
Mark Zuckerberg a tenté de faire taire l'ancienne cadre de Facebook Sarah Wynn-Williams et de l'empêcher de promouvoir son livre accablant sur les pratiques et les tentatives désespérées de l'entreprise pour pénétrer le marché chinois. En fin de compte, elle a été auditionnée le 9 avril par le Congrès sur les allégations de son livre. Sarah Wynn-Williams a déclaré devant le Congrès que « les dirigeants de Meta ont menti sur ce qu'ils faisaient avec le Parti communiste chinois et ont sapé à plusieurs reprises la sécurité nationale des États-Unis ». Meta aurait informé la Chine sur les efforts américains en matière d'IA en échange de son installation dans ce pays.
Sarah Wynn-Williams fut directrice de la politique publique mondiale de Facebook (désormais Meta). Cette ancienne diplomate néo-zélandaise a rejoint Facebook en 2011 et y a travaillé jusqu'en 2017. Le mardi 11 mars 2025, Sarah Wynn-Williams a publié un livre intitulé « Careless People: A Cautionary Tale of Power, Greed, and Lost Idealism » et qui offre une perspective critique sur la culture d'entreprise et les pratiques internes du géant des réseaux sociaux.
L'ouvrage met en lumière des anecdotes sur les dirigeants de Facebook, notamment le PDG Mark Zuckerberg, l'ex-directrice des opérations Sheryl Sandberg et d'autres cadres clés. Elle contient une série d'affirmations critiques sur ce dont l'auteure a été témoin lors de son passage chez Facebook.
Lors d'une audition au Congrès le 9 avril 2025, Sarah Wynn-Williams a déclaré devant une sous-commission judiciaire du Sénat américain qu'elle avait assisté à la décision des dirigeants de Meta (alors Facebook) de donner au Parti communiste chinois l'accès aux données des utilisateurs de Meta, y compris celles des Américains. D'après l'ancienne diplomate, l'entreprise visait coûte que coûte à développer en Chine une activité estimée à 18 milliards de dollars.

Meta a contesté les déclarations de Sarah Wynn-Williams. « Le témoignage de Sarah Wynn-Williams n'a rien à voir avec la réalité et est truffé de fausses affirmations », a déclaré Ryan Daniels, porte-parole de la Meta. Il a ajouté que le Meta a publiquement fait part de son intérêt à offrir ses services en Chine.
Ryan Daniels a toutefois précisé : « le fait est que nous n'exploitons pas nos services en Chine aujourd'hui ». Meta génère cependant des revenus publicitaires provenant d'annonceurs basés en Chine. De nombreuses entreprises basées dans la nation asiatique utilisent ses services de publicité en ligne.
Meta aurait élaboré des outils pour censurer le discours en ligne en Chine
Sarah Wynn-Williams estime avoir été licenciée en 2017 en guise de représailles pour avoir accusé de harcèlement sexuel Joel Kaplan, qui était à l'époque vice-président de la politique publique mondiale. Meta a rejeté à plusieurs reprises les allégations de son ancienne directrice. L'entreprise a déclaré qu'une enquête avait innocenté Joel Kaplan en 2017 et que le dernier livre de Sarah Wynn-Williams contient plusieurs « fausses accusations sur ses dirigeants ».
Selon Meta, d'autres affirmations contenues dans le livre de Sarah Wynn-Williams sont périmées et ont déjà été rapportées. L'audition est une illustration de l'examen minutieux dont Meta continue de faire l'objet, malgré les efforts du PDG Mark Zuckerberg pour aligner l'entreprise sur l'administration Trump.
Toutefois, les républicains restent méfiants à l'égard des Big Tech. Le sénateur Josh Hawley (R-Mo) un critique virulent des grandes plateformes en ligne, qui a présidé l'audition de Sarah Wynn-Williams, a déclaré plus tôt cette année que les conservateurs ne devraient pas faire confiance aux Big Tech simplement parce que certains de leurs dirigeants, y compris Mark Zuckerberg, ont maintenant embrassé plus ouvertement le président américain Donald Trump.
« Je suis profondément préoccupé par leur pouvoir monopolistique. Cela n'a pas changé du tout, leur capacité à revenir en arrière sur le contrôle des nouvelles et de l'information, leur contrôle sur nos données personnelles ; rien de tout cela n'a changé », a déclaré le sénateur Josh Hawley.
Lors de son audition, Sarah Wynn-Williams a également déclaré que « Meta avait travaillé main dans la main avec Pékin pour construire des outils de censure visant à faire taire les critiques du parti communautaire chinois ». Plus précisément, Sarah Wynn-Williams a déclaré que Meta avait capitulé devant les demandes de la Chine de supprimer le compte Facebook de Guo Wengui, un dissident chinois vivant aux États-Unis. Ce qui avait été qualifié de censure.
« Le Parti communiste chinois et Mark Zuckerberg ont en commun de vouloir faire taire leurs détracteurs. Je peux le dire d'après mon expérience personnelle », a déclaré Sarah Wynn-Williams. (Le sénateur Josh Hawley a ouvert l'audition en déclarant que Meta n'a rien fait pour empêcher le témoignage de Sarah Wynn-Williams, qui rejoint Frances Haugen et Arturo Béjar parmi les anciens employés qui se sont exprimés contre le géant des médias sociaux.)
Meta maintient qu'il a retiré la page de Guo Wengui et suspendu son profil parce qu'il violait les normes communautaires de Facebook. D'après Meta, Guo Wengui partageait des informations personnelles identifiables telles que les numéros de passeport, les numéros de sécurité sociale, et bien d'autres.
Meta visé par un procès historique avec la menace d'un démantèlement
Sarah Wynn-Williams a également déclaré que Meta avait ignoré les avertissements selon lesquels « la construction d'un pipeline physique » entre les États-Unis et la Chine permettrait à cette dernière d'accéder de manière détournée aux données des utilisateurs américains. Ces projets (appelés Pacific Light Cable Network) ne se sont jamais concrétisés, mais Sarah Wynn-Williams a déclaré que c'était uniquement parce que les législateurs sont intervenus.
Devant les membres de la sous-commission judiciaire du Sénat, Sarah Wynn-Williams a décrit Mark Zuckerberg comme un caméléon qui s'adapte aux événements en fonction de ses propres intérêts. Selon elle, les efforts de Meta pour s'attirer les faveurs de l'administration Trump s'inscrivent dans ce cadre :

Dans un document publié avant l'audition, Sarah Wynn-Williams affirme qu'elle témoigne malgré la sentence arbitrale, car « le peuple américain mérite de connaître la vérité ». Le porte-parole de Meta Andy Stone a déclaré que la société s'oppose à ce que Sarah Wynn-Williams donne des interviews aux médias, mais qu'elle ne lui interdise pas de témoigner devant le Congrès, que ce soit en vertu de son accord de séparation ou de la sentence arbitrale.
Cette audition accablante intervient quelques jours avant le début d'un procès antitrust intenté par la Federal Trade Commission (FTC) contre Meta. Si Meta perd ce procès, la FTC pourrait exiger que l'entreprise soit démantelée. Meta est propriétaire de Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger. La FTC allègue que Meta a usé de sa position dominante sur le marché pour racheter les plateformes telles que WhatsApp et Instagram, éliminant ainsi la concurrence.
Conclusion
L'audition de Sarah Wynn-Williams vient s'ajouter à la longue liste des affaires scandaleuses auxquelles Mark Zuckerberg et sa société de médias sociaux Facebook ont été associés. Ils ont été éclaboussés par plusieurs scandales en matière de violation de données au cours de la dernière décennie. L'un des scandales les plus marquants est celui de Cambridge Analytica, où les données de millions d'utilisateurs de Facebook avaient été exploitées illégalement.
Le témoignage accablant de Sarah Wynn-Williams révèle que Mark Zuckerberg a envisagé de partager les données des utilisateurs de Facebook avec la Chine et d'offrir à cette dernière des outils de censure. Mark Zuckerberg semblait prêt à tout afin de développer une activité très lucrative sur ce marché.
Sarah Wynn-Williams a déclaré que Mark Zuckerberg est un dirigeant « négligent » et le décrit dans son livre comme « un adolescent truculent et un bambin ». En outre, elle a décrit Facebook comme une entreprise qui manque de responsabilité et dont les dirigeants sont intoxiqués par le pouvoir.
Source : Sarah Wynn-Williams (PDF)
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