
Les modèles d'IA de dernière génération de Meta peinent à rivaliser avec les modèles concurrents de Google ou OpenAI. Le PDG Mark Zuckerberg serait particulièrement frustré par cet état de choses et semble prêt à tout pour renforcer la position de Meta dans la course à l'IA. Mark Zuckerberg a créé un nouveau laboratoire d'IA et proposerait des rémunérations à 9 chiffres pour séduire les talents. Selon Sam Altman, Meta a offert au personnel d'OpenAI des primes de 100 millions de dollars à la signature pour les débaucher. Mais cette opération de séduction aurait jusqu'à présent échoué. Et les propres de talents de Meta seraient en train de fuir vers les rivaux.
La guerre des talents s'intensifie dans le domaine très en vogue de l'IA générative. La demande pour les compétences en IA a connu une hausse significative en 2024, malgré un ralentissement préoccupant du marché global du travail dans le secteur technologique. Les entreprises recherchent notamment des talents pour programmer et gérer leurs centres de données et développer la prochaine génération d'outils d'IA. Et Meta vient de passer à l'offensive.
S'exprimant dans le podcast de son frère « Uncapped with Jack Altman », Sam Altman, PDG d'OpenAI, a évoqué la tactique agressive adoptée par Meta pour débaucher les talents en IA de ses rivaux. Sam Altman a déclaré que Mark Zuckerberg (Meta) a tenté de débaucher les meilleurs spécialistes en IA d'OpenAI en leur proposant des primes à la signature allant jusqu'à 100 millions de dollars, avec des rémunérations annuelles encore plus importantes.
« Ils ont commencé à faire des offres gigantesques à de nombreux membres de notre équipe. Vous savez, des primes à la signature de 100 millions de dollars. Je suis vraiment heureux qu'au moins jusqu'à présent, aucun de nos meilleurs éléments n'ait décidé d'accepter l'offre », a déclaré Sam Altman.
Une stratégie agressive pilotée par Mark Zuckerberg lui-même
Meta réorganiserait sa stratégie en matière d'IA. Et le nouveau laboratoire est né de cette restructuration. Il représente l'effort de l'entreprise pour rester compétitif dans la course à l'IA de plus en plus compétitive, où les participants continuent d'injecter des milliards dans la recherche et l'acquisition de talents. Selon un rapport du New York Times, Meta tente de débaucher les talents de ses concurrents en leur proposant des rémunérations à neuf chiffres.
Cette révélation intervient alors que des rapports indiquent que Mark Zuckerberg recrute personnellement les membres d'une nouvelle équipe chargée de mettre au point une « superintelligence » capable de surpasser les capacités humaines. En effet, il est essentiel pour Meta de rester compétitif dans la course effrénée à l'IA, car cette technologie est susceptible de représenter l'avenir du secteur. Toutefois, Meta est à la traine par rapport à ses concurrents.
Mark Zuckerberg serait tellement frustré par la position de Meta dans le domaine de l'IA qu'il aurait pris l'initiative de rencontrer des experts en la matière chez lui et aurait modifié l'agencement du siège social de l'entreprise à Menlo Park, en Californie, afin de rapprocher la nouvelle équipe de son bureau.
Meta a réussi à recruter Alexandr Wang, fondateur de Scale AI, dans le cadre d'une transaction de 14 milliards de dollars. Meta acquiert ainsi une participation de 49 % dans Scale AI. En vertu de cet accord, certains employés de Scale AI rejoindront également Meta. Ces efforts rappellent la course effrénée de Meta au métavers il y a quelques années en arrière. Mais le métavers de Meta a été jusque-là un échec cuisant, avec des milliards de dollars de pertes.
Aujourd'hui, Mark Zuckerberg tente de repositionner Meta en tant que puissance dans la course à l'IA, avec un succès mitigé pour l'instant. Son intérêt pour l'IA générative s'est accentué à la suite des progrès fulgurants réalisés par OpenAI, un concurrent qui a levé des dizaines de milliards de dollars de fonds. Meta aurait également débauché d'autres talents de premier plan, dont Jack Rae, ancien chercheur principal au laboratoire DeepMind de Google.
Sam Altman affirme que Meta n'est pas un centre d'innovation
Lors de son intervention dans le podcast de son frère, Sam Altman a critiqué les efforts actuels de Meta en matière d'IA. Meta a essuyé un scandale en avril après avoir truqué les tests de performance de sa dernière famille de modèles, Llama 4. En effet, des chercheurs extérieurs ont découvert que les critères d'évaluation des modèles d'IA Llama 4 étaient conçus dans le but de faire paraître les produits plus performants qu'ils ne l'étaient en réalité.
Sam Altman est sceptique quant à la capacité de Meta à innover. Il a déclaré : « il y a beaucoup de choses que je respecte chez Meta en tant qu'entreprise, mais je ne pense pas que ce soit une entreprise douée pour l'innovation. Je pense que nous comprenons beaucoup de choses qu'ils ne comprennent pas ».
Selon le PDG d'OpenAI, la stratégie de Meta, basée sur une rémunération importante, détournerait l'attention du travail réel et ne créerait pas une culture gagnante. « Je pense qu'il y a beaucoup de gens, et Meta en sera un nouveau, qui disent "nous allons juste essayer de copier OpenAI". Cela ne fonctionne jamais. Vous allez toujours là où votre concurrent était, et vous ne construisez pas une culture d'apprentissage de ce que c'est que d'innover ».
La déclaration de Sam Altman fait écho à un rapport selon lequel Meta s'en sort très mal dans cette guerre des talents. Deedy Das, investisseur en capital-risque chez Menlo Ventures et ancien membre du personnel de Google Search, a indiqué récemment que Meta a mis en place un système de rémunération annuelle de plus de 2 millions de dollars pour les talents en IA, mais que la société continue à perdre ses employés au profit d'OpenAI et d'Anthropic.
Deedy Das a déclaré avoir personnellement entendu parler de trois cas de ce genre rien que cette semaine, ce qui est une nouvelle majeure compte tenu de l'importance de la rémunération de Meta. Cela représente un coup dur pour Meta qui nourrit de grandes ambitions dans la course mondiale à l'IA. Anthropic serait le laboratoire qui attire le plus les talents, en raison des facteurs suivants : mission claire, créativité, autonomie et prestige scientifique.
Certains experts contestent la position de Sam Altman sur Meta
Sam Altman remet en question la stratégie de Meta. Mais l'investissement dans les startups et leurs talents n'est pas une nouveauté dans le domaine de l'IA. OpenAI a récemment recruté Jony Ive, l'ancien directeur de la conception d'Apple. Le fabricant de ChatGPT a racheté la société io, la startup d'appareils d'IA fondée par Jony Ive, dans le cadre d'une transaction de 6,4 milliards de dollars. Il aidera Sam Altman à créer un appareil portable piloté par l'IA.
Des détails commencent à apparaître sur le dispositif. Dans un billet publié le 22 mai sur X (ex-Twitter), Ming-Chi Kuo, initié du secteur et auteur de fuites réputé, a rapporté que ses recherches indiquent que l'appareil pourrait être plus grand que le Humane AI Pin, mais avec un facteur de forme aussi compact et élégant qu'un iPod Shuffle. Il reste à voir si le prochain appareil de Sam Altman sera un succès ou s'il suivra le chemin de l'éphémère de l'AI Pin.
Le Humane AI Pin a été un échec cuisant. Ce gadget portable à commande vocale et le dispositif portable rabbit r1 promettaient de supprimer l'aspect distrayant des smartphones et de permettre de travailler efficacement. Comme souligné précédemment, la rumeur indique que l'appareil d'IA de Jony Ive et de Sam Altman ne ressemble en rien à un smartphone. Ainsi, si l'idée est semblable au Humane AI Pin, il pourrait également connaître le même sort.
Certains experts ont contesté la position de Sam Altman selon laquelle Meta aurait raté le coche en matière d'IA. Daniel Newman, PDG de Futurum Group, a déclaré lors de l'émission « Power Lunch » sur CNBC : « ils ont essentiellement construit les rails du développement de l'IA open source, et une grande partie de ce qui se passe dans le domaine de l'IA est construite sur Meta ». Le caractère open source des modèles de Meta est toutefois controversé.
Anthropic : la nouvelle destination de choix des talents en IA
Anthropic attire particulièrement les chercheurs et ingénieurs spécialisés en IA. Selon les statistiques, pour chaque 10,6 personnes de Google DeepMind, 8,2 d'OpenAI et 2 de Hugging Face qui passent à Anthropic, l'entreprise ne perd qu'un employé par société. Ce mouvement montre qu'Anthropic se développe rapidement et que de nombreuses personnes issues de laboratoires d'IA concurrents souhaitent travailler pour la startup dirigée par Dario Amodei.
Anthropic a été fondé en 2021 par Dario Amodei et Daniela Amodei, deux anciens scientifiques d'OpenAI. Les salaires offerts par Anthropic n'ont pas été révélés, mais les analystes supposent qu'ils sont au moins équivalents ou, plus vraisemblablement, nettement supérieurs aux salaires de la concurrence.
Toutefois, SignalFire rapporte que les rémunérations élevées ne sont pas la seule chose qui attire les chercheurs et ingénieurs vers Anthropic. Selon le State of Talent Report 2025, au-delà du salaire, l'avantage d'Anthropic réside dans une culture unique qui accueille les « penseurs non conventionnels » et donne aux employés une véritable autonomie, ainsi que des options de travail flexibles, une absence de politique de titres et de voies de gestion forcées.
Les employés font aussi état d'une ouverture au discours intellectuel et à l'autonomie des chercheurs, par rapport à la bureaucratie qui prévaut ailleurs. Par exemple, la perception selon laquelle Meta est limité par des impératifs commerciaux, ou qu'il change souvent de priorités (réalité virtuelle, métavers…), joue en sa défaveur. Cela signifie que les enjeux culturels (créativité, prestige scientifique) deviennent cruciaux dans la guerre pour attirer les experts IA.
Source : Sam Altman, PDG d'OpenAI
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