Au début d'année, des rapports révélaient que des organismes militaires chinois, des instituts de recherche sur l'intelligence artificielle gérés par l'État et des universités ont acheté de petits lots de semi-conducteurs Nvidia dont l'exportation vers la Chine est interdite par les États-Unis. Il s'agit notamment des puces A100 et H100, plus puissantes, ainsi que des puces A800 et H800, plus lentes, que Nvidia avait alors développées pour le marché chinois. Il est intéressant de remarquer que l'achat ou la vente de puces américaines haut de gamme n'est pas illégal en Chine et les documents d'appel d'offres accessibles au public montrent que des dizaines d'entités chinoises ont acheté et réceptionné des semi-conducteurs Nvidia depuis que les restrictions ont été imposées.
Un récent rapport du Financial Times révèle même que la location des puces d'IA de Nvidia serait moins chère en Chine qu'aux États-Unis, malgré les contrôles stricts à l'exportation visant à limiter l'accès de la Chine aux puces avancées. Les petits fournisseurs de cloud chinois facturent environ 6 dollars par heure pour louer des serveurs équipés de huit processeurs Nvidia A100, contre 10 dollars par heure pour leurs homologues américains.
De leur côté, les grands géants chinois de la technologie, tels qu'Alibaba et ByteDance, pratiquent des prix plus élevés - plus proches des taux mondiaux - mais proposent toujours des offres compétitives qui rivalisent avec les grands fournisseurs américains tels qu'Amazon Web Services (AWS), qui facture entre 15 et 32 dollars de l'heure.
Alors que le gouvernement américain a interdit l'exportation de puces A100 vers la Chine depuis fin 2022 et restreint la vente de puces H100, des entreprises chinoises les achèteraient par des voies non officielles.
Les puces sont introduites clandestinement en Chine depuis des pays comme le Japon, la Malaisie et l'Indonésie et font l'objet de publicités sur des plateformes de commerce électronique telles que Xiaohongshu et Taobao, a constaté le Financial Times. Le fondateur d'une startup chinoise a déclaré que les puces Nvidia qu'il avait achetées provenaient du Japon et que les numéros de série avaient été supprimés.
Malgré ces révélations, Nvidia a réaffirmé qu'elle vendait ses processeurs principalement à des partenaires de confiance et qu'elle respectait la réglementation américaine en matière d'exportation. Toutefois, les experts affirment que l'application des contrôles à l'exportation devient plus difficile une fois que les produits sont vendus à l'échelle internationale, ce qui permet aux circuits du marché noir de prospérer.
Le ministère de la justice a récemment intensifié son enquête sur la position dominante de Nvidia sur le marché des puces d'intelligence artificielle, soulevant des inquiétudes quant à des pratiques anticoncurrentielles. Cette enquête en cours a fait fluctuer les actions de Nvidia, ajoutant une incertitude supplémentaire à l'avenir de l'entreprise dans le cadre de ses efforts d'expansion mondiale.
Source : Financial Times
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