Le « contenu », tel qu'il est défini dans les nouvelles CGU d’Adobe, concerne tout ce que l’utilisateur fait avec le logiciel. Adobe se donne le droit via ces dernières d'accéder à votre contenu (vidéos, etc.), de le visionner ou même de l'écouter.
Cela inclut tout contenu que l’utilisateur télécharge sur leur plateforme d’informatique en nuage, et même les fichiers locaux. Dans le cas des fichiers locaux, les rapports y relatifs font état de ce qu’il suffit que l’utilisateur fasse usage d’une fonctionnalité qui intègre une des IA de gestion de contenus d’Adobe pour que le fichier soit transféré sur ses serveurs.
Cet état de choses suscite des inquiétudes car cela signifie qu'Adobe aura accès à des projets faisant l'objet d'un accord de non-divulgation, tels que des logos pour des jeux non annoncés ou d'autres projets médiatiques. Cela est d’autant plus à prendre en compte que les employés de ces entreprises se permettent souvent d’abuser de leurs accès admin pour avoir accès à de tels contenus. Le récent cas Google l’illustre.
Des intrusions qui semblent prendre en ampleur à l’ère de l’intelligence artificielle générative
Google a mis à jour sa politique de confidentialité à mi-parcours de l’année précédente. Le géant technologique indiquait alors qu’il se réserve le droit de récupérer à peu près tout ce que vous publiez en ligne pour créer ses outils d'intelligence artificielle.
« Recherche et développement : Google utilise les informations pour améliorer ses services et développer de nouveaux produits, ainsi que de nouvelles fonctionnalités et technologies utiles à ses utilisateurs et au public. Par exemple, Google utilise des informations disponibles publiquement pour contribuer à l'entraînement de ses modèles d'IA, et concevoir des produits et des fonctionnalités comme Google Traduction, Bard et les capacités d'IA de Cloud », indique la nouvelle politique de Google.
Microsoft n’est pas en reste avec Recall pour Windows 11 qui est un outil de recherche et de suivi de l'activité informatique, qui bénéficie de la puissance de l'intelligence artificielle. Lorsqu'il est activé, Recall prend régulièrement des clichés du bureau de l’utilisateur, qui peuvent ensuite servir de base à une recherche. Microsoft se veut rassurant sur ceci que les utilisateurs ont un contrôle total sur les applications et les activités qui sont enregistrées, mais ils ont aussi la tranquillité d'esprit de savoir que tous les traitements de données sont effectués localement et que les données privées sont tenues à l'écart de l'intelligence artificielle.
L’IA apparaît plus que jamais comme « l’œil de Sauron » qui met à mal les notions de confidentialité et de vie privée qui figurent parmi les droits des individus
« Nous attendons des organisations qu'elles soient transparentes avec les utilisateurs sur la manière dont leurs données sont utilisées et qu'elles ne traitent les données personnelles que dans la mesure où cela est nécessaire pour atteindre un objectif spécifique. L'industrie doit prendre en compte la protection des données dès le départ et évaluer et atténuer rigoureusement les risques pour les droits et libertés des personnes avant de mettre des produits sur le marché.
Nous nous renseignons auprès de Microsoft pour comprendre les garanties mises en place pour protéger la vie privée des utilisateurs », écrit l'ICO (« Information Commissioner's Office ») – l'autorité en charge du respect de la règlementation applicable aux données personnelles au Royaume Uni.
Et vous ?
Que pensez-vous de cette multiplication de mises à jour de politique de confidentialité qui ouvrent l’accès aux modèles d’intelligence artificielle des entreprises sur les PC des utilisateurs de leurs logiciels et services ? Cet état de choses vous surprend-t-il ? L’intelligence artificielle est-elle venu exacerber des pratiques qui avaient déjà cours ?
Que proposeriez-vous à des tiers qui souhaitent se protéger leurs contenus et données d'une utilisation comme données d'entraînement des IA des géants technologiques ?
Quelles dispositions entenez-vous prendre en tant qu'utilisateur de Photoshop ou de tout autre logiciel dont Adobe est l'éditeur ?
Voir aussi :
La presse écrite veut être payée pour les articles utilisés pour alimenter l'outil d'IA ChatGPT, elle exige une part du marché qui devrait atteindre 1 300 millions de dollars d'ici à 2032
OpenAI justifie pourquoi les données collectées pour la formation des modèles d'IA constituent selon elle un usage loyal et non une infraction
Des chercheurs mettent en garde contre un "effondrement du modèle" lorsque l'IA s'entraîne sur du contenu généré par l'IA, ils affirment que cela pourrait à terme éloigner l'IA de la réalité