La sortie de Marc Zuckerberg suggère que le développeur restera l'expert qui comprend le code et vérifie que ce qui a été synthétisé par l'intelligence artificielle correspond bien à son intention. Elle laisse en sus entendre que le développeur pourra s’adonner à des tâches plus créatives en parallèle à celles qu’effectuera l’intelligence artificielle.
Certains acteurs laissent pourtant penser que l’on n’a plus besoin de développeurs informatiques spécialisés dans la programmation des jeux vidéo en raison de la montée en puissance de l’intelligence artificielle
C’est le cas du propriétaire de la forge logicielle FRVR. Il l’illustre avec l’échantillon de jeu Space Aliens à propos duquel il déclare dans un débat contradictoire : « Il n’a fallu que 8 minutes pour le réaliser et 8 minutes supplémentaires pour la gestion du côté artistique. »
Ce type de production s’appuie sur la forge FRVR à propos de laquelle le propriétaire déclare : « Elle permet à quiconque de créer des jeux juste en les décrivant. L’objectif est de mettre sur pied une plateforme où créer, jouer et partager des jeux est aussi facile que d'enregistrer, de regarder et de partager des vidéos sur des plateformes telles que TikTok et Instagram. » Une démonstration (d’une dizaine de minutes) des possibilités offertes par la plateforme est disponible. Elle montre les étapes de l’implémentation d’un jeu de tir spatial en s’appuyant sur ladite forge.
De récents retours d’expériences démontrent néanmoins que les tentatives de mise à l’écart total de l’humain au profit de l’intelligence artificielle s’avèrent infructueuses : l’apport de l’humain demeure indispensable
Dans un rebondissement qui soulève des questions sur l'équilibre entre technologie et gestion humaine, un chef d’entreprise a récemment pris une décision radicale : remplacer toute son équipe par une solution d’intelligence artificielle (IA). Cette décision, apparemment motivée par des gains d'efficacité et des économies budgétaires, s'est retournée contre lui, le forçant à publier des offres d’emploi sur LinkedIn pour reconstituer son équipe. Mais que s'est-il passé réellement ?
Une décision motivée par l'automatisation
Wes Winder, un développeur de logiciels canadien, a fait sensation après avoir décidé de licencier son équipe de développement et de la remplacer par des outils d'IA. Winder a d'abord utilisé les médias sociaux pour se vanter de sa décision, affirmant qu'elle lui permettait de « livrer 100 fois plus vite avec un code 10 fois plus propre ». Auparavant, une telle agressivité lui aurait valu de l'influence, mais aujourd'hui, elle s'est retournée contre lui et il est devenu un mème sur Reddit.
L’idée d’automatiser certains postes grâce à l’IA n’est pas nouvelle. De nombreuses entreprises explorent l’utilisation de modèles IA pour optimiser leurs opérations et réduire les coûts. Cependant, ce dirigeant semble avoir pris cette approche à l’extrême en licenciant l’intégralité de son équipe de développeurs, croyant que l’IA pourrait accomplir leurs tâches sans intervention humaine.
Le tweet disait : « J'ai viré toute mon équipe de développeurs. Je les ai remplacés par O1, Lovable et Cursor. Maintenant, je livre 100X plus vite avec un code qui est 10X plus propre. OpenAI o3 arrive et 90 % des emplois de développeurs ne survivront pas. »
Les conséquences inattendues
Winder s'est ensuite rendu sur LinkedIn pour annoncer qu'il avait besoin de développeurs web pour rejoindre son entreprise. Cette disparité a suscité de nombreuses moqueries, aussi bien sur les réseaux sociaux que sur son annonce.
Les critiques ont soulevé des objections raisonnables quant à la possibilité d'utiliser l'IA dans le développement de logiciels. Bien qu'il existe des IA telles que GPT-4 d'OpenAI et d'autres qui peuvent résoudre des problèmes simples et générer du code rapidement ou de manière créative, elles ne sont pas très utiles pour construire des systèmes massifs et cohérents ou pour résoudre de nouveaux problèmes. Un commentaire disait par exemple : « L'IA est précieuse car elle rend le travail des ingénieurs plus productif ». Un exercice d'inventaire, qui pouvait prendre plusieurs heures, peut désormais être réalisé facilement ; par exemple, l'IA propose un format de code possible qui peut être développé par les ingénieurs. Cependant, rien n'indique que l'IA remplacera un jour totalement la nécessité de faire appel à des ingénieurs.
Il n’empêche que bon nombre d’entreprises prévoient de réduire leurs effectifs d’ici à 2030 en raison de ladite montée en puissance de l’intelligence artificielle
Le rapport « Future of Jobs 2025 » du Forum économique mondial dépeint une vision très pessimiste et alarmante de l'avenir du marché du travail. Il suggère que l'automatisation dans les entreprises atteindra des niveaux records d'ici à 2030. La fondation rapporte que 41 % des entreprises qu'elle a interrogées dans le cadre de l'enquête prévoient de réduire leurs effectifs au profit de l'IA au cours des cinq prochaines années.
Le rapport « Future of Jobs 2025 » du Forum économique mondial a interrogé des centaines d'entreprises à travers le monde. Les conclusions du rapport ne contribueront pas à apaiser les craintes persistantes concernant la sécurité de l'emploi à l'ère de l'IA. Ces dernières années, les licenciements dans le secteur de la technologie ont explosé, un certain nombre d'entreprises admettant ouvertement qu'elles ont licencié du personnel au profit de l'IA.
D'après le rapport, publié le 8 janvier 2025, 41 % des entreprises interrogées prévoient de procéder à des licenciements d'ici à 2030 en réponse aux capacités croissantes de l'IA. Le marché de l'emploi devrait être touché, car les entreprises mettent de plus en plus l'accent sur la collaboration entre l'homme et la machine. Selon Goldman Sachs, l'IA générative aura un impact sur 300 millions d'emplois à temps plein dans le monde dans les années à venir.
L'IA étant capable d'automatiser un certain nombre de tâches et de gagner en efficacité à une vitesse extraordinaire, le Forum économique mondial a mis en lumière la manière dont différentes entreprises prévoient de tirer parti de cette technologie naissante au cours des prochaines années. Outre les licenciements, le rapport indique que 77 % des entreprises prévoient de recycler et d'améliorer les compétences des travailleurs existants entre 2025 et 2030.
Le recyclage vise à permettre aux employés de mieux travailler avec l'IA, permettant à l'entreprise de tirer le meilleur parti de programmes d'IA tels que le chatbot ChatGPT et le générateur de vidéo Sora. La question de savoir si le recyclage permettra de sauver un nombre important d'emplois reste ouverte.
« Les progrès de l'IA et des énergies renouvelables remodèlent le marché du travail, entraînant une augmentation de la demande pour de nombreux postes technologiques ou spécialisés, tout en entraînant une baisse pour d'autres, tels que les graphistes », a déclaré le Forum économique mondial.
Source : Marc Zuckerberg
Et vous ?
Quelles évolutions du métier de développeur entrevoyez-vous dès 2024 au vu de l'adoption de l'intelligence artificielle dans la filière ?
Le développeur restera-t-il toujours l'expert qui comprend le code et vérifie que ce qui a été synthétisé par l'intelligence artificielle correspond bien à l'intention du développeur ? L'intelligence artificielle peut-elle finir par atteindre un stade d'évolution qui soit tel que l'intervention humaine ne soit plus requise ?
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