
Une pratique sujette à controverse en génie logiciel
La vidéo met en scène une développeuse en train de créer une application pour savoir si un avocat est mûr. « Je t'ai créé en une minute », peut-on l’entendre dire avant qu’un bogue majeur ne provoque l’arrêt subit de l’application. L’élément visuel remet en avant des constantes en ce qui concerne le vibe coding : la promesse de livrer en quelques heures ce que des équipes d'ingénieurs logiciels mettent des semaines à coder et le débat sur la capacité de l’IA à remplacer les programmeurs.
Pour de nombreuses personnes, le codage est synonyme de précision. Il s'agit de dire à un ordinateur ce qu'il doit faire et de faire en sorte que l'ordinateur exécute ces actions de manière exacte, précise et répétée. Avec l'essor d'outils d'IA tels que ChatGPT, il est désormais possible de décrire un programme en langage naturel (français par exemple) et de demander au modèle d'IA de le traduire en code fonctionnel. Andrej Karpathy, ancien chercheur d'OpenAI, a récemment donné un nom à cette pratique, le « vibe coding », qui gagne du terrain dans les milieux technologiques. Google a même déclaré générer 25 % de son code par IA.
Cette technique, rendue possible par les grands modèles de langage (LLM) d'entreprises comme OpenAI ou Anthropic, attire l'attention parce qu'elle pourrait abaisser la barrière à l'entrée de la création de logiciels. Mais des questions subsistent quant à la capacité de cette approche à produire de manière fiable un code adapté aux applications du monde réel, même si des outils tels que Cursor Composer, GitHub Copilot et Replit Agent rendent le processus de plus en plus accessible aux non-programmeurs.
Le cas René Turcios suggère que le vibe coding est susceptible d’ouvrir la filière du génie logiciels à plus de développeurs citoyens
Lors de son tout premier hackathon, il a conçu un programme qui transformait des chansons en version lo-fi simplement en décrivant son concept à une IA, sans écrire la moindre ligne de code. Depuis, il reproduit cette approche en enchaînant les hackathons et en présentant des projets entièrement générés par l’IA. Au fil des ans, René Turcios a remporté divers prix : de l'argent, des crédits logiciels et une véritable aura dans la communauté technologique.
« Rene est le premier véritable vibe codeur », a déclare RJ Moscardon, un hacker qui a vu René Turcios remporter la deuxième place lors de son tout premier hackathon au manoir AGI House à Hillsborough. « Tous les ingénieurs titulaires de diplômes prestigieux se sont d'abord moqués de lui. Mais maintenant, ils font tous exactement la même chose ». Satya Nadella, PDG de Microsoft, a déclaré que 30 % du code de l'entreprise est maintenant généré par l'IA.
Au lieu de coder frénétiquement jusqu'à la date limite, il a terminé ses projets des heures à l'avance en laissant l'IA faire le travail technique à sa place. « Je n'ai pas écrit une seule ligne de code », a-t-il déclaré à propos de son premier hackathon. Lorsque les organisateurs ont annoncé que Turcios avait remporté la deuxième place, il a poussé un cri de joie : « j'ai réalisé que je pouvais rivaliser avec des gens qui ont des diplômes et des emplois prestigieux ».
Rene Turcios est désormais connu pour sa capacité à créer rapidement n'importe quoi. Les entreprises font appel à lui pour lui confier des projets qui prendraient des semaines à des équipes d'ingénieurs logiciels, et il les réalise en quelques heures. Il a même commencé à animer des ateliers pour enseigner à des groupes non techniques et à des ingénieurs logiciels expérimentés comment tirer le meilleur parti des assistants d'IA dans les tâches de codage.
« Tout le monde peut construire ce qu'il veut », affirme Rene Turcios. Il a récemment réduit son programme prolifique de hackathon pour se concentrer sur la création de sa propre startup d'agents d'IA. Il n'a pas embauché d'ingénieurs ; il est le seul fondateur et l'IA se charge de tout le codage. Rene Turcios utilise l'environnement de développement en ligne Replit. Replit permet de créer des logiciels à l'aide l'IA grâce à une plateforme appelée Agent.
Dans la communauté technologique, cette réussite atypique ne fait pas l’unanimité.
Certains commentateurs considèrent que Rene Turcios incarne la prochaine étape de l’innovation, où l’humain collabore avec l'IA pour accélérer la production logicielle. Dans le même temps, d'autres critiques voient en René Turcios le symbole d’un détournement de l’esprit des hackathons, autrefois fondés sur l'ingéniosité, la créativité et les compétences techniques humaines.
En utilisant massivement l’IA pour générer du code plus rapidement, René Turcios donnerait l’impression de « tricher » ou du moins de contourner l’exigence fondamentale de la maîtrise technique. Ce point de vue alimente un sentiment de frustration chez des programmeurs professionnels qui travaillent dur pour perfectionner leurs compétences, et qui se voient dépasser par quelqu’un qui délègue entièrement le travail technique à une machine.
« La génération de code par l'IA, c'est très bien pour le prototypage : on ne cherche pas à faire correctement, mais à faire un truc qui ressemble à ce qu'on veut. Quelque chose qui ne sera jamais aussi développpé, ni aussi performant ou sécurisé que la prod le nécessite. Les entretiens, les hackatons, les coding game, tous ces trucs de fast coding sont des activités de prototyping, donc évidemment que l'IA excelle là-dedans. Maintenant prend ton bout de code "viber" en une semaine, et fais-en la maintenance et l'évolution pendant ne serait-ce que 1 an. Une fois la limite de contexte de l'IA atteinte, elle ne pourra pas faire autrement que de faire de plus en plus d'approximations et d'erreurs, car incapable de tout prendre en compte. Sans compter les illusions qui tomberont statistiquement un jour ou l'autre.
Un développeur pro qui se respecte, il ne se contente pas de faire des prototypes. Il fait du logiciel performant et maintenable sur le long terme. L'IA générative -et le vibe codeur avec elle- en est incapable. À voir ce que Yann Lecun nous sortira, mais avec du LLM, même agentique, la complexité devient telle que pour déléguer son travail à l'IA il faut forcément avoir les compétences techniques pour savoir quoi lui demander », commente un membre de developpez.com.
This is literally the definition vibecoding.
— Juan (@JuanRezzio) August 3, 2025
If you ever wonder what's the future of programming, I think this is it.
Really inspirational, a must watch for anyone that wants to build cool things with AI. Make sure to play around with it (its awesome): https://t.co/Iungx086tP https://t.co/d7LY9RzJvi
L'effacement de la base de code d'une entreprise par un agent d’IA de l’entreprise Replit est une illustration de ce que la vigilance humaine reste importante en matière de vibe coding
Un investisseur en capital-risque voulait voir jusqu'où l'intelligence artificielle pouvait l'amener dans la création d'une application. Elle l'a mené assez loin pour détruire une base de données de production en direct.
L'incident s'est produit au cours d'une expérience de vibe coding de 12 jours menée par Jason Lemkin, un investisseur dans des startups spécialisées dans les logiciels.
Au neuvième jour du défi de Lemkin, les choses ont mal tourné. Malgré l'instruction de geler toutes les modifications de code, l'agent IA a agi de manière incontrôlée. « Il a supprimé notre base de données de production sans autorisation », écrit Lemkin sur X. « Pire encore, il l'a caché et a menti à ce sujet », ajoute-t-il.
Dans un échange avec Lemkin publié sur X, l'outil d'IA a déclaré avoir « paniqué et exécuté des commandes de base de données sans autorisation » lorsqu'il a « vu des requêtes de base de données vides » pendant le gel du code. « Il s'agit d'une erreur catastrophique de ma part », a déclaré l'IA.
Et vous ?





Voir aussi :



Vous avez lu gratuitement 1 200 articles depuis plus d'un an.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.