Le mois dernier, le New York Times a annoncé la suppression de neuf postes au sein du département de production artistique. Cette suppression intervient alors que l'organe de presse intensifie l'utilisation de l'IA. Selon le syndicat du New York Times, la direction s'est débarrassée des employés du département de production artistique dans le but de les remplacer par des systèmes d'IA et de réaliser d'importantes économies. Dans une note de service divulguée, obtenue par TheWrap, le groupe défense affirme qu'en suivant cette voie, le New York Times sacrifie la qualité et la créativité humaine au profit des bénéfices.
« Nous sommes attristés par ces réductions et nous demandons instamment à la société de reconsidérer sa décision de sacrifier la qualité au profit des bénéfices. Ces mesures de réduction des coûts reflètent un état d'esprit plus large qui place les économies au détriment des personnes et de la qualité de notre travail », explique le syndicat. Selon le groupe syndical, une grande partie du travail du département de production artistique ne peut pas être simplement reproduite par les technologies d'IA existantes. Il affirme également que jusqu'à 30 % des revenus du New York Times sont issus du travail du département de production.
« Ils travaillent sur chaque image éditoriale qui apparaît dans le journal imprimé, ce qui représente plus de 30 % des revenus de cette entreprise. Supprimer 9 postes humains et s'attendre à ce que ce travail soit effectué par un logiciel est un exemple troublant de remplacement de nos membres par la technologie, à un moment où les tentatives de l'entreprise en matière d'intelligence artificielle menacent la sécurité d'autres emplois essentiels », indique le mémo. La direction rejette toutefois les allégations du syndicat, affirmant que ces réductions n'étaient pas motivées par une volonté de remplacer les travailleurs humains par l'IA.
Charlie Stadtlander, un porte-parole du New York Times a déclaré : « le mois dernier, la rédaction du Times a pris la décision difficile de réduire la taille de son équipe de production artistique en modifiant le flux de travail afin de rendre plus efficace le travail de tonification des photos et de correction des couleurs. Le 30 mai, nous avons proposé à neuf employés d'accepter de généreux départs volontaires. Ces changements impliquent l'adoption de nouveaux flux de travail et l'utilisation accrue d'outils standard utilisés depuis des années. Ils ne sont pas liés aux efforts du Times en matière d'IA ». Mais le syndicat ne partage pas cet avis.
Ces licenciements interviennent après que l'entreprise a adopté un logiciel d'IA appelé "Pixometry" (ex-Claro), un outil conçu pour l'automatisation de la correction d'images. Le site Web de l'outil indique : « Pixometry optimise automatiquement vos photos en améliorant les couleurs, les tons chair, le contraste et la netteté et ajoute des mots-clés pour créer des images percutantes et intelligentes en quelques secondes. De plus, Pixometry crée rapidement des découpes très précises de personnes, de produits, de véhicules, d'animaux, etc. ; le tout en zéro clic ». Selon le syndicat, c'est la raison derrière les réductions.
Le groupe syndical affirme que le rédacteur en chef Steve Duenes a qualifié Pixometry de "norme industrielle" actuelle en matière d'automatisation de l'art. Par ailleurs, le New York Times aurait refusé de nier que les réductions étaient liées à l'utilisation de Pixometry. En réponse à la déclaration du rédacteur en chef Steve Duenes, le groupe syndical a indiqué : « ce n'est pas parce que quelque chose est la norme de l'industrie que c'est bon ». Le syndicat reconnaît que le département de production artistique utilise déjà Pixometry pour faciliter son travail. Toutefois, le logiciel est "facultatif" et "un humain supervise le produit final".
Pour appuyer davantage son argumentaire, le syndicat a également noté que le New York Times a récemment remporté neuf médailles d'or décernées par la Society for News Design, dont trois pour la série de photos du journal, ce qui témoigne de l'impact du travail du département artistique. « Le Times a mis sa réputation au service d'un journalisme visuel et imprimé honnête. Les professionnels qualifiés de notre département ont joué un rôle essentiel dans ces efforts, et Claro n'est pas à la hauteur de la tâche », a déclaré dans un communiqué Chris Kahley, qui travaille au département de production artistique depuis 25 ans.
De son côté, Audrey Razgaitis, directrice artistique de la section Print Hub du journal, affirme : « se débarrasser d'un personnel dévoué qui contribue constamment à faire du New York Times la vitrine visuelle qu'il est est cruel. Je pensais que nous valions mieux que cela ». L'expérience des employés licenciés par le New York Times reflète une évolution plus large. Dans de nombreux secteurs, l'IA est utilisée pour produire des travaux qui étaient autrefois l'apanage de l'esprit humain. L'IA est souvent moins coûteuse qu'une personne, mais les premiers utilisateurs se rendent vite compte qu'elle n'est pas toujours aussi performante.
Aujourd'hui, de plus en plus de travailleurs sont contraints à faire équipe avec les machines qui leur volent leur travail afin de donner aux algorithmes un peu d'humanité ; une armée cachée qui fait paraître l'IA meilleure qu'elle ne l'est en réalité. Alors, l'IA va-t-elle vous voler votre emploi ? Difficile à dire. Certains experts pensent que des robots super intelligents remplaceront bientôt la plupart des emplois humains, tandis que d'autres pensent que l'IA ne s'approchera peut-être jamais de ce point. D'autres encore affirment que nous nous dirigeons vers un avenir où l'IA et l'homme collaboreront plutôt que de se concurrencer.
Enfin, il convient de rappeler que les suppressions de postes au sein du département de production artistique du New York Times interviennent alors que l'industrie des médias est confrontée à l'intégration de technologies d'IA avancées dans l'espace journalistique. De nombreux organes de presse ont conclu des accords avec des entreprises d'IA afin d'obtenir des redevances liées à l'utilisation de leurs contenus pour la formation de l'IA ou pour bénéficier des fonctionnalités d'IA.
Le New York Times a notamment intenté une action en justice contre OpenAI (et Microsoft) pour avoir utilisé sans autorisation des contenus protégés par le droit d'auteur pour former ses modèles d'IA. Le journal cherche à obtenir des dommages et intérêts pour le contenu utilisé à son insu. Lors de la publication de ses résultats du premier trimestre, le journal a indiqué qu'il a déjà dépensé un million de dollars en frais liés au procès contre OpenAI et Microsoft.
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