Les entretiens d'embauche gérés par les avatars d'IA gagnent en popularité
Jack Ryan, un demandeur d'emploi, a récemment partagé sur LinkedIn son expérience avec un avatar d'IA qui lui a fait passer un entretien d'embauche en temps réel. Dans un extrait vidéo de quelques secondes de l'entretien, l'intervieweur, une femme aux cheveux roux, lui dit : « je trouve que cela aide lorsque les candidats me racontent une histoire en répondant aux questions. Je cherche des exemples de votre expérience professionnelle ». L'intervieweur a une voix guindée et affiche d'autres traits de caractère peu naturels. Vous l'aurez compris, il ne s'agit pas d'une personne réelle, mais bien d'un agent d'IA.
Cet avatar d'IA a été développé par une startup appelée Fairgo AI, qui utilise des agents d'IA pour interviewer des candidats à l'emploi pour le compte d'autres entreprises. L'entreprise explique sur son site Web que le processus d'entretien est peu stressant et que « les candidats apprécient systématiquement l'expérience de l'entretien ». Cependant, dans son billet sur LinkedIn, Jack Ryan a écrit : « je ne sais pas si je suis impressionné, choqué ou terrifié... ».
Sur son site Web, Fairgo affirme que « son agent d'IA parle aux candidats à tout moment et en tout lieu ». La startup affirme qu'elle peut garantir que « chaque candidat est évalué sur un pied d'égalité grâce à des pratiques d'entretien cohérentes et impartiales ». Julian Bright, fondateur et PDG de Fairgo, a expliqué qu'après une vidéo d'introduction prononcée par l'avatar d'IA, les entretiens avec les candidats sont menés par une IA uniquement auditive.
« À aucun moment la vidéo ou l'audio capturé n'est utilisé pour évaluer le candidat », a déclaré Julian Bright dans un courriel à 404 Media. L'évaluation se fait à l'aide d'une transcription. Julian Bright précise que Fairgo ne prend pas de décision quant à la sélection des candidats pour un poste ; cette tâche incombe aux recruteurs. Mais ce n'est pas ainsi que le demandeur d'emploi Jack Ryan a décrit son entretien. Dans un entretien avec 404 Media, il a déclaré :
Envoyé par Jack Ryan
« En tant que personne handicapée qui dépend du télétravail, je suis déjà préoccupé par le fait de déclarer ouvertement que je suis handicapé dans les formulaires que les entreprises mettent à la fin de leurs demandes d'emploi. J'imagine que l'ajout d'une composante IA dans ce mélange aurait l'effet inverse de l'inclusion et de l'IED », a déclaré Jack Ryan.
Les recruteurs tentent de réduire les coûts liés au recrutement grâce à l'IA
Au cours des deux dernières années, les entreprises ont réduit drastiquement leurs équipes pour réduire les coûts. Avec une équipe de RH et de recrutement réduite, la charge de travail devient pesante. Ceux qui ont évité de recevoir une lettre de licenciement doivent maintenant assumer le travail supplémentaire de ceux qui ont quitté l'entreprise. De nouvelles startups proposent aux entreprises d'alléger le fardeau du recrutement grâce à l'IA. Elles proposent des outils d'IA capables de générer la planification, mener des entretiens d'embauche en temps réel avec les candidats et fournir un retour d'information immédiat.
Fairgo et Apriora sont des startups proposant des outils de ce type. Ces outils leur permettent de gagner du temps et de réduire les coûts. Fin 2019, Unilever a déclaré avoir économisé 100 000 heures et environ un million de dollars en coûts de recrutement grâce à des entretiens vidéo automatisés. LinkedIn et ZipRecruiter utilisent l'IA générative pour offrir des recommandations d'emploi et permettre aux recruteurs de générer des listes en quelques secondes.
Moonhub, une startup soutenue par Google, utilise un robot d'IA pour parcourir l'internet, recueillant des données sur des sites tels que LinkedIn et GitHub, afin de trouver des candidats appropriés. Sur HireVue, des robots dotés de questionnaires précis réalisent des évaluations vidéo pour analyser la personnalité des candidats. De nouvelles entreprises centralisent ces capacités, permettant aux entreprises de gérer le recrutement de manière quasi automatique.
Mais les experts en recrutement sont sceptiques quant aux bienfaits de cette évolution. Nombre d'entre eux craignent que l'IA n'aggrave un système déjà frustrant, entraînant de nouveaux problèmes tels que les embauches fantômes où des robots pourraient se faire passer pour des personnes. Plusieurs recruteurs chevronnés n'ont intégré l'IA dans leur flux de travail que pour la génération automatique de descriptions de postes et le résumé des appels des candidats.
Tatiana Becker, spécialisée dans le recrutement technologique, a souligné que les logiciels actuels de correspondance des CV manquent de nuances, se limitant souvent à une simple recherche par mots-clés sans pouvoir identifier les candidats issus de grandes écoles ou ayant des antécédents de promotions rapides.
Les chatbots utilisés par l'agence de Tatiana Becker ne réussissent pas toujours à bien associer les candidats aux postes, ce qui peut décourager les postulants. Malgré ces défis, de nombreuses entreprises poursuivent l'intégration de l'IA dans le processus de recrutement, souvent en raison d'une pression hiérarchique. Pallavi Sinha, de la startup Humanly, reconnaît que l'IA dans le recrutement est encore à ses débuts, mais elle prédit une adoption croissante.
Les recruteurs sont inondés de CV générés par l'IA et font appel à l'IA pour les trier
L'IA générative permet maintenant aux candidats de générer rapidement des CV et des lettres de motivation afin de postuler à plusieurs postes. Cependant, si l'IA semble faciliter la tâche aux demandeurs d'emploi, ce n'est pas forcément le cas chez les recruteurs. D'une part, les recruteurs et les employeurs se plaignent de l'augmentation importante du nombre de candidatures et d'autre part, de la faible des dossiers très médiocres générés par l'IA. Ainsi, de plus en plus de recruteurs et d'entreprises font appel à l'IA pour les aider à faire le tri des candidatures, et réduire les coûts liés au processus de recrutement.
Khyati Sundaram, directeur général d'Applied, une plateforme de recrutement, a expliqué que l'avalanche de candidatures générées par l'IA a conduit à plus que doubler le nombre de candidats par poste alors que la barrière à l'entrée est plus faible. « Nous constatons sans aucun doute un volume plus important et une qualité moindre, ce qui signifie qu'il est plus difficile de faire le tri. Un candidat peut copier et coller n'importe quelle question de candidature dans ChatGPT, puis la copier et la coller à nouveau dans le formulaire de candidature », a-t-elle ajouté. Il peut répéter l'opération pour une dizaine de candidatures.
Sur la base des estimations d'employeurs et de recruteurs qui ont parlé au Financial Times, ainsi que de multiples enquêtes publiées, ce chiffre atteindrait 50 % des candidats. Selon une enquête menée auprès de 2 500 travailleurs britanniques par la startup Beamery, environ 46 % des demandeurs d'emploi utilisent l'IA générative pour rechercher des postes et y postuler. Dans un autre sondage réalisé par la plateforme Canva auprès de 5 000 demandeurs d'emploi du monde entier, 45 % d'entre eux ont utilisé l'IA pour créer ou améliorer leur CV. Selon les recruteurs, il y a des détails qui peuvent mettre la puce à l'oreille.
Il y a notamment : un langage générique ou maladroit, des candidatures fades, etc. « Nous constatons une utilisation accrue de l'IA », a déclaré Andy Heyes, directeur général régional du recruteur technologique Harvey Nash, dont le siège est au Royaume-Uni. Il a ajouté que les signes révélateurs [comme] la grammaire américaine et les candidatures fades donnaient une indication sur l'utilisation de l'IA par les candidats.
« Si le CV n'est pas correctement édité, le langage sera lourd et générique, et les recruteurs pourront le détecter. Le CV doit montrer la personnalité du candidat, ses passions, son histoire, et c'est quelque chose que l'IA ne peut tout simplement pas faire », a déclaré Victoria McLean, directrice générale de la société de conseil en carrière CityCV. Cependant, ces candidatures sont encore largement difficiles à déceler.
De nombreux grands employeurs ont une attitude de tolérance zéro à l'égard de l'utilisation de l'IA, selon plusieurs personnes connaissant leurs processus. Les quatre grands comptables - Deloitte, EY, PwC et KPMG - ont mis en garde les diplômés contre l'utilisation de l'IA dans leurs candidatures.
Source : billet de blogue
Et vous ?
Quel est votre avis sur le sujet ?
Les avatars d'IA sont désormais chargés de mener des entretiens d'embauche. Qu'en pensez-vous ?
Pensez-vous que les entretiens d'embauche gérés par l'IA puissent permettre d'éliminer les préjugés ? Favorisent-ils l'équité ?
Quelles sont les préoccupations que posent les entretiens d'embauche gérés par l'IA ? Introduisent-ils d'autres formes de discrimination ?
Voir aussi
Les demandeurs d'emploi inondent les recruteurs de CV et de lettres de motivations de mauvaise qualité générés par l'IA, sur un marché de l'emploi déjà tendu et confronté à des licenciements massifs
L'IA vous reçoit maintenant : révolution et controverses des entretiens d'embauche automatisés, une méthode prometteuse sous le feu des critiques
L'impact de l'IA sur les chercheurs d'emploi : les CV sont analysés par des systèmes d'IA et les entretiens sont menés par des chatbots, préférez-vous être recruté par une IA ?