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Qui était Suchir Balaji et quel était son rôle au sein d'OpenAI avant démission ?
Suchir Balaji, 26 ans, était un ingénieur logiciel. En 2021, il a obtenu une licence en informatique à l'université de Californie à Berkeley. Pendant ses études, il a effectué un stage à Scale AI en 2019. Avant de commencer ses études à l'UC Berkeley, Suchir Balaji avait pris une année sabbatique pour travailler comme ingénieur logiciel sur le forum en ligne Quora. Un ami qui a travaillé avec Suchir Balaji a déclaré que Scale AI semblait espérer qu'il reviendrait.
Toutefois, Suchir Balaji a été attiré par OpenAI, où il avait également effectué un stage. L'un des cofondateurs d'OpenAI, John Schulman, l'a directement recruté à sa sortie de l'université pour un emploi à temps plein. Avant de quitter OpenAI en août dernier, Suchir Balaji avait passé quatre ans parmi les meilleurs chercheurs de l'entreprise, ayant contribué au développement de son grand modèle de langage GPT-4, la technologie sous-jacente de ChatGPT.
Suchir Balaji, ancien ingénieur d'OpenAI
Suchir Balaji s'est consacré à l'organisation des énormes ensembles de données utilisés pour former GPT-4. C'est ce travail qui a amené Suchir Balaji à s'interroger sur la technologie qu'il avait contribué à mettre au point, en particulier après que les éditeurs et les créateurs de contenus ont commencé à poursuivre OpenAI en justice. Cette vision l'a aidé à construire son opinion selon laquelle OpenAI enfreignait la loi en faisant des copies de contenu en ligne.
OpenAI est accusé de violation de droit d'auteur par les plaignants, qui réclament des lois pour protéger leurs moyens de subsistance contre l'essor de l'IA. Suchir Balaji partageait l'avis de ces travailleurs. Il a quitté OpenAI en août 2024, est devenu un lanceur d'alerte et attiré l'attention sur les pratiques de l'entreprise.
La désillusion : Suchir Balaji était mécontent à l'égard de la trajectoire d'OpenAI
OpenAI a été le premier emploi de Suchir Balaji à la sortie de l'université, un bond prodigieux qui, pour ses parents, était tout à fait prévisible. Mais trois amis ont déclaré à Fortune qu'au fil du temps, Suchir Balaji semblait se désillusionner peu à peu, partageant des mèmes pour communiquer son mécontentement à l'égard de la trajectoire d'OpenAI. D'après les témoignages de ses amis, il désapprouvait notamment de nombreuses pratiques de l'entreprise.
L'un des amis raconte que Suchir Balaji n'était pas d'accord avec l'approche d'OpenAI pour parvenir à l'intelligence générale artificielle (AGI), l'étoile Polaire du secteur de l'IA. Suchir Balaji se plaignait qu'OpenAI, qui a commencé comme une organisation à but non lucratif et qui a progressivement évolué vers une entreprise commerciale, se concentrait trop sur la vente de logiciels et n'était plus prête à investir suffisamment dans le domaine de la recherche.
Suchir Balaji aurait dit en plaisantant à des amis qu’AGI était l'abréviation de « adjusted gross income » (revenu brut ajusté). Ses amis ne se souviennent pas toutefois que Suchir Balaji ait fait part de ses préoccupations concernant l'approche de son ancien employeur en matière de droits d'auteur. Certains amis de longue date ont déclaré avoir été surpris lorsque Suchir Balaji a décidé de quitter OpenAI, tandis que d'autres ont déclaré l'avoir senti venir.
Suchir Balaji est parti en août 2024, le même mois que John Schulman. John Schulman qui a lui aussi fait une sortie très médiatisée. Tous les amis et membres de la famille interrogés par Fortune ont déclaré que les premiers mois de Suchir Balaji en dehors d'OpenAI avaient été normaux.
Il avait conseillé au moins une startup d'IA et s'était promené avec sa moto Yamaha dans San Francisco, en réfléchissant à ce qu'il allait faire ensuite. Cela dit, ses proches ignoraient qu'il avait l'intention de devenir un lanceur d'alerte sur ce qu'il considérait comme des violations flagrantes de la loi par OpenAI.
Le lanceur d'alerte : Suchir Balaji critique les pratiques de son ancien employeur
L'ancien ingénieur d'OpenAI a d'abord fait part de ses préoccupations au New York Times, qui les a rapportées dans un portrait de Suchir Balaji publié en octobre 2024. Notons que le New York Times poursuit également OpenAI pour utilisation non autorisée de ses articles de presse par ChatGPT. Le témoignage de Suchir Balaji constituait donc un élément à charge que la publication américaine pouvait utiliser dans son procès très médiatisé contre OpenAI.
Sa mère, Poornima Ramarao, ne s'attendait pas à ce que son fils se prononce contre OpenAI, surtout de manière aussi publique. Elle avait eu l'impression qu'il n'était pas satisfait d'OpenAI au moment où il l'avait quittée. Mais lorsque l'article du New York Times a été publié, elle a été prise au dépourvu.
Dans une série d'entretiens, Suchir Balaji a expliqué à Cade Metz, journaliste du New York Times spécialisé dans les technologies, qu'il pensait qu'OpenAI causerait plus de tort que de bien à la société, et il a expliqué que la startup violait les lois sur le droit d'auteur en se fondant sur sa propre compréhension de la manière dont ses modèles sont formés. Cade Metz a publié son article en octobre 2024, ce qui a ravivé les critiques de longue date contre OpenAI.
Le même jour, Suchir Balaji a mis en ligne un essai détaillé sur son site Web personnel, expliquant qu'OpenAI enfreignait les lois sur l'utilisation équitable. Il a également déclaré à l'Associated Press qu'il essaierait de témoigner dans les affaires de violation de droits d'auteur les plus sérieuses contre OpenAI.
Il a ajouté qu'il considérait le procès intenté par le New York Times comme « le plus sérieux ». Les avocats du Times l'ont cité dans un dossier déposé au tribunal le 18 novembre 2024 comme quelqu'un qui pourrait avoir des « documents uniques et pertinents » démontrant la violation délibérée du droit d'auteur par OpenAI.
Suchir Balaji n'est pas le seul ancien employé à critiquer publiquement OpenAI
Suchir Balaji n'a pas été le premier ancien employé d'OpenAI à s'exprimer contre de l'entreprise. Un groupe de neuf personnes s'était déjà manifesté auprès du New York Times quelques mois auparavant, dénonçant une culture d'imprudence et une détérioration des protocoles de sécurité. Selon ces critiques, cette situation à exacerbée par le licenciement spectaculaire, puis le retour immédiat, du cofondateur et PDG Sam Altman au mois de novembre 2023.
Contrairement à ce groupe d'employés, Suchir Balaji n'a pas divulgué d'informations internes inconnues jusqu'alors sur l'entreprise, ce qui a amené certains à contester sa classification en tant que « lanceur d'alerte ». Certains critiques ont déclaré qu'il ne maîtrise pas les dispositions de la loi sur le droit d'auteur. Un avocat spécialisé dans la propriété intellectuelle affirme que l'analyse de Suchir Balaji « ne comprend pas la loi de manière fondamentale ».
Un autre avocat, Bradley Hulbert, spécialiste de la propriété intellectuelle, a déclaré à Fortune que l'article publié par Suchir Balaji ressemble à « l'argumentation d'un non-juriste très intelligent qui s'est documenté sur le sujet, mais n'en a pas une compréhension approfondie ».
Une mort mystérieuse : les circonstances troubles de la mort du lanceur d'alerte
Environ un mois après la publication de l'article du New York Times, Suchir Balaji était mort. On ne sait pas exactement combien de temps le corps de Suchir Balaji est resté dans l'appartement avant d'être découvert le 26 novembre 2024. Un drame entouré de mystère secoue la communauté technologique. L'enquête de la police de San Francisco a conclu au suicide de Suchir Balaji, mais ses parents expriment leurs doutes quant aux circonstances de sa mort.
Dès le jour où elle a appris sa mort, sa mère a commencé à penser que l'affaire de son fils ne faisait pas l'objet d'une enquête appropriée. Ses avocats exposent les faits dans leur plainte contre le service de police, déposée le 31 janvier 2025. D'après la plainte, un représentant du bureau du médecin légiste en chef (OCME) de la ville a informé Poornima Ramarao, environ 40 minutes après la découverte du corps, que son fils Suchir Balaji s'était suicidé.
NEW: Parents of OpenAI whistleblower hire private investigator after their son allegedly took his own life, suggest their son was killed.
— Collin Rugg (@CollinRugg) December 29, 2024
The parents of 26-year-old Suchir Balaji say their son had plans to see them in January, claim there were "signs of a fight."
"I was the… pic.twitter.com/QNAs6fiEjs
L'action en justice affirme qu'aucun agent ou examinateur ne lui a posé de questions sur son fils, même lorsqu'elle les a informés qu'il avait dénoncé OpenAI. Le représentant lui a également dit qu'elle ne serait pas autorisée à voir son corps et que son visage avait été « détruit » lorsqu'une balle lui avait traversé l'œil. L'arme est enregistrée au nom de Suchir Balaji. Il l'avait achetée en janvier 2024. La police a déclaré n'avoir relevé aucune trace d'acte criminel.
Ayant des doutes, Poornima Ramarao a décidé d'engager un examinateur indépendant, le Dr Joseph Cohen, médecin légiste, pour procéder à une autopsie privée à la mi-décembre. Selon la plainte, le Dr Joseph Cohen a déterminé que la trajectoire de la balle, qui a traversé le milieu de la tête, était « atypique et peu commune » dans les suicides. Ce médecin indépendant aurait également relevé une « contusion » à l'arrière de la tête de Suchir Balaji.
Après avoir reçu le rapport de Cohen à la mi-décembre, Poornima Ramarao a envoyé une lettre par l'intermédiaire de ses avocats au service de police, à l'OCME et au bureau de l'administrateur municipal de San Francisco, demandant l'ouverture d'une enquête criminelle sur la mort de son fils, la décrivant comme « troublante ».
Selon la plainte déposée en janvier, ils n'ont jamais reçu de réponse officielle, mais les fonctionnaires de police ont informé « officieusement » ses avocats que les détectives avaient brièvement rouvert l'enquête pour examiner les enregistrements en circuit fermé de l'immeuble, avant de la clore à nouveau.
Les parents de Suchir Balaji pensent que leur fils a été assassiné
Poornima Ramarao est de plus en plus convaincue que son fils a été assassiné. Elle affirme que ses avocats l'ont orientée vers un autre enquêteur, le Dr Dinesh Rao, ancien médecin légiste en chef de l'unité de médecine légale du ministère jamaïcain de la Sécurité nationale. Le Dr Dinesh Rao n'a pas visité l'appartement de Suchir Balaji. Il a toutefois pu analyser des photos prises dans l'appartement et qui lui ont été envoyées par Poornima Ramarao.
Dans son rapport initial de 28 pages, le Dr Dinesh Rao soulève un certain nombre de questions : y a-t-il eu une lettre de suicide ? La police a-t-elle relevé des empreintes digitales sur les lieux ? Sur la base de preuves photographiques limitées, le Dr Dinesh Rao signale également des anomalies, notamment des cheveux qui ne semblent pas appartenir à Suchir Balaji, ainsi que des éclaboussures de sang qui ne semblent pas correspondre à un suicide.
En l'absence d'un rapport plus complet de la police, que les avocats réclament toujours, Poornima Ramarao s'est appuyée sur les preuves limitées dont elle dispose pour mener une campagne de sensibilisation du public. Le 29 décembre 2024, elle a posté sur X (anciennement Twitter) que la mort de son fils était un « meurtre de sang-froid déclaré par les autorités comme un suicide », demandant une enquête du FBI. Sa demande n'a pas eu de réponse.
Le message a été vu près de trois millions de fois et a reçu une réponse d'Elon Musk. « Cela ne ressemble pas à un suicide », a-t-il répondu. Elon Musk, qui était cofondateur d'OpenAI, mais qui l'a quittée en 2018 et dirige maintenant une entreprise concurrente, a une querelle de longue date avec Sam Altman d'OpenAI au sujet du statut d'organisation à but non lucratif de l'entreprise, et les deux se disputent souvent sur la plateforme de médias sociaux.
De nombreuses questions restent sans réponses et les théories se multiplient
Peu après la mort de Balaji, Poornima Ramarao a déclaré aux journalistes qu'elle ne pointait pas du doigt OpenAI. Depuis lors, ses efforts pour donner un sens à cette tragédie inexplicable se sont heurtés à un monde en ligne foisonnant de théories du complot qui ne demandent qu'à s'accrocher au chagrin et à l'incertitude. Alors qu'elle s'efforce d'obtenir des réponses, une vague de spéculations sans fondement s'est développée parallèlement à la procédure.
OpenAI a publié une déclaration sur X le 16 janvier 2025, indiquant qu'il avait contacté la police de San Francisco pour offrir son aide en cas de besoin. « Suchir était un membre apprécié de l'équipe et nous avons le cœur brisé par son décès », peut-on lire dans le communiqué publié par OpenAI.
Le rapport final de la police est attendu pour la fin du mois de février. Tant que la police n'aura pas publié son rapport final, il sera impossible de faire la part des choses. Cela n'a pas empêché les spéculations en ligne, alimentées par la quête de réponses de Poornima Ramarao, sur la mort de Suchir Balaji. Un phénomène similaire à celui du lanceur d'alerte de Boeing qui a été retrouvé mort en mars de l'année dernière. Il se serait également suicidé.
Daren Firestone, un avocat qui travaille régulièrement avec des lanceurs d'alerte, explique qu'il est courant pour eux de se sentir seuls et de douter. C'est en partie pour cette raison qu'il conseille à ses clients de rester anonymes et de passer par les voies officielles, telles que les lignes d'information du gouvernement.
« Cela crée une pression énorme sur quelqu'un et un sentiment d'isolement. Et si vous êtes isolé et que vous avez l'impression que le monde est contre vous, même les esprits les plus robustes peuvent être mis à rude épreuve », a expliqué Daren Firestone. Pour l'heure, la mort subite de Suchir Balaji reste un mystère.
OpenAI a confirmé qu'il s'appuie sur des œuvres protégées par le droit d'auteur
Ces dernières années, les capacités des chatbots d'IA, comme ChatGPT d'OpenAI, se sont considérablement améliorées ; ils s'appuient sur de grands modèles de langage (LLM) pour produire du contenu pour les utilisateurs. Mais le processus de formation est largement controversé, certains éditeurs accusant OpenAI d'utiliser des œuvres protégées par des droits d'auteur sans autorisation, et un certain nombre d'affaires juridiques sont en cours.
Défendant ses pratiques commerciales dans un récent procès, OpenAI a déclaré : « les modèles apprennent, comme nous le faisons tous, de ce qui a été fait auparavant. La défense de l'usage équitable existe précisément pour cette raison : encourager et permettre le développement de nouvelles idées qui s'appuient sur des idées antérieures ». Cette défense d'OpenAI est conforme aux précédentes déclarations de l'entreprise sur la formation de ses modèles.
En janvier 2024, OpenAI affirmait : « étant donné que le droit d'auteur couvre aujourd'hui pratiquement toutes les formes d'expression humaine, il serait impossible d’entraîner les meilleurs modèles d'IA d'aujourd'hui sans utiliser des documents protégés par le droit d'auteur ». OpenAI reconnaît donc ouvertement qu'il utilise des contenus protégés par des droits d'auteurs pour créer ses modèles d'IA. L'entreprise n'a toutefois pas encore été condamnée.
Plusieurs éditeurs de presse ont poursuivi Microsoft et OpenAI pour violation du droit d'auteur. Parmi les poursuivants, on peut noter les éditeurs de presse de Californie, du Colorado, de l'Illinois, de Floride, du Minnesota et de New York. Certains procès sont en cours, mais le 7 novembre 2024, le juge de district américain Colleen McMahon, à New York, a rejeté une poursuite contre OpenAI qui avait été intentée par les médias Raw Story et AlterNet.
Selon les experts, la porte de sortie de la situation semble résider dans la conclusion d’accords de licence avec les éditeurs de presse. L'Associated Press et OpenAI ont conclu un accord de licence permettant à OpenAI d'accéder à une partie des archives textuelles du média. Mais ces accords sont controversés.
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