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ce qui entraîne une hausse des frais de justice pour les entreprises
Les experts juridiques alertent sur un phénomène qui prend de l'ampleur. Des travailleurs mécontents tirent parti de la puissance de l'IA pour générer et déposer des plaintes contre leurs employeurs à un rythme sans précédent. Mais les experts ont noté que l'IA génère des arguments incohérents, longs et souvent incorrects et entraîne une hausse des frais de justice. Ils ont tiré la sonnette d'alarme face à cette tendance, soulignant les risques pour la vie privée lorsque des informations confidentielles sont partagées avec des outils d'IA tels que ChatGPT. Les avocats affirment également que les travailleurs qui s'adonnent à cette pratique s'exposent à des sanctions.
La fiction juridique générée par l'IA devient une préoccupation majeure
Les réclamations juridiques générées par l'IA pèsent sur les entreprises et les tribunaux. Ailie Murray, associée en droit du travail chez Travers Smith, a observé que les demandes générées par l'IA sont généralement trop longues et incohérentes. En outre, selon les experts, les plaintes générées par l'IA manquent parfois de compréhension contextuelle. Pour ces raisons, elles obligent les entreprises à consacrer beaucoup de temps et d'argent à leur réponse.
« Dans de nombreux cas, les résultats de l'IA sont inexacts, ce qui amène les demandeurs à invoquer des revendications ou des arguments non valables. L'employeur ne peut pas se contenter d'ignorer ces demandes. Cela conduit à un cycle de correspondance continue et coûteuse », explique Ailie Murray.
Selon elle, cette dynamique pourrait submerger les tribunaux déjà surchargés par des demandes non fondées et mal plaidées. La fiction juridique générée par l'IA a déjà conduit des tribunaux américains à interroger ou à sanctionner des avocats dans au moins sept affaires au cours des deux dernières années.
En 2023, deux avocats américains ont été sanctionnés par un juge fédéral pour avoir cité dans leurs mémoires six affaires fictives inventées par ChatGPT. Les avocats ont utilisé ChatGPT pour faire des recherches juridiques sans vérifier l'exactitude des opinions fournies par le chatbot d'OpenAI. Le juge a qualifié l'analyse juridique d'une des affaires fictives de « charabia ». Il a rejeté le procès et infligé une amende de 5 000 $ aux avocats et à leur cabinet.
L'année dernière, un avocat canadien a été condamné à payer les frais de la partie adverse après avoir cité deux affaires inexistantes générées par ChatGPT dans un litige de garde d’enfants. Il a été réprimandé par le tribunal pour avoir deux « hallucinations » de l'IA dans sa demande.
Le juge a estimé que l'avocat n'avait pas l'intention de tromper le tribunal, mais qu'il avait fait preuve d’une négligence professionnelle. « Comme le montre ce cas, l'IA générative n’est toujours pas un substitut à l’expertise professionnelle que le système de justice exige des avocats », a déclaré le juge.
Les cabinets d'avocats avertissent leur personnel sur les risques de l'IA
Ce mois-ci, le cabinet d'avocats américain Morgan & Morgan a averti son personnel que l'IA pouvait inventer de fausses jurisprudences susceptibles de les faire licencier. Cette mise en garde est intervenue après qu'un juge a menacé de sanctionner deux avocats du cabinet qui auraient inclus des citations de cas fictifs dans un procès contre Walmart. Selon les rapports, de plus en plus d'avocats utilisent les résultats générés par l'IA sans en vérifier l'exactitude.
James Hockin, associé en droit du travail chez Withers, a déclaré qu'il a constaté une augmentation significative du nombre de clients utilisant l'IA. Selon l'avocat, les plaintes comportant des arguments et des jurisprudences erronés générés par l'IA pourraient se multiplier à dans les années à venir.
James Hockin a déclaré : « il existe un risque de voir des personnes non représentées intenter des actions erronées devant le tribunal du travail britannique sur la base d'un résultat erroné obtenu par un outil d'IA. Un grand avertissement pour les clients est que le téléchargement de certaines données de leur employeur vers un outil d'IA va très probablement constituer une violation des dispositions de confidentialité de leur contrat de travail ».
Le secteur du recrutement fait part de préoccupations similaires. Toby Fowlston, PDG de Robert Walters, un cabinet de conseil international spécialisé dans le recrutement, a averti au début du mois que l'IA rendait difficile pour les patrons de déterminer qui serait réellement apte à occuper un poste.
Il a déclaré : « en tant que candidat, vous pouvez aller vous coucher, entrer vos coordonnées dans l'IA et celle-ci peut vous envoyer 500 candidatures en une nuit. Le revers de la médaille, c'est que le destinataire de ces informations [...] a du mal à savoir ce qu'est la vérité. Il est difficile de distinguer un candidat d'un autre, car l'IA rendra la candidature de chacun aussi bonne qu'elle le peut ». Des rapports soulignent que la tendance prend de l'ampleur.
Les recruteurs inondés de candidatures mauvaise qualité générées par l'IA
Selon les rapports, l'IA permet maintenant aux candidats de générer rapidement des CV et des lettres de motivation afin de postuler à différents postes. Mais si l'IA semble faciliter la tâche aux demandeurs d'emploi, ce n'est pas forcément le cas chez les recruteurs. D'une part, les recruteurs et les employeurs se plaignent de l'augmentation importante du nombre de candidatures et d'autre part, de la qualité médiocre des dossiers générés par l'IA.
L'année dernière, Khyati Sundaram, directeur général d'Applied, une plateforme de recrutement, a expliqué que l'avalanche de candidatures générées par l'IA a conduit à plus que doubler le nombre de candidats par poste alors que la barrière à l'entrée est plus faible. Les recruteurs se retrouvent surchargés.
« Nous constatons un volume plus important et une qualité moindre, ce qui signifie qu'il est plus difficile de faire le tri. Un candidat peut copier et coller n'importe quelle question de candidature dans ChatGPT, puis la copier et la coller à nouveau dans le formulaire de candidature », a-t-elle ajouté.
Le candidat peut répéter l'opération pour une dizaine de candidatures. Sur la base des estimations d'employeurs et de recruteurs qui ont parlé au Financial Times, ainsi que de multiples enquêtes publiées, ce chiffre atteindrait 50 % des candidats. Selon une enquête menée auprès de 2 500 travailleurs britanniques par la startup Beamery, environ 46 % des demandeurs d'emploi utilisent l'IA générative pour rechercher des postes et y postuler.
Dans un autre sondage réalisé par la plateforme de création graphique Canva auprès de 5 000 demandeurs d'emploi du monde entier, environ 45 % des répondants ont utilisé l'IA pour créer ou améliorer leur CV. Selon les recruteurs, il y a des détails qui peuvent mettre la puce à l'oreille.
Il y a notamment : un langage générique ou maladroit, des candidatures fades, etc. « Nous constatons une utilisation accrue de l'IA », a déclaré Andy Heyes, directeur général régional du recruteur technologique Harvey Nash, dont le siège est au Royaume-Uni. Il a ajouté que les signes révélateurs [comme] la grammaire américaine et les candidatures fades donnaient une indication sur l'utilisation de l'IA par les candidats.
« Si le CV n'est pas correctement édité, le langage sera lourd et générique, et les recruteurs pourront le détecter. Le CV doit montrer la personnalité du candidat, ses passions, son histoire, et c'est quelque chose que l'IA ne peut tout simplement pas faire », a déclaré Victoria McLean, directrice générale de la société de conseil en carrière CityCV. Mais les experts affirment que les candidatures générées par l'IA sont encore largement difficiles à déceler.
De nombreux grands employeurs ont une attitude de tolérance zéro à l'égard de l'utilisation de l'IA, selon plusieurs personnes connaissant leurs processus. Les quatre grands comptables - Deloitte, EY, PwC et KPMG - ont mis en garde les diplômés contre l'utilisation de l'IA pour générer leurs candidatures.
Et vous ?
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Voir aussi
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