
Duolingo trace résolument sa route vers une plateforme « AI-first ». La société affiche une volonté claire de réorienter ses produits et même son modèle économique autour de l'IA. Le PDG Luis von Ahn a déclaré lors d'une récente interview que l'IA pourrait surpasser les enseignants humains en efficacité, en rendant l'apprentissage plus évolutif et personnalisé. Il envisage un avenir où l'enseignement serait principalement assuré par l'IA, tandis que les écoles serviraient de structures de garde et de supervision pour les enfants. Duolingo s'efforce de rester compétitif alors que l'IA érode le modèle économique des sociétés edtech et menace leur survie.
« Duolingo va devenir AI-first », a écrit Luis von Ahn dans un courriel adressé au personnel le mois dernier. Duolingo s'appuie fortement sur l'IA. La société a temporairement remplacé son PDG par un avatar piloté par l'IA lors d'une conférence téléphonique sur les résultats l'année dernière. Et de manière encore plus controversée, Luis von Ahn a annoncé dans son courriel en avril que Duolingo remplacera définitivement ses travailleurs contractuels par l'IA.
Mais les ambitions de Duolingo sont plus vastes. Avec une communauté de 116 millions d'utilisateurs par mois, Duolingo a accumulé assez de données sur la manière dont les gens apprennent, ainsi que des astuces sur la manière de maintenir l'intérêt des apprenants sur le long terme.
Luis von Ahn : il est plus facile d'enseigner avec l'IA qu'avec des enseignants
Luis von Ahn est récemment intervenu sur le podcast No Priors et a donné sa vision de l'avenir de l'apprentissage. Selon lui, la précision des connaissances de l'IA et les astuces que l'entreprise a apprises sur la motivation humaine plaident en faveur d'une « mise à l'échelle » de l'apprentissage d'une manière qui dépasse les humains. Cette déclaration reflète « l'orientation résolument tournée vers l'IA » que la plateforme a adoptée depuis plusieurs années.
Selon Luis von Ahn, la capacité de l'IA à individualiser l'apprentissage fera en sorte que la majeure partie de l'enseignement sera assurée par des ordinateurs au cours des prochaines décennies. « En fin de compte, je ne suis pas sûr qu'il y ait quoi que ce soit que les ordinateurs ne puissent pas vraiment vous apprendre », a déclaré Luis von Ahn sur le podcast No Priors. Il a déclaré qu'il est beaucoup plus facile d'enseigner avec l'IA qu'avec des enseignants.

Luis von Ahn a ajouté que le modèle d'enseignement de Duolingo, basé sur des quiz et des exercices, n'est pas adapté à toutes les matières. Selon lui, l'histoire pourrait être une matière mieux enseignée avec des « vidéos bien produites », ce que l'IA ne peut pas faire pour l'instant. Les générateurs de vidéo pilotés par l'IA sont encore à leurs balbutiements. Cependant, Luis von Ahn estime que le problème de l'échelle fait pencher la balance du côté de l'IA.
Il a déclaré : « s'il s'agit d'un enseignant et d'une trentaine d'élèves, chaque enseignant ne peut pas accorder une attention personnalisée à chacun d'entre eux. Mais l'ordinateur le peut. Et en réalité, l'ordinateur peut avoir une connaissance très précise de ce que vous, de ce que cet élève est bon ou mauvais ».
L'approche centrée sur l'IA adoptée par Duolingo fait l'objet de controverses
Luis von Ahn est convaincu que « l'IA sera meilleur que les humains dans le rôle d'enseignant ». Le directeur financier de Duolingo, Matthew Skaruppa, a fait des commentaires similaires l'année dernière, déclarant : « l'IA nous aide à reproduire ce que fait un bon professeur. Des choses comme aider un étudiant à apprendre la matière, à rester engagé, à savoir où sont ses faiblesses, où sont ses lacunes ». Cependant, ce point de vue est largement controversé.
« Soit, c'est la recherche effrénée du profit qui les pousse à faire des déclarations aussi grandiloquentes, soit ces frères de la technologie ont un réel problème de relation avec les êtres humains. L'enseignement nécessite une interaction humaine que l'IA ne peut comprendre ni remplacer. Ensuite, dire que l'IA est un "meilleur professeur" que les humains est un affront aux professionnels de l'éducation », peut-on lire dans les commentaires.

Certaines écoles s'intéressent déjà à l'IA. Newsweek a récemment dressé le profil d'Alpha School, une chaîne d'écoles privées de la maternelle à la terminale où les élèves apprennent seulement deux heures par jour avec l'aide de l'IA. Selon le rapport, « les guides (le titre donné par l'école aux enseignants humains) apportent un soutien motivationnel et émotionnel plutôt que de créer des plans de cours, de donner des conférences ou de noter les devoirs ».
Avec quatre sites, et huit en préparation, l'école facture des frais de scolarité de 40 000 à 65 000 dollars par an, selon son site Web. Le président Donald Trump a récemment signé un décret visant à promouvoir l'enseignement de l'IA, ce pourrait pousser de nombreuses autres écoles à adopter cette technologie.
L'IA séduit les étudiants et érode le modèle économique des sociétés edtech
Chegg est une célèbre plateforme d'enseignement en ligne basée aux États-Unis. La société a annoncé cette semaine une restructuration qui vise principalement à renforcer sa résilience face à la montée en puissance de l'IA générative dans le secteur de l'edtech. Les étudiants préfèrent de plus en plus les plateformes intégrant des assistants d'IA, tels que ChatGPT et Gemini, services traditionnels d'aide à l'étude et de location de manuels proposés par Chegg.
La plateforme vise en effet à réduire les coûts et à réorienter ses activités. Chegg, qui propose la location de manuels scolaires, l'aide aux devoirs et le tutorat, est aux prises avec une baisse du trafic Web depuis des mois. Il a averti que la tendance va probablement s'aggraver avant de s'améliorer.
Chegg se sépare de 248 employés, soit environ 22 % de ses effectifs. L'entreprise a aussi annoncé son intention de fermer ses bureaux aux États-Unis et au Canada d'ici la fin de l'année. Dans le cadre de ses mesures de réduction des coûts, Chegg veut réduire ses dépenses en matière de marketing, de développement de produits et d'administration. Il prévoit d'économiser entre 45 et 55 millions de dollars en 2025, et jusqu'à 110 millions de dollars en 2026.
Les résultats de Chegg au premier trimestre 2025 indiquent que le nombre d'abonnés a diminué de 31 % au cours de la période, pour atteindre 3,2 millions. Le chiffre d'affaires a baissé de 30 % pour atteindre 121 millions de dollars, les revenus des services d'abonnement ayant chuté de près d'un tiers pour s'établir à 108 millions de dollars. Les données financières de Chegg montrent que « l'industrie traditionnelle de l'edtech est en train d'être décimée par l'IA ».
La situation de Chegg met en évidence le défi fondamental auquel sont confrontées les sociétés edtech axées sur le contenu : lorsque les étudiants peuvent accéder à une aide similaire grâce à des outils d'IA gratuits, la proposition de valeur des modèles d'abonnement diminue. L'adoption rapide de l'IA dans l'éducation est significative ; Impact Research a rapporté l'année dernière que près de 40 % des élèves des collèges et des lycées utilisent des outils l'IA.
Conclusion
Duolingo a acquis ses données au fil des années et des millions d'utilisateurs. Selon le PDG Luis von Ahn, la plateforme a réalisé 16 000 tests A/B au cours de son existence. Cela signifie que la plateforme est en mesure de lancer des rappels au moment où une personne est le plus susceptible d'effectuer une tâche, et concevoir des exercices dont le niveau de difficulté est exactement le bon pour que les étudiants se sentent accomplis et avancent.
Cependant, la vision de Duolingo, qui consiste à recentrer l'enseignement sur l'IA, a suscité des réactions mitigées. Certains saluent l'innovation, tandis que d'autres expriment des inquiétudes quant à la déshumanisation de l'enseignement et à la perte d'emplois. Duolingo a annoncé une transition vers un modèle « AI-first », intégrant l'IA dans ses processus, ce qui a entraîné le remplacement de ses travailleurs contractuels par des solutions automatisées.
Dans le même temps, les acteurs historiques de l'industrie de l'edtech sont ébranlés par l'IA et leur survie est menacée. La plateforme éducative Chegg est confrontée à l'exode des utilisateurs et envisage de licencier 22 % de ses effectifs pour réduire ses coûts et rationaliser ses opérations.
Source : Luis von Ahn, PDG de Duolingo
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