les gains obtenus dans le cadre de l'accord justifiaient la lutte : « c'est un accord dont nos membres peuvent être fiers. Je suis certainement très fier de cet accord. Nous avons dit que nous n'accepterions qu'un accord juste, équitable et respectueux, et c'est précisément ce qu'est cet accord ». La grève organisée par la SAG-AFTRA représentait la plus longue grève jamais observée pour les acteurs de cinéma et de télévision.
Cependant, au début de cette année, la SAG-AFTRA a annoncé un autre accord au CES 2024 qui a été vivement critiqué. L'accord a été conclu avec Replica Studios, une société d'IA spécialisée dans la création d'outils de génération de voix. Il prévoit un nouvel ensemble de normes pour protéger les voix off dans l'industrie du jeu vidéo. Selon certains analystes, l'accord montre que le syndicat n'est pas aussi opposé à la technologie de l'IA que l'on aurait pu le croire après sa grève épique de 2023. L'accord exige, entre autres, le consentement de l'artiste-interprète à l'utilisation de sa voix pour des voix off générées par l'IA.
L'AFM n'est pas le seul syndicat de l'industrie du divertissement qui pourrait faire grève en 2024. L'International Alliance of Theatrical Stage Employees (IATSE), qui représente plus de 170 000 membres d'équipes de production, verra son contrat expirer en juillet. Matthew Loeb, président de la guilde, n'a pas exclu la possibilité d'une grève. « Les gens sont prêts à se battre et les studios seraient mal avisés de penser qu'ils nous ont affaiblis au point de nous empêcher de le faire », a déclaré Loeb au début du mois.
Compte tenu de la taille de l'IATSE et de la nécessité de disposer de membres d'équipe pour la production, une grève de longue durée pourrait être dévastatrice pour les studios et l'économie californienne après la pandémie et les grèves de 2023. « Tous nos collègues d'Hollywood souffrent. Nous sommes tous dans le même bateau et nous nous battons tous pour une cause », explique Gagliardi.
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