
Les utilisateurs de la plateforme d'IA conversationnelle ChatGPT ont découvert un phénomène intéressant au cours du week-end : le populaire chatbot a refusé de répondre aux questions lorsqu'on lui parle d'un « David Mayer ». Lorsqu'on lui demande de le faire, il se fige instantanément. Des théories du complot ont vu le jour, mais une raison plus ordinaire pourrait être à l'origine de ce comportement étrange.
Le week-end dernier, la nouvelle s'est rapidement répandue que le nom était un poison pour le chatbot, et de plus en plus de personnes ont essayé de tromper le service pour qu'il reconnaisse simplement le nom. Pas de chance : chaque tentative de faire épeler ce nom spécifique par le ChatGPT le fait échouer ou même s'interrompre en plein milieu du nom.
À noter que si c'est le nom David Mayer qui a d'abord soulevé l'intérêt sur internet, depuis, on a découvert que plusieurs autres noms créaient le même genre de réaction sur ChatGPT, notamment Brian Hood, Jonathan Turley, Jonathan Zittrain, David Faber et Guido Scorza (D'autres ont sans doute été découverts depuis, cette liste n'est donc pas exhaustive).
Qui sont ces hommes ? Et pourquoi ChatGPT les déteste-t-il tant ? OpenAI n'ayant pas répondu aux demandes répétées des médias, certains internautes se sont mis à énoncer des théories.
Certains de ces noms peuvent appartenir à n'importe qui. Mais un fil conducteur potentiel identifié par les utilisateurs de ChatGPT est que ces personnes sont des personnalités publiques ou semi-publiques qui peuvent préférer que certaines informations soient « oubliées » par les moteurs de recherche ou les modèles d'IA.
[TWITTER]<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="fr" dir="ltr">Depuis ce weekend des utilisateurs ont découvert qu’ils ne pouvaient pas poser des questions sur un certain David Mayer. Outre les délires complotistes qui cela a généré, cela permet de comprendre comment aujourd’hui OpenAI contrôle des réponses et de « censure » ⤵️ <a href="https://t.co/Uzt64hDPXB">pic.twitter.com/Uzt64hDPXB</a></p>— Ari Kouts (@arikouts) <a href="https://twitter.com/arikouts/status/1863626705295843416?ref_src=twsrc%5Etfw">December 2, 2024</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script> [/TWITTER]
Des fausses histoires crées par ChatGPT pour diffamer lourdement des innocents
On parle d'hallucination dans les chatbots d'IA lorsqu'une machine fournit des réponses convaincantes, mais complètement inventées. Ce phénomène n'est pas nouveau et des développeurs ont mis en garde contre des modèles d'IA convaincus de faits totalement faux, en tentant de répondre à des questions par des réponses inventées. Les hallucinations sont l'une des principales caractéristiques des modèles d'IA, car ils exigent la capacité de reformuler, de résumer et de présenter des textes complexes sans contraintes. Cela soulève le problème des faits qui ne sont pas avérés et qui peuvent être traités dans leur contexte lorsqu'on présente l'information comme crible.
En fait, un chatbot d'IA pourrait éventuellement prendre en compte des informations largement disponibles plutôt que des informations factuelles. Le problème devient particulièrement aigu lorsque l'on utilise une grammaire complexe ou des sources obscures. « Nous nous dirigeons à grands pas vers un Internet fortement influencé par l'IA, bourré de pépins, de spams et d'escroqueries », a récemment écrit un journaliste du MIT Technology Review. Sommes-nous déjà à ce stade ? Les accusations de désinformation et de diffamation visant ChatGPT se sont multipliées et certaines personnes concernées ont même intenté une action en justice.
Selon les enquêteurs en herbe, chacun des noms cités plus haut correspond à un individu qui a porté plainte contre OpenAI, subi une hallucination de la part de l'outil ou fait une demande de droit à l'oubli. Dans l'UE, par exemple, le RGPD a en effet consacré le droit à l'oubli numérique, qui permet aux citoyens de l'Union européenne de demander à ce que des liens renvoyant vers un contenu leur portant préjudice soient retirés des moteurs de recherche.
Jonathan Turley
L'année dernière, Jonathan Turley, professeur de droit à l'université George Washington, a soudainement appris qu'il était l'accusé dans une affaire de harcèlement sexuel. Le professeur n'avait pas connaissance de cette histoire jusqu'en avril 2023 parce qu'elle venait tout juste d'être inventée de toutes pièces par ChatGPT. En fait, dans le cadre d'une étude, un collègue avocat californien a demandé à ChatGPT de générer une liste de juristes ayant harcelé sexuellement quelqu'un. À sa grande surprise, le nom de Turley figurait sur la liste générée par le Chatbot d'IA d'OpenAI. Le collègue a ensuite envoyé un courriel à Turley pour l'informer de sa découverte.
En développant l'histoire concernant Turley, ChatGPT a déclaré que le professeur avait fait des commentaires sexuellement suggestifs et tenté de toucher une étudiante lors d'un voyage de classe en Alaska, citant un article de mars 2018 du Washington Post comme source. Le problème ? Un tel article n'existe pas. Il n'y a jamais eu de voyage de classe en Alaska. Et Turley n'a jamais fait l'objet d'une telle accusation. « ChatGPT avait faussement rapporté une plainte pour harcèlement sexuel qui n'a jamais été déposée contre moi lors d'un voyage qui n'a jamais eu lieu, alors que je faisais partie d'une faculté où je n'ai jamais enseigné », s'est défendu Turley.
Commentateur régulier dans les médias, Turley a parfois demandé des corrections dans des articles de presse. Mais cette fois-ci, il n'y avait ni journaliste ni rédacteur en chef à appeler et il n'y avait aucun moyen de rectifier les faits. « Cela m'a fait froid dans le dos. Une telle allégation est incroyablement préjudiciable », a déclaré Turley lors d'une interview accordée au quotidien The Post. Selon un billet de blogue publié par Turley, en enquêtant sur cette fausse histoire, le Washington Post a remarqué que le chatbot Bing Chat de Microsoft, qui est basé sur le modèle d'IA GPT-4, a répété la même fausse affirmation concernant le professeur.
Brian Hood
Brian Hood, maire de la ville de Hepburn Shire Council, au nord de Melbourne, en Australie, a envisagé de poursuivre OpenAI pour diffamation après que ses administrés ont commencé à lui dire que ChatGPT avait allégué qu'il purgeait une peine de prison pour corruption. Mais la réalité est tout autre. Non seulement, Hood affirme qu'il n'a jamais été en prison, mais il rappelle également qu'il est le lanceur d'alerte qui a signalé la corruption en premier lieu. Cette histoire montre une fois de plus que le problème l'hallucination et les erreurs fréquentes de ChatGPT, mais également des chatbots d'IA concurrents, commencent à avoir des conséquences dans le monde réel.
« Il s'agit d'un élu, sa réputation est au cœur de son rôle. Ce serait potentiellement d'un moment historique dans le sens où il s'agit d'appliquer la loi sur la diffamation à un nouveau domaine de l'IA et de la publication dans le secteur des technologies de l'information », a déclaré l'avocat James Naughton, partenaire de Gordon Legal, qui représente Hood. Les administrés du maire l'ont informé que le chatbot d'IA a prétendu qu'il faisait partie des personnes reconnues coupables dans une affaire de corruption qui s'est déroulée entre 1999 et 2004 et qui impliquait une entité de la Banque de réserve d'Australie, notamment Note Printing Australia.
Or, c'est tout le contraire qui s'est produit : oui, Hood a travaillé à Note Printing Australia, mais ses avocats affirment que c'est lui qui a signalé les pots-de-vin aux autorités étrangères et qu'il n'a pas été inculpé lui-même. Aujourd'hui, Hood craint que son nom ne soit terni si des affirmations inexactes sont diffusées par ChatGPT. Fin mars 2023, l'équipe juridique de Hood a adressé une lettre de préoccupation à OpenAI, demandant à l'entreprise américaine de corriger les erreurs dans un délai de 28 jours. Dans le cas contraire, l...
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