
Deux employés chevronnés d'OpenAI, Ilya Sutskever et Jan Leike, ont annoncé leur démission. Cette décision intervient six mois après une tentative infructueuse d'éviction du PDG Sam Altman de la société d'intelligence artificielle.
Sutskever, qui a cofondé la start-up de San Francisco et y travaille depuis près de dix ans, a indiqué qu'il quittait son rôle de scientifique en chef dans un message publié sur X. Qualifiant la croissance d'OpenAI de « tout simplement miraculeuse », Sutskever s'est dit convaincu que l'entreprise construira une IA « à la fois sûre et bénéfique » sous la direction d'Altman, du président et cofondateur Greg Brockman et de la directrice de la technologie Mira Murati.
Il a également félicité Jakub Pachocki pour l'avoir remplacé en tant que scientifique en chef d'OpenAI.
« Ce fut un honneur et un privilège de travailler ensemble, et tout le monde me manquera énormément. À bientôt, et merci pour tout », a écrit Sutskever. « Je suis enthousiaste pour la suite - un projet qui me tient personnellement à cœur et dont je partagerai les détails en temps voulu ».
[TWITTER]<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="en" dir="ltr">After almost a decade, I have made the decision to leave OpenAI. The company’s trajectory has been nothing short of miraculous, and I’m confident that OpenAI will build AGI that is both safe and beneficial under the leadership of <a href="https://twitter.com/sama?ref_src=twsrc%5Etfw">@sama</a>, <a href="https://twitter.com/gdb?ref_src=twsrc%5Etfw">@gdb</a>, <a href="https://twitter.com/miramurati?ref_src=twsrc%5Etfw">@miramurati</a> and now, under the…</p>— Ilya Sutskever (@ilyasut) <a href="https://twitter.com/ilyasut/status/1790517455628198322?ref_src=twsrc%5Etfw">May 14, 2024</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>[/TWITTER]
Leike, qui a codirigé le groupe dit de superalignement à OpenAI, a été moins loquace au sujet de sa démission, faisant l'annonce sur X simplement avec les mots « J'ai démissionné ».
[TWITTER]<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="en" dir="ltr">I resigned</p>— Jan Leike (@janleike) <a href="https://twitter.com/janleike/status/1790603862132596961?ref_src=twsrc%5Etfw">May 15, 2024</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script>[/TWITTER]
Leike et Sutskever dirigeaient l'équipe de superalignement d'OpenAI, qui a connu un certain nombre de départs au cours des derniers mois
C'est en juillet qu'OpenAI a mis sur pieds une division de recherche « d'alignement », conçue pour se préparer à l'essor de la superintelligence artificielle et s'assurer qu'elle ne se tourne pas contre les humains. Cette équipe s'est vue confier la tâche de maitriser et à superviser l’IA. Elle est composée de « chercheurs et d’ingénieurs de haut niveau en apprentissage automatique », se concentrera sur l’avènement de la « superintelligence ».
Il s’agit d’une intelligence artificielle, encore au stade hypothétique, capable de surpasser l’esprit humain, explique OpenAI. Cette technologie pourrait aider l’humanité « à résoudre bon nombre des problèmes les plus importants du monde ».

Il s'ensuit qu'une partie du travail du duo consistait, selon OpenAI, à « s'assurer que les systèmes d'IA beaucoup plus intelligents que les humains suivent les intentions de ces derniers ».
Le fait qu'il n'existe pas encore de tels contrôles est un problème que l'OpenAI a reconnu, comme l'indique son message de juillet 2023.
« Actuellement, nous n'avons pas de solution pour diriger ou contrôler une IA potentiellement superintelligente et l'empêcher d'agir de manière déréglée. Nos techniques actuelles d'alignement de l'IA, telles que l'apprentissage par renforcement à partir de commentaires humains, reposent sur la capacité des humains à superviser l'IA », peut-on lire dans le billet d'OpenAI. « Mais les humains ne seront pas en mesure de superviser de manière fiable des systèmes d'IA beaucoup plus intelligents que nous, et nos techniques d'alignement actuelles ne pourront donc pas s'adapter à la superintelligence. Nous avons besoin de nouvelles percées scientifiques et techniques. »
Leike, qui a travaillé chez DeepMind de Google avant de rejoindre OpenAI, a de grandes ambitions pour « protéger les humains de la superintelligence que nous avons créée ». « C'est comme si nous avions ce problème difficile dont nous parlons depuis des années et des années, et que nous avions maintenant une réelle chance de le résoudre », a déclaré Leike dans un épisode d'août 2023 du podcast « 80 000 heures ».
Le feuilleton du licenciement de Sam Altman
La décision de licencier Altman a été prise soudainement en novembre de l'année dernière, lorsque OpenAI a annoncé que Murati avait été nommé PDG par intérim. Selon le Financial Times, Sutskever était l'un des employés qui s'étaient opposés à Altman à l'époque.
Le NYT explique pour sa part :
Certains membres du conseil d’administration d’OpenAI avaient trouvé en Altman un opérateur incroyablement glissant. Par exemple, plus tôt cet automne, il avait confronté un membre, Helen Toner, directrice du Centre pour la sécurité et les technologies émergentes de l'Université de Georgetown, pour avoir co-écrit un article qui apparemment critiquait OpenAI pour « attiser les flammes du battage médiatique sur l'IA ». Toner s'était défendue (même si elle s'est ensuite excusée auprès du conseil d'administration de ne pas avoir prévu comment le journal pourrait être perçu). Altman a commencé à contacter individuellement d'autres membres du conseil d'administration pour la remplacer. Lorsque ces membres ont comparé leurs notes sur les conversations, certains ont estimé qu’Altman les avait présentés à tort comme soutenant le retrait de Toner. « Il les montait les uns contre les autres en mentant sur ce que pensaient les autres », m’a dit la personne familière avec les discussions du conseil d’administration.
Le départ d'Altman est intervenu quelques jours seulement après qu'il a annoncé que la société avait suspendu les inscriptions à ChatGPT Plus en raison d'une « augmentation de l'utilisation ». Au début du mois, la société a déclaré qu'elle souffrait de pannes dues à un trafic anormal qui « reflétait » une attaque DDoS.
Brockman a également été démis de ses fonctions au sein du conseil d'administration de l'OpenAI, mais il a été autorisé à conserver son rôle de président. Il a quitté OpenAI en réaction à ces événements.
Le 20 novembre, le PDG de Microsoft, Satya Nadella, a déclaré qu'Altman et Brockman rejoignaient Microsoft pour diriger une nouvelle « équipe de recherche en IA avancée ». Le 22 novembre, Altman a été rétabli dans ses fonctions de PDG de l'OpenAI, avec un nouveau conseil d'administration composé de Larry Summers, Adam D'Angelo et Bret Taylor en tant que président.
Les rapports de l'époque suggèrent que les employés de la société, déconcertés par l'absence d'explication qui leur a été donnée au sujet du licenciement d'Altman, ont fait pression sur le conseil d'administration pour qu'il démissionne et rétablisse l'ancien PDG dans ce qu'ils estimaient être son poste légitime....
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