Donald Trump se positionne comme celui qui favorisera le plus le développement de la Silicon Valley en cas de victoire aux élections présidentielles de novembre prochain. Un nouveau rapport du Washington Post laisse entendre que Donald Trump et ses proches travaillent à renforcer le monopole des États-Unis sur le secteur mondial de la Tech, ce qui consoliderait par la même occasion l'influence de la Silicon Valley et le pouvoir des milliardaires de la technologie qui le soutiennent. Le rapport indique que Donald Trump et ses alliés comptent notamment faire du pays la première puissance mondiale en matière d'IA.
Le groupe aurait rédigé un décret d'envergure qui comprend une section intitulée "Make America First in AI". Il appelle à un examen immédiat de ce qu'il qualifie de "réglementations inutiles et pesantes" sur le développement de l'IA. Ce projet contraste avec le décret de l'administration Biden d'octobre dernier, qui imposait de nouvelles exigences en matière de tests de sécurité pour les systèmes d'IA avancés. De plus, le décret de l'équipe de Donald Trump pourrait laisser le monopole de la régulation aux entreprises d'IA elles-mêmes, notamment à travers la création d'agences dirigées par l'industrie avec un rôle spécifique.
Selon le projet de décret, obtenu par le Washington Post, le rôle de ces agences consistera à évaluer les modèles d'IA et protéger les systèmes contre les menaces étrangères. La proposition, bien qu'elle n'a pour l'instant pas été confirmée par le camp Trump, a suscité de nombreuses préoccupations dans la communauté. L'idée de laisser les entreprises technologiques s'autoréguler pourrait avoir de graves conséquences, car elles pourraient être amenées à donner la priorité au profit plutôt qu'à la sécurité. « Le domaine de l'IA deviendrait tout de suite le Far West et nous assisterons à des projets dangereux », déplore un critique.
L'ancien conseiller économique en chef de Donald Trump, Larry Kudlow, qui dirige aujourd'hui l'America First Policy Institute, serait impliqué dans ce projet. Le décret de Joe Biden sur l'IA exige que les grandes entreprises technologiques communiquent au gouvernement fédéral les risques liés à leurs modèles d'IA. Il limite également l'utilisation par le gouvernement de systèmes d'IA dans les situations à haut risque et prévoit des programmes visant à étudier les pratiques potentiellement dangereuses de l'IA en matière de soins de santé. Mais les républicains (GOP) se sont déjà engagés à abroger le décret de Joe Biden sur l'IA.
« Nous abrogerons le dangereux décret de Joe Biden qui entrave l'innovation en matière d'IA et impose des idées de gauche radicale au développement de cette technologie. À la place, les Républicains soutiennent le développement de l'IA ancré dans la liberté d'expression et l'épanouissement de l'être humain », indique la plateforme du GOP. Si ces initiatives se concrétisent, elles bénéficieront probablement aux donateurs de Donald Trump issus du monde de la technologie, notamment Elon Musk, milliardaire de Tesla. Musk a apporté son soutien au candidat et envisage de donner 45 millions de dollars par mois.
Cette approche profiterait probablement aux entreprises technologiques qui collaborent déjà avec le Pentagone sur des projets d'IA, comme Palantir, Anduril et Scale AI. Les dirigeants de ces entreprises auraient exprimé leur soutien à Donald Trump. Joe Lonsdale, cofondateur de Palantir, un trio de pionniers du capital-risque et les jumeaux Winklevoss figurent parmi les dirigeants de la technologie qui ont fait des dons à America PAC, un comité d'action politique soutenant l'ancien président Donald Trump. America PAC aurait recueilli plusieurs dons d'un million de dollars de la part de patrons et milliardaires de la Silicon Valley.
Les milliardaires de la Silicon Valley ont salué le choix du sénateur de l'Ohio et ancien investisseur en capital-risque James David Vance comme colistier de Donald Trump. J. D. Vance a des liens de longue date avec les cercles d'élite de la technologie, ayant travaillé pour le fonds de capital-risque de Peter Thiel, Mithril Capital, à San Francisco entre 2015 et 2017. Il aussi travaillé pour le fonds de capital-risque Revolution, basé à Washington et lancé par le directeur général d'AOL, Steve Case. L'enthousiaste Jacob Helberg, cadre de Palantir et grand donateur de Donald Trump, a déclaré que Vance est "un choix protechnologie".
Crystal McKellar, fondatrice et associée gérante d'Aloft VC, a travaillé avec Vance chez Mithril Capital en 2012 et a accueilli la nouvelle avec enthousiasme. Dans une déclaration lundi, McKellar a expliqué : « il [J. D. Vance] sera bon pour la Silicon Valley parce que c'est un bon capitaliste du marché libre qui croit à la croissance et à l'innovation et à l'élimination de la réglementation qui étrangle la croissance. Et il sera bon pour le pays pour les mêmes raisons et parce qu'il éprouve une véritable compassion pour les oubliés et les laissés-pour-compte du progrès », les soutiens de Donald Trump dans la Silicon Valley se multiplient.
Vance, connu pour ses antécédents en matière de capital-risque et ses ses liens avec des personnalités de la Silicon Valley comme Marc Andreessen et Peter Thiel, a exprimé son opposition à la réglementation de l'IA et a critiqué les Big Tech pour avoir encouragé la surveillance gouvernementale. Vance a exprimé son soutien à l'IA open source par le passé, ce qui complique encore un peu plus la situation. Ses relations avec la Silicon Valley sont toutefois quelque peu complexes.
Donald Trump souhaite désormais le maintien de TikTok sur le marché américain, principalement parce qu'il veut que Facebook soit davantage concurrencé, bien qu'il a tenu des propos qui démontrent qu'il a un problème personnel avec Mark Zuckerberg. Il est également devenu favorable aux cryptomonnaies, expliquant que l'alternative serait de perdre la domination des cryptomonnaies au profit d'un autre pays, peut-être la Chine, un adversaire des États-Unis.
Ainsi, Joe Biden serait en train de perdre le soutien des milliardaires de la Tech en raison de sa politique. Les critiques indiquent que Donald Trump bénéficie du soutien de la Silicon Valley en raison du fait qu'ils jugent son programme et ses positions favorables à la technologie. En cas de victoire de Donald Trump, ils espèrent bénéficier à leur tour d'une réglementation laxiste afin de continuer à développer sans maux de tête l'IA, le marché des cryptomonnaies, etc.
Hilton Beckham, porte-parole de l'America First Policy Institute, a déclaré que le projet de décret ne représente pas la "position officielle" de l'organisation, et ne doit pas non plus être considéré comme représentant le point de vue du Parti républicain. Cependant, la rumeur sur ce décret suscite beaucoup de réactions.
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