
Les entreprises se livrent une guerre intense pour attirer et retenir les employés les plus compétents dans le domaine de l'IA. Bien que le marché global de l'emploi dans le secteur technologique se rétrécit, la demande pour les compétences en IA a connu une hausse impressionnante en 2024. Les entreprises recherchent notamment des talents pour programmer et gérer leurs centres de données et développer la prochaine génération d'outils d'IA.
Dans cette guerre des talents, certaines entreprises s'en sortent mieux que d'autres. Dans un message publié sur X (ex-Twitter), Deedy Das, investisseur en capital-risque chez Menlo Ventures et ancien membre du personnel de Google Search, a indiqué que Meta a mis en place un système de rémunération annuelle de plus de 2 millions de dollars pour les talents en IA, mais que la société continuait à perdre ses employés au profit d'OpenAI et d'Anthropic.
Deedy Das a déclaré avoir personnellement entendu parler de trois cas de ce genre rien que cette semaine, ce qui est une nouvelle majeure compte tenu de l'importance de la rémunération de Meta. Cela représente un coup dur pour Meta qui nourrit de grandes ambitions dans la course mondiale à l'IA.
Anthropic : la nouvelle destination de choix des talents en IA
Anthropic attire particulièrement les chercheurs et ingénieurs spécialisés en IA. Selon les statistiques, pour chaque 10,6 personnes de Google DeepMind, 8,2 d'OpenAI et 2 de Hugging Face qui passent à Anthropic, l'entreprise ne perd qu'un employé par société. Ce mouvement montre qu'Anthropic se développe rapidement et que de nombreuses personnes issues de laboratoires d'IA concurrents souhaitent travailler pour la startup dirigée par Dario Amodei.
Meta is currently offering $2M+/yr in offers for AI talent and still losing them to OpenAI and Anthropic. Heard ~3 such cases this week.
— Deedy (@deedydas) June 10, 2025
The AI talent wars are absolutely ridiculous.
Today, Anthropic has the highest ~80% retention 2 years in and is the #1 (large) company top AI… pic.twitter.com/YSv5UNV5H2
Anthropic a été fondé en 2021 par Dario Amodei et Daniela Amodei, deux anciens scientifiques d'OpenAI. Les salaires offerts par Anthropic n'ont pas été révélés, mais les analystes supposent qu'ils sont au moins équivalents ou, plus vraisemblablement, nettement supérieurs aux salaires de la concurrence.
Toutefois, SignalFire rapporte que les rémunérations élevées ne sont pas la seule chose qui attire les chercheurs et ingénieurs vers Anthropic. Selon le State of Talent Report 2025, au-delà du salaire, l'avantage d'Anthropic réside dans une culture unique qui accueille les « penseurs non conventionnels » et donne aux employés une véritable autonomie, ainsi que des options de travail flexibles, une absence de politique de titres et de voies de gestion forcées.
Les employés font aussi état d'une ouverture au discours intellectuel et à l'autonomie des chercheurs, par rapport à la bureaucratie qui prévaut ailleurs. Par exemple, la perception selon laquelle Meta est limité par des impératifs commerciaux, ou qu'il change souvent de priorités (réalité virtuelle, métavers…), joue en sa défaveur. Cela signifie que les enjeux culturels (créativité, prestige scientifique) deviennent cruciaux dans la guerre pour attirer les experts IA.
Taux de rétention des chercheurs et ingénieurs spécialisés en IA
Anthropic a un taux de rétention des employés de deux ans exceptionnellement élevé. La moyenne de l'industrie technologique se situe entre 40 et 50 %, avec un taux de rétention qui a chuté ces dernières années en raison des licenciements. Mais les taux de rétention à deux ans de nombreuses startups d'IA varient entre 63 % et 80 %, Anthropic occupant la première place (80 %). Vient ensuite Google DeepMind, qui affiche un taux de rétention de 78 %.
De nombreux nouveaux employés qui travaillent dans les laboratoires d'IA viennent également des géants de la technologie. On estime que 5,4 % des nouvelles recrues proviennent des divisions de Google non liées à l'IA, tandis que 4,3 % sont d'anciens membres du personnel de Meta. Par ailleurs, 3,2 % travaillaient pour Microsoft ; 2,7 % sont d'anciens employés d'Amazon ; 2,1 % étaient auparavant affiliés à Stripe et environ 1,7 % venaient d'Apple.
Cela représente près de 20 % des nouveaux employés des laboratoires d'IA issus des géants de la technologie. Autrefois, travailler dans les Big Tech était le rêve de nombreuses personnes, notamment parce qu'elles offraient de nombreuses opportunités au sein de l'industrie et du prestige.
Mais 2024 a été une mauvaise année pour le secteur technologique, de nombreuses entreprises ayant licencié des milliers de personnes. Intel a été l'un des plus grands perdants, l'entreprise ayant licencié 15 % de sa main-d'œuvre (environ 15 000 employés) après son rapport financier désastreux d'août 2024. Cependant, d'autres entreprises comme Amazon, Meta, Microsoft, Dell et AMD ont également lancé des politiques de réductions de leurs effectifs.
D'autre part, la croissance continue du secteur de l'IA pousse de nombreuses personnes talentueuses vers ces startups, comme le montrent les données. Cette tendance devrait se poursuivre dans un avenir proche, car les entreprises et les pays construisent de plus en plus de centres de données d'IA.
Les salaires de la Silicon Valley connaissent une baisse de 15 %
Un rapport publié par Women Impact Tech (WIT) en juin 2024 indique que les travailleurs de la technologie de la région de la baie de San Francisco voient leurs salaires baisser. La Silicon Valley a connu la plus forte baisse de rémunération par rapport aux autres pôles technologiques aux États-Unis, avec une chute de 15 % entre 2022 et 2023. Et avec l'inflation, les travailleurs de la technologie voient leur pouvoir d'achat diminué et leurs conditions se dégrader.
L'écart continue de se creuser entre les rémunérations des experts en IA et les autres ingénieurs logiciels. Une analyse comparative des rémunérations indique qu'en avril 2024, les ingénieurs logiciels avec des compétences en IA touchaient un salaire médian de près de 300 000 $, tandis que les autres ingénieurs logiciels gagnaient environ 100 000 $ de moins. L'écart de rémunération, qui était déjà d'environ 30 % à la mi-2022, est passé à près de 50 %.
Afin d'attirer les meilleurs talents en IA, les entreprises n'hésitent pas à offrir des rémunérations lucratives, qui peuvent parfois atteindre un million de dollars. Des entreprises technologiques comme Netflix, Meta et Amazon sont prêtes à payer des salaires allant jusqu'à 900 000 $ par an.
Meta a récemment créé un nouveau laboratoire afin de développer la « superintelligence ». Il a recruté Alexandr Wang, 28 ans, fondateur et PDG de la startup Scale AI, pour rejoindre le nouveau laboratoire. Meta envisagerait de former une équipe d'une cinquantaine de personnes et aurait proposé des rémunérations à 7 ou 9...
La fin de cet article est réservée aux abonnés. Soutenez le Club Developpez.com en prenant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.