
et licencie 22 % de ses effectifs pour réduire ses coûts
Les acteurs historiques de l'industrie de l'edtech sont ébranlés par l'IA et leur survie est menacée. La plateforme d'apprentissage de langue Duolingo tente tant bien que mal de réinventer son application en intégrant l'IA. Elle remplace ses travailleurs contractuels par l'IA. De son côté, la plateforme éducative Chegg a annoncé le 12 mai 2025 qu'elle va licencier environ 22 % de ses effectifs, soit un total de 248 employés. La décision permettrait à Chegg de réduire ses coûts et de rationaliser ses opérations. De plus en plus d'étudiants se tournent vers les assistants d'IA pour l'apprentissage, et Chegg a connu une baisse du nombre d'utilisateurs.
Chegg est une célèbre plateforme d'enseignement en ligne basée aux États-Unis. La société a annoncé cette semaine une restructuration qui vise principalement à renforcer sa résilience face à la montée en puissance de l'IA générative dans le secteur de l'edtech. Les étudiants préfèrent de plus en plus les plateformes intégrant des assistants d'IA, tels que ChatGPT et Gemini, services traditionnels d'aide à l'étude et de location de manuels proposés par Chegg.
La plateforme vise en effet à réduire les coûts et à réorienter ses activités. Chegg, qui propose la location de manuels scolaires, l'aide aux devoirs et le tutorat, est aux prises avec une baisse du trafic Web depuis des mois. Il a averti que la tendance va probablement s'aggraver avant de s'améliorer.
Chegg se sépare de 248 employés, soit environ 22 % de ses effectifs. L'entreprise a aussi annoncé son intention de fermer ses bureaux aux États-Unis et au Canada d'ici la fin de l'année. Dans le cadre de ses mesures de réduction des coûts, Chegg veut réduire ses dépenses en matière de marketing, de développement de produits et d'administration. Il prévoit d'économiser entre 45 et 55 millions de dollars en 2025, et jusqu'à 110 millions de dollars en 2026.
Les résultats de Chegg au premier trimestre 2025 indiquent que le nombre d'abonnés a diminué de 31 % au cours de la période, pour atteindre 3,2 millions. Le chiffre d'affaires a baissé de 30 % pour atteindre 121 millions de dollars, les revenus des services d'abonnement ayant chuté de près d'un tiers pour s'établir à 108 millions de dollars. Les données financières de Chegg montrent que « l'industrie traditionnelle de l'edtech est en train d'être décimée par l'IA ».
L'IA séduit les étudiants et érode le modèle économique des sociétés edtech
La situation de Chegg met en évidence le défi fondamental auquel sont confrontées les sociétés edtech axées sur le contenu : lorsque les étudiants peuvent accéder à une aide similaire grâce à des outils d'IA gratuits, la proposition de valeur des modèles d'abonnement diminue. L'adoption rapide de l'IA dans l'éducation est significative ; Impact Research a rapporté l'année dernière que près de 40 % des élèves des collèges et des lycées utilisent des outils l'IA.
Cette transition des plateformes traditionnelles ne ralentit pas. Les nouvelles fonctionnalités telles « AI Overviews » de Google Search et les outils éducatifs basés sur l'IA générative permettent aux utilisateurs de rester dans leurs écosystèmes plutôt que de cliquer sur des sites tiers comme Chegg.
Google a lancé « AI Overviews » en mai 2024. Il s'agit de résumés concis générés par l'IA et qui apparaissent directement sur les pages de résultats de recherche de Google. Cela complique la tâche des plateformes basées sur le contenu, dont Chegg, qui ont du mal à conserver leur visibilité. Chegg a même intenté une action en justice contre Google, accusant le géant de la recherche de nuire aux éditeurs en détournant le trafic grâce à ses fonctions d'IA.
L'action en justice de Chegg, déposée en février, allègue que « Google Search érode la demande de contenu original et sape la capacité des éditeurs à rivaliser avec ses aperçus générés par l'IA, provoquant ainsi une baisse du nombre de visiteurs et d'abonnés ». OpenAI et Anthropic constituent également une menace pour les sociétés edtech, car ils courtisent les universitaires avec « un accès gratuit » à leurs technologies pour la recherche et l'enseignement.
Cela illustre la manière dont les entreprises d'IA ciblent stratégiquement l'éducation, remettant encore plus en question la position de Chegg en tant que fournisseur de ressources universitaires. La fermeture de bureaux physiques aux États-Unis et au Canada d'ici la fin de l'année n'indique pas seulement l'adoption du travail à distance, mais aussi un repli stratégique plus profond pour conserver les ressources nécessaires pour relever le défi crucial posé par l'IA.
De fournisseur de contenu à intégrateur de l'IA : le défi du pivot de l'edtech
Les sociétés edtech qui réussissent passent rapidement du statut de « dépositaires de contenu » à celui de « plateformes d'intégration de l'IA qui améliorent l'expérience d'apprentissage des êtres humains ». Aujourd'hui, le paysage de l'edtech est passé d'une vision de l'IA comme une fonction supplémentaire à « une vision principalement centrée sur l'IA », les entreprises qui ne s'adaptent pas étant confrontées au même exode d'abonnés que Chegg.
Les outils d'IA passent de plus en plus d'un soutien réactif à un soutien proactif, ce qui permet aux apprenants de bénéficier de parcours d'apprentissage personnalisés basés sur les évaluations individuelles des étudiants ; il s'agit d'une fonctionnalité qui va au-delà de la fourniture traditionnelle de contenu. Duolingo s'est lancé sur cette voie depuis l'année dernière. La société se sépare de ses travailleurs contractuels au profit de l'IA générative.
« Duolingo va devenir AI-first », a déclaré Luis von Ahn, cofondateur et PDG de Duolingo. Cela signifie que Duolingo va adopter l'IA comme pilier central de son développement. L'IA ne sera plus un outil parmi d'autres, mais le point de départ de la conception de ses produits, de son expérience utilisateur et de son fonctionnement global. Selon le PDG, le recrutement ne se fera que si une équipe ne peut pas automatiser une plus grande partie de son travail.
Pour les acteurs établis comme Chegg, la survie dépend probablement de l'exploitation de leur expertise éducative et du contenu existant pour créer des expériences améliorées par l'IA que les concurrents libres ne peuvent pas égaler. (À la fin de l'année 2023, Chegg employait 1 271 personnes.) Chegg rejoint ainsi une liste croissante d'entreprises contraintes de s'adapter rapidement ou de réduire leurs effectifs, pour faire face aux bouleversements de l'IA.
Cette transformation à l'échelle du secteur oblige les acteurs à se concentrer sur les problèmes que l'IA seule ne peut pas résoudre, comme la promotion de la pensée critique, de la créativité et de la connexion humaine, plutôt que de rivaliser avec l'IA sur la création de contenu ou les solutions de devoirs.
Conclusion
Chegg tente de sauver sa rentabilité grâce à des mesures de réduction des coûts visant à réaliser 45 à 55 millions de dollars d'économies d'ici 2025. Mais l'entreprise est également confrontée à une question fondamentale : comment redéfinir sa valeur lorsque son offre principale, la production de contenu, est banalisée par l'IA ? Selon les analystes, la survie de Chegg dépendra de sa capacité à innover, tout en déléguant à l'IA la tâche de production de contenu.
De plus en plus d'entreprises remplacent tout ou partie de leur personnel par l'IA. Chez Duolingo, les employés contractuels de la plateforme perdent progressivement leurs emplois au profit de l'IA et aucune nouvelle embauche ne sera autorisée s'il n'est pas prouvé que l'IA ne peut pas faire le travail.
Toutefois, des critiques soulignent que les hallucinations de l'IA pourraient s'avérer un défi de taille et nuire à l'expérience des utilisateurs. Une étude a révélé que les grands modèles de langage (LLM) auront toujours des hallucinations et que nous devons nous en accommoder. D'après les chercheurs, les hallucinations découlent des structures mathématiques et logiques fondamentales sur lesquelles sont basés les grands modèles de langage.
Source : résultats financiers de Chegg au T1 2025
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