La naissance d’OpenAI : une vision philanthropique
Fondée en 2015, OpenAI avait pour mission de veiller à ce que l'intelligence artificielle profite à l’humanité tout entière. Soutenue par un groupe d'investisseurs influents, dont Elon Musk et Sam Altman, l'organisation promettait de favoriser la transparence et la collaboration pour éviter des dérives éthiques potentielles. L’organisation, initialement à but non lucratif, se distinguait par sa promesse de transparence et de collaboration ouverte. Musk, en particulier, craignait que le développement incontrôlé de l'IA ne représente une menace existentielle pour l'humanité.
Connu pour ses inquiétudes face aux dangers de l’IA (il disait par exemple que l'IA est « plus dangereuse que l'arme atomique »), il voyait dans OpenAI une opportunité de contrer la domination des géants de la technologie, notamment Google, qu'il percevait comme un acteur dominant dans le domaine de l'IA. Cependant, dès les premières années, des tensions internes ont émergé, notamment autour des désaccords sur la stratégie à adopter pour faire face à ces grandes entreprises. Musk aurait proposé que l’organisation adopte une orientation plus commerciale pour rivaliser avec les géants comme Google. Cette suggestion a alimenté des débats au sein de l’équipe, opposant les partisans d’une stricte non-lucrativité à ceux qui souhaitaient des fonds plus importants pour rester compétitifs.
La proposition de Musk : un modèle lucratif pour mieux rivaliser
Selon des éléments publiés par OpenAI, Elon Musk aurait proposé qu’OpenAI abandonne son statut non lucratif pour adopter une structure commerciale. Il justifiait cette idée par la nécessité d’attirer des capitaux importants et de développer des technologies capables de concurrencer les acteurs privés établis. Cette suggestion a suscité des désaccords au sein de l’organisation.
Certains estimaient qu’une telle transformation compromettait la mission première d’OpenAI : garantir que l’IA profite à l’ensemble de l’humanité. Pour d’autres, le pragmatisme économique était indispensable pour assurer la pérennité du projet. Ce débat a marqué un tournant pour l’organisation, entraînant finalement le départ de Musk du conseil d’administration en 2018.
OpenAI précise qu'à l'automne 2017, Elon Musk a exigé une participation majoritaire, un contrôle absolu et d'être le PDG de l'entreprise à but lucratif. Au cours des six semaines suivantes, OpenAI a négocié les conditions de l'entreprise à but lucratif.
Envoyé par OpenAI
Le 12 septembre 2017, Elon a présenté une structure de conseil où il aurait « sans équivoque le contrôle initial de l'entreprise ». Elon a également dit à OpenAI qu'il aurait besoin d'être PDG.
En septembre 2017, Elon a créé la société d'utilité publique appelée « Open Artificial Intelligence Technologies, Inc. » Elon a demandé à Jared Birchall, son gestionnaire de patrimoine, de créer la société d'utilité publique « Open Artificial Intelligence Technologies, Inc » (un peu comme le nom officiel de SpaceX, « Space Exploration Technologies Corporation »). Elle a été enregistrée le 15 septembre 2017.
La société d'utilité publique créée par Elon Musk le 15 septembre 2017 l'a été en tant que future structure proposée pour OpenAI.
Le même mois, OpenAI a rejeté les conditions d'Elon car lui donner un contrôle unilatéral sur OpenAI et sa technologie aurait été contraire à la mission.
Envoyé par OpenAI
En 2019, après le départ d’Elon Musk du conseil d’administration d’OpenAI, l’organisation a effectivement évolué vers un modèle hybride. Une nouvelle entité, "OpenAI LP", a été créée en tant qu'entreprise dite « à but lucratif plafonné ». Ce modèle vise à attirer d’importants investissements tout en limitant les retours financiers pour les actionnaires, afin de préserver les objectifs éthiques.
Ce tournant stratégique a permis à OpenAI de lever des milliards de dollars, notamment grâce à Microsoft, tout en provoquant des critiques sur la dilution des idéaux initiaux. Certains y ont vu une contradiction fondamentale : comment concilier le profit et la promesse de démocratiser l'IA ? Musk lui-même a exprimé sa désapprobation face à cette transformation, affirmant sur Twitter que ce modèle allait à l'encontre des principes initiaux qu'il avait soutenus.
L'ambivalence de Musk et ses implications
Le rôle de Musk dans cette controverse met en lumière sa relation paradoxale avec l'IA. Bien qu'il soit l’un des premiers à alerter sur les dangers de cette technologie, il a également contribué à accélérer son développement à travers des initiatives commerciales comme Tesla et Neuralink. Certains observateurs suggèrent que ses propositions pour OpenAI découlaient d’une volonté de dominer un domaine en pleine expansion, tandis que d'autres y voient un réel souci de contenir l'influence d'acteurs privés comme Google.
OpenAI a fourni cette chronologie des événements
- Novembre 2015 : OpenAI a été créée en tant qu'association à but non lucratif, ce qu'Elon a remis en question.
- Décembre 2015 : OpenAI est annoncée publiquement
- Début 2017 : Les progrès de nos recherches nous ont permis de réaliser que nous aurions besoin de milliards de dollars pour le calcul afin de construire l'IAG.
- Été 2017 : Elon et nous avons convenu qu'une société à but lucratif était la prochaine étape pour faire avancer la mission d'OpenAI.
- Automne 2017 : Elon a exigé une participation majoritaire, un contrôle absolu et d'être le PDG de l'entreprise à but lucratif.
- Septembre 2017 : Elon a créé la société d'utilité publique appelée « Open Artificial Intelligence Technologies, Inc. »
- Septembre 2017 : Nous avons rejeté les conditions d'Elon parce que lui donner le contrôle unilatéral d'OpenAI et de sa technologie serait contraire à la mission.
- Janvier 2018 : Elon a déclaré qu'OpenAI était sur la voie d'un échec certain à moins que nous ne fusionnions avec Tesla.
- Février 2018 : Elon a démissionné de son poste de coprésident d'OpenAI.
- Décembre 2018 : Elon nous a dit de lever « des milliards par an immédiatement ou de l'oublier »
- Mars 2019 : Nous avons annoncé la création d'OpenAI LP, une société à but lucratif plafonné, au sein de l'organisation à but non lucratif.
- Mars 2023 : Elon lance son concurrent OpenAI, xAI.
Et d'expliquer :
Envoyé par OpenAI
Pour mémoire, en octobre 2024, OpenAI a conclu une impressionnante levée de fonds de 6,6 milliards de dollars, faisant grimper sa valorisation à 157 milliards de dollars, presque le double de sa précédente évaluation de 86 milliards de dollars. Cette opération, parmi les plus importantes jamais réalisées dans le secteur privé, renforce la position d'OpenAI parmi les startups les plus valorisées au monde, aux côtés de SpaceX et de ByteDance.
Cette levée de fonds s'accompagne cependant de conditions strictes : les investisseurs ont le droit de retirer leur argent si OpenAI ne réussit pas à passer d'une organisation à but non lucratif à une entreprise entièrement lucrative. De plus, OpenAI a demandé à ses investisseurs, telles que Microsoft, Nvidia et Thrive Capital, entre autres, de ne pas soutenir des startups concurrentes dans le domaine de l'IA.
Source : OpenAI
Et vous ?
Quelle lecture faites-vous de la version d'OpenAI ? La trouvez-vous crédible ou pertinente ? Dans quelle mesure ?
La transition d’OpenAI vers un modèle lucratif était-elle inévitable pour rester compétitive face aux géants comme Google ou Microsoft ?
Peut-on vraiment concilier un modèle lucratif avec la promesse de démocratiser l’IA et de la rendre accessible à tous ?
Le modèle « lucratif plafonné » d’OpenAI est-il un compromis efficace ou un simple argument de communication ?
La critique actuelle d’OpenAI formulée par Elon Musk est-elle sincère ou s’inscrit-elle dans une logique de concurrence avec son propre projet, xAI ?
Musk, avec ses entreprises comme Tesla et Neuralink, n’incarne-t-il pas lui-même la contradiction entre innovation rapide et préoccupations éthiques ?
La recherche en intelligence artificielle peut-elle progresser sans investissements massifs venant d’acteurs privés ? Les financements provenant de grandes entreprises comme Microsoft influencent-ils les priorités technologiques et éthiques d’OpenAI ?
Voir aussi :
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