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Les enseignants se servent de ChatGPT et d'autres IA pour corriger les évaluations et préparer leurs cours mais l'interdisent aux élèves
L'IA s'invite dans les salles de classe... mais pas pour tout le monde

Le , par Stéphane le calme

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Depuis l’émergence de ChatGPT fin 2022, l’intelligence artificielle (IA) s’invite dans les classes, suscitant espoirs et inquiétudes. D’un côté, des professeurs commencent à s’appuyer sur ces outils pour corriger des copies ou préparer leurs cours, gagnant un temps précieux. De l’autre, les élèves se voient souvent défendre d’y recourir, sous peine d’être accusés de triche. Cette asymétrie – les enseignants peuvent utiliser l’IA alors qu’elle est interdite aux apprenants – soulève un vif débat dans le monde éducatif.

L’irruption de ChatGPT, capable de rédiger dissertations, résumés ou code informatique sur simple requête, a d’abord ébranlé le milieu éducatif. Dès janvier 2023, des institutions ont réagi par la fermeté : Sciences Po, prestigieuse université parisienne, a banni l’usage de ChatGPT et outils assimilés, invoquant les risques de « fraude et plagiat ». Dans un courriel adressé à tous, la direction a rappelé que « sans référence explicite, les étudiants ont interdiction d’utiliser ce logiciel pour tout travail écrit ou présentation », hors activités encadrées par un enseignant. Des sanctions jusqu’à l’exclusion ont même été envisagées en cas d’entorse​.

De même, le réseau des écoles publiques de New York avait initialement bloqué ChatGPT sur ses serveurs par crainte de dérives, avant de faire marche arrière quelques mois plus tard. Car entre-temps, enseignants et experts commençaient aussi à percevoir le potentiel pédagogique de ces IA, appelant à « dédiaboliser l’IA, sans pour autant l’idéaliser »

En France, le ministère de l’Éducation a lancé des réflexions sur l’intégration de l’IA dans l’apprentissage. Preuve d’un changement de ton, en décembre 2023 il a même été annoncé que « tous les élèves entrant au lycée seront désormais accompagnés, à la maison, d’un outil d’IA » d’aide en français et en mathématiques dès la rentrée 2024. Autrement dit, plutôt que de l’interdire totalement, les pouvoirs publics envisagent de l’utiliser comme un tuteur intelligent pour aider les élèves en difficulté. Néanmoins, sur le terrain, une profonde ambivalence demeure : l’IA est à la fois perçue comme une menace pour l’intégrité académique et une opportunité pour améliorer l’éducation.


Les professeurs adoptent l’IA pour alléger leur charge de travail

De plus en plus d’enseignants explorent les outils d’IA pour automatiser certaines tâches fastidieuses, comme la correction de copies, afin de se recentrer sur l’accompagnement pédagogique. Dans de nombreuses salles de classe, l’ordinateur est devenu l’allié du professeur. Aux États-Unis, un logiciel comme Writable permet ainsi à l’enseignant de soumettre les devoirs écrits de ses élèves à une analyse par ChatGPT, qui génère des commentaires et suggestions personnalisés. Le professeur n’a plus qu’à valider ou ajuster ces retours avant de les transmettre aux élèves.

Au Royaume-Uni, certains enseignants vont plus loin en utilisant l’IA Real Fast Reports pour produire en quelques secondes des appréciations détaillées et sur mesure sur chaque élève : ils entrent quelques notes en vrac, et l’algorithme rédige un commentaire bien structuré pour le bulletin scolaire​


Pourquoi un tel engouement ? D’abord parce que les professeurs y gagnent un temps considérable. La correction manuelle de dizaines de copies ou la rédaction de rapports personnalisés sont des tâches chronophages. Grâce à l’IA, un enseignant peut, en théorie, fournir plus de feedback, plus rapidement à ses élèves. Des outils comme ChatGPT peuvent aussi l’aider à préparer des quiz, formuler des explications plus claires, ou varier les exemples dans un cours. « Ces technologies peuvent aider les enseignants », affirme Yann Houry, directeur de l’innovation pédagogique dans un lycée international, en soulignant qu’elles peuvent aider à mieux différencier la progression de chaque élève et repérer plus tôt ceux en difficulté.

De plus, l’IA offre des possibilités de personnalisation de l’enseignement inédites : au Texas, un pédagogue a par exemple utilisé des chatbots pour adapter ses problèmes de mathématiques aux centres d’intérêt de chaque élève, qu’il s’agisse de trajectoires de base-ball ou de pas de danse​. Cette individualisation, difficile à réaliser pour un humain avec de grands groupes, devient envisageable avec une IA assistant le professeur.

Toutefois, certains observateurs appellent à la prudence. Une enquête du média Axios note que ces logiciels peuvent inciter à des « raccourcis » pédagogiques préoccupants : « certains enseignants utiliseront probablement les suggestions de ChatGPT comme point de départ, mais d’autres pourraient les transmettre textuellement aux étudiants », sans travail critique. En clair, si l’IA corrige à la place du professeur, qui s’assure de la pertinence des retours ? Un enseignant consciencieux y verra surtout un outil d’assistance, là où un autre moins scrupuleux pourrait être tenté de déléguer entièrement la tâche. Il n’en demeure pas moins que, voulue ou non, l’introduction de l’IA dans le métier enseignant semble inéluctable.


Une aide interdite aux élèves : la peur de la triche et du plagiat

En miroir de cet engouement professoral, le discours officiel envers les élèves reste très restrictif. Dans la plupart des établissements, utiliser ChatGPT ou un outil similaire pour faire ses devoirs est assimilé à de la triche. L’IA y est vue comme une calculatrice ultra-sophistiquée qui ferait tout à la place de l’élève, aux dépens de ses apprentissages. « ChatGPT, c’est comme si un autre écrivait ta copie », peut-on entendre dans les salles des profs. La crainte principale : que les devoirs rendus n’évaluent plus le niveau réel des élèves, mais simplement leur habilité à utiliser l’outil. Ainsi, dès qu’un devoir maison paraît anormalement bien rédigé, la suspicion s’installe

« Le problème, c’est que tous les devoirs faits à la maison seront désormais reçus avec un doute. Les bons devoirs seront par défaut soupçonnés », déplore Médéric Gasquet-Cyrus, un maître de conférences d’Aix-Marseille. La confiance entre élèves et professeurs en prend un coup, et certains enseignants ont le sentiment de jouer à un « cache-cache » épuisant pour débusquer l’IA dans les copies.

[TWITTER]<blockquote class="twitter-tweet"><p lang="fr" dir="ltr">Voilà : premier gros soupçon d'un devoir écrit à l'aide de <a href="https://twitter.com/hashtag/ChatGPT?src=hash&ref_src=twsrc%5Etfw">#ChatGPT</a>...<br>Pas de copié-collé apparent, mais un texte rédigé de manière impeccable et assez subtile, sans fautes, de la part d'un étudiant qui avait eu 4/20 et 7/20 à ses premiers devoirs.<br>Je fais quoi moi ?...</p>— Médéric Gasquet-Cyrus (@MedericGC) <a href="https://twitter.com/MedericGC/status/1618185537655046144?ref_src=twsrc%5Etfw">January 25, 2023</a></blockquote> <script async src="https://platform.twitter.com/widgets.js" charset="utf-8"></script> [/TWITTER]

Faute de moyen infaillible pour détecter automatiquement un texte produit par ChatGPT, plusieurs établissements ont préféré interdire purement et simplement ces outils aux élèves. C’est le cas de l’Université de Lorraine en 2023 : confrontée à 120 copies d’étudiants de BUT aux tournures impeccables et « sans la moindre faute d’orthographe », une professeure a refusé de corriger le devoir de groupe, suspectant un usage massif de l’IA. Les étudiants ont dû être convoqués pour s’expliquer, et reconnaître du bout des lèvres leur utilisation de ChatGPT.

De même, des universités anglo-saxonnes ont revu leurs modalités d’examen pour contrecarrer ces tricheries 2.0 : retour des épreuves en classe et manuscrites, exposés oraux improvisés, etc., afin de s’assurer que l’élève sait réfléchir sans l’aide d’un assistant virtuel​. L’objectif est de valoriser le travail personnel et l’effort intellectuel authentique. Quant aux élèves convaincus d’avoir délégué leur copie à une IA, ils s’exposent à des sanctions disciplinaires comparables à du plagiat classique.

Du point de vue des enseignants, cette sévérité se justifie par l’impératif pédagogique : un élève qui fait faire ses exercices par une machine n’acquiert pas les compétences visées. Rédiger un essai, par exemple, ce n’est pas seulement produire un texte correct en français, c’est structurer sa pensée, argumenter, développer un style. En interdisant ChatGPT aux élèves, les professeurs estiment protéger cet apprentissage essentiel. « Si les étudiants n’écrivent pas pour un lecteur humain, pourquoi écrivent-ils ? » résume une enseignante américaine, rappelant que l’acte d’écrire vise avant tout à communiquer une idée à quelqu’un. Pour les éducateurs, autoriser l’IA reviendrait à court-circuiter cet effort et à encourager la paresse intellectuelle.

Un paradoxe qui interroge élèves et professeurs

Cette situation aboutit à un étrange paradoxe : d’un côté l’IA est un atout pour les profs, de l’autre un poison pour les élèves. Une asymétrie que beaucoup commencent à dénoncer. « Je crois que ce n’est pas éthique que les profs utilisent l’IA si leurs élèves n’y ont pas droit », s’indigne par exemple Kimberly, une lycéenne interrogée dans le cadre d’une enquête du New York Times. « Ce ne serait pas juste que les élèves ne puissent pas s’en aider […] alors que leur prof ne[/…]...
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Avatar de RenarddeFeu
Membre averti https://www.developpez.com
Le 25/04/2025 à 13:40
Si les établissements accordaient plus d'importance aux oraux et aux travaux pratiques, tous ces problèmes n'auraient pas lieu d'être.
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