
L'entrepreneur technologique Emad Mostaque, cofondateur et ancien PDG de Stability AI, est convaincu que les programmeurs auront bientôt disparu. Mais avant ça, il affirme que l'IA pourrait entraîner la « destruction complète » du marché de l'externalisation des processus d'entreprise (BPO) dès cette année. Pour cause, Emad Mostaque estime que l'IA est devenue meilleure que n'importe quel programmeur externalisé. Il a ajouté que la présence au poste redeviendra le mode de travail le plus bénéfique, car tout ce qui est à distance est susceptible d'être pris en charge par l'IA. Selon lui, les pays tels que l'Inde seraient les plus touchés.
L'ancien PDG affirme que l'IA remplacera les travailleurs externalisés dès 2025
Emad Mostaque est cofondateur et ancien PDG de la startup Stability AI. Il a démissionné de son poste ainsi que de son siège au conseil d’administration de Stabilité AI en mars 2024 alors que la startup traversait une période de turbulence. Emad Mostaque avait déclaré que cette décision lui permettrait de consacrer pleinement ses efforts au développement d'une IA décentralisée, un domaine qu'il considère comme « crucial » pour l'avenir de la technologie.
Emad Mostaque a joué un rôle central dans le lancement de l'outil de génération d’images Stable Diffusion de Stability AI. Lors d'une récente interview, il s'est exprimé sur les progrès rapides de l'IA et son impact potentiel sur le marché de l'emploi. Il s'est particulièrement attardé sur le sort des travailleurs externalisé.
« L'IA est meilleure que n'importe quel programmeur indien externalisé à l'heure actuelle. 2025 verra la destruction complète du marché de l'externalisation des processus d'affaires », a déclaré Emad Mostaque lors de l'émission Moonshots avec Peter Diamandis, fondateur de la Fondation XPRIZE. « Le fait d'être présent en personne sera bénéfique pour votre emploi à l'heure actuelle, car tout ce qui est à distance sera le premier à disparaître », a-t-il ajouté.
Emad Mostaque a prédit que les économies telles que l'Inde seront les premières victimes de la vague d'adoption de l'IA. L'inde et le Mexique font partie des principaux pays où les géants de la technologie externalisent les emplois. « Les prochains touchés seront les travailleurs à distance aux États-Unis », a-t-il ajouté.
Mais certains ont souligné : « le fait d'être présent en personne ne vous protégera pas non plus d'une IA suffisamment avancée. Une fois que les IA seront suffisamment performantes, le fait de vous avoir comme employé ne sera qu'un gaspillage d'espace et d'argent que l'entreprise ferait mieux d'allouer à autre chose ». En outre, les propos de Emad Mostaque suscitent également des interrogations sur les coûts d'adoption de l'IA par rapport à l'externalisation.
Plusieurs études ont conclu que l'IA ne remplacera pas les programmeurs de sitôt
Salim Ismail, entrepreneur et stratège technologique, qui participait également à l'émission, partage l'avis d'Emad Mostaque. Mais les déclarations de Emad Mostaque sont critiquées dans la communauté. Certains affirment notamment que son raisonnement est absurde. « L'affirmation selon laquelle l'IA est déjà meilleure que n'importe quel programmeur indien externalisé d'un autre pays est absurde, sinon ils seraient au chômage », a écrit un critique.
Les discussions battent leur plein à propos de l'IA dans le domaine du génie logiciel. Un sujet central : son impact dans la filière. La technologie divise. Par exemple, Linus Torvalds considère l'IA comme un simple outil qui n'a rien de révolutionnaire comparativement aux compilateurs.
Par contre, selon le PDG de Nvidia, Jensen Huang, « apprendre à programmer sera inutile à l'avenir ». Il affirme que l'IA fera de tous des programmeurs au travers du langage naturel. Il y a également des témoignages de programmeurs selon lesquels « jusqu'à 90 % du code peut être généré par l'IA ».
Cependant, plusieurs études montrent que l'IA est loin d'être apte à remplacer les programmeurs. Devin, l'IA qui menace de rendre les ingénieurs logiciels obsolètes coûte 500 $/mois, mais les tests ont révélé que l'outil souffre de nombreuses limites et les experts affirment que ces capacités sont exagérées. D'après les commentaires, Devin n'excelle que dans « les tâches répétitives et basées sur des modèles ». Et il pourrait ne pas faire mieux à l'avenir.
Cela pourrait faire gagner du temps aux ingénieurs et leur permettre de se concentrer sur la résolution créative de problèmes. Mais l'ingénierie logicielle implique une conception complexe, des considérations liées à l'expérience utilisateur et une résolution unique des problèmes, qui relèvent résolument du domaine humain. Ceux qui parviennent à trouver un équilibre entre l'efficacité de l'IA et la prise de décision stratégique axée sur l'humain s'épanouiront.
Emad Mostaque a prédit qu'il n'y aura plus de programmeurs dans cinq ans. Mais les conclusions de plusieurs études indiquent que l'IA générative ne remplacera pas les développeurs de sitôt, d'après des chercheurs, car le développement de logiciels va bien au-delà des tâches basiques de complétion de code.
L'avenir résiderait dans la collaboration entre les programmeurs humains et l'IA
Les assistants d'IA de codage ont considérablement progressé en peu de temps. Et de nouveaux agents d'IA apparaissent régulièrement. Mais quant à la question de savoir si les outils tels que Devin peuvent remplacer de bout en bout les développeurs de logiciels, beaucoup répondent par la négative. Selon les critiques, les affirmations selon lesquelles l'IA remplacera les développeurs humains exagèrent les capacités de l'IA et constituent un battage médiatique.
« Je pense que l'avenir réside dans la collaboration entre l'IA et les développeurs humains plutôt que dans le remplacement de ces derniers. Dans quelques années, je pense que l'IA sera aussi courante dans nos flux de travail que la logique de programmation l'est aujourd'hui. Tous ceux qui travaillent dans la technologie auront besoin d'au moins une compréhension de base des outils d'IA pour améliorer leur potentiel et leur productivité », a déclaré un critique.
« Travailler avec ces agents d'IA aujourd'hui est un bon point de départ », peut-on lire dans les commentaires. Si l'IA de Devin peut contribuer au développement de logiciels, il est peu probable qu'il remplace les ingénieurs, et ce pour plusieurs raisons :
- créativité humaine et résolution de problèmes : le génie logiciel ne consiste pas seulement à écrire du code. Il s'agit d'aborder des problèmes complexes de manière créative, de concevoir des systèmes efficaces et de prendre en compte l'expérience de l'utilisateur et l'évolutivité. L'IA peut suivre des modèles, mais elle n'a pas la capacité d'innovation et d'adaptation qu'apportent les humains ;
- limites de l'IA dans la compréhension du contexte : l'IA fonctionne sur la base des données sur lesquelles elle a été formée, et bien qu'elle puisse identifier et reproduire des modèles, elle ne comprend pas intrinsèquement le contexte ou les nuances d'un projet. Les ingénieurs prennent en compte des facteurs tels que l'évolutivité, les mises à jour futures, l'interface utilisateur et l'intégration avec d'autres systèmes. Devin n'a pas cette vision holistique et peine à s'adapter lorsque le contexte n'est pas clair ou qu'il nécessite des solutions hors du commun ;
- l'importance des compétences non techniques dans le développement : l'ingénierie implique souvent le travail en équipe, la communication avec les clients et la collaboration entre départements. Des compétences telles que l'empathie, la négociation et la communication interfonctionnelle sont essentielles au développement. Les ingénieurs passent beaucoup de temps à interagir avec les parties prenantes pour comprendre les besoins, partager les mises à jour et s'adapter en fonction des commentaires. Ce contact humain est essentiel, et l'IA n'a pas l'intelligence émotionnelle nécessaire pour le remplacer ;
- évolution rapide des technologies : le développement de logiciels est en constante évolution, avec de nouveaux cadres, langages et méthodologies. Bien que l'IA comme Devin puisse apprendre à partir de grandes quantités de données, elle nécessite des mises à jour périodiques pour suivre le rythme des changements technologiques. Les ingénieurs humains sont naturellement adaptatifs et peuvent acquérir de nouvelles compétences, apprendre de nouveaux outils et s'adapter aux tendances de l'industrie ; des qualités qu'il est difficile d'intégrer dans l'IA.
Selon les experts, l'IA transforme l'ingénierie logicielle en améliorant le rôle d'ingénieur plutôt qu'en le remplaçant. En prenant en charge les tâches répétitives, l'IA permet aux ingénieurs de se concentrer sur des tâches de plus haut niveau, telles que la planification stratégique et l'innovation. Les ingénieurs qui utilisent l'IA peuvent gagner en efficacité en s'attaquant à des problèmes complexes pendant que l'IA s'occupe de tâches de codage plus simples.
Dans un avenir proche, les ingénieurs pourraient être amenés à former, personnaliser et gérer des outils d'IA tels que Devin. Au fur et à mesure que la technologie progresse, comprendre comment collaborer avec l'IA deviendra une compétence précieuse. Les ingénieurs qui savent comment tirer parti de l'IA seront très demandés, car ils apporteront une combinaison unique d'expertise technique et de connaissances en matière d'IA.
Source : Emad Mostaque, cofondateur et ancien PDG de Stability AI
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