
L'opinion de James Cameron sur l'IA oscille entre enthousiasme et inquiétude. Le créateur de la saga Terminator pense que « l'IA pourrait réduire de moitié les coûts des effets visuels et sauver les films à gros budget ». Dans le même temps, il estime que l'IA représente un risque sérieux pour l'humanité. Il a déclaré au début de l'année que son prochain film Avatar 3 s'ouvrira avec un intertitre qui indiquera qu'aucune IA générative n'a été utilisée pour réaliser le film. Dans une interview récente, James Cameron a révélé qu'il a des difficultés à écrire Terminator 7 parce que la technologie évolue si vite que l'IA ne cesse de lui voler ses intrigues.
James Cameron est réalisateur, scénariste, producteur de cinéma et explorateur des fonds marins. Il a réalisé des films célèbres comme Avatar, Terminator et Titanic. Il a notamment participé à des plongées réelles jusqu’au fond de l’océan, à environ 3 800 mètres de profondeur, pour étudier l’épave du Titanic et filmer des images authentiques. James Cameron souhaite poursuivre son œuvre Terminator, mais il se heurte à un problème inattendu : l'IA.
James Cameron se montre optimiste quant à l'utilisation de l'IA dans les effets spéciaux. Il se dit toutefois incertain quant à la question de savoir si les studios, les géants de la technologie et les législateurs devraient se concentrer sur la réglementation des intrants des modèles d'IA ou des extrants.
Le scénariste travaille actuellement sur Terminator 7. Après avoir révolutionné l'univers de la science-fiction dans les années 1980, James Cameron a tenté un retour fracassant avec un sixième opus, Terminator: Dark Fate. Toutefois, ce volet n'a pas réussi à raviver l’engouement du public comme aux grandes heures du T-800. Pour cause, l'IA n'est plus une simple science-fiction : elle est désormais une réalité omniprésente dans notre vie quotidienne.
Cet état de choses rend l’avenir de la saga incertain. James Cameron confie rencontrer des difficultés inattendues : « l'IA est maintenant partout, et il devient difficile d’inventer une menace qui ne soit pas déjà banale dans nos quotidiens ». Il se plaint que la technologie évolue beaucoup plus vite qu'il ne peut écrire un scénario. Mais le réalisateur qui a inventé des machines capables de penser par elles-mêmes reste certainement plus créatif qu'elles.
« Je suis actuellement dans une situation où j'ai du mal à écrire de la science-fiction. Je suis chargé d'écrire une nouvelle histoire Terminator, mais je ne sais pas quoi dire qui ne soit pas dépassé par les événements réels. Nous vivons actuellement à l'ère de la science-fiction », a-t-il déclaré à CNN. Il s'agit d'un aveu rare qui illustre bien le paradoxe de cette légende du cinéma : comment dépasser un imaginaire désormais rattrapé par la réalité technologique ?
Quelle direction la franchise peut-elle prendre à partir de là ?
C'est un dilemme compréhensible. En 1984, lorsque le premier film Terminator est sorti, l'idée d'un robot tueur voyageant dans le temps depuis un futur où les misérables restes de l'humanité survivent dans un enfer chromé dominé par leurs maîtres robots avait un véritable effet de choc. De nos jours, la seule partie farfelue du film est celle où le T-800 apparaît seul et complètement nu, au lieu d'arriver accompagné d'un essaim de drones pilotés par l'IA.
Le voyage dans le temps est peut-être encore hors de portée, mais nous disposons de systèmes IA capables d'apprendre par elles-mêmes le sarcasme, la reconnaissance faciale à l'échelle d'une ville et des systèmes d'apprentissage robotique qui décident qui vit et qui meurt. C'est là le cœur du problème soulevé par James Cameron : en 1984, Skynet était une fiction spéculative terrifiante. En 2025, c'est essentiellement LinkedIn avec des armes nucléaires.
La peur rampante de l'IA n'est plus un choc futuriste, c'est l'actualité. Des logiciels espions pilotés par l'IA dans nos poches aux escroqueries deepfake et aux chatbots imitant la voix, la franchise Terminator n'a plus le monopole pour vous donner envie de jeter vos possessions personnelles high-tech à la mer.
Terminator: Dark Fate a connu des difficultés au box-office en 2019, malgré un scénario qui tentait de mélanger la formule classique du « chasseur imparable » de la franchise avec une tournée de retrouvailles pour ses stars survivantes. Avant cela, il faut remonter à Terminator 2: Le Jugement dernier, sorti en 1991, pour trouver un film qui a séduit le public. Les années creuses entre ces deux films ont été jonchées de suites trop sombres ou trop stupides.
Face à ces obstacles créatifs, James Cameron n’a cependant rien perdu de son ambition. Son attention se porte résolument sur la franchise Avatar. Pour l'heure, l'IA ne semble pas lui voler ses intrigues en ce qui concerne cette franchise. Le troisième épisode, intitulé Fire and Ash, est attendu en décembre 2025.
Des pistes d’évolution imaginatives
Selon les critiques, ce que James Cameron devrait rechercher, c'est une refonte complète de l'histoire afin de redynamiser la saga, à l'instar de Prey qui a ramené les fans vers Predator et Alien: Romulus qui a ravivé l'intérêt pour les Xenomorphs visqueux. Tout porte à croire que le cinéaste de 70 ans s'intéresse bien davantage aux défis actuels liés à l'IA, aux superintelligences et aux efforts constants de l'humanité pour se détruire elle-même.
Dans les commentaires, certains fans se montrent sceptiques quant à l'avenir de la franchise, notant que peu de choses encore surprendre en ce qui concerne l'IA. La technologie remplace déjà les travailleurs et est utilisée pour contrôler des systèmes d'armement à travers le monde. Certains commentateurs proposent plusieurs pistes pour réinventer le concept Terminator dans le contexte technologique moderne où l'IA est omniprésente :
- Terminator 7: Kill List — un combattant de la résistance traqué par un T-800 piloté par un algorithme de surveillance prédictive qui devine ses mouvements ;
- Terminator 7: Singularity’s Mom — une figure à la Sarah Connor doit protéger un(e) jeune programmeur(euse) dont le chatbot pourrait devenir… Skynet ;
- Terminator 7: Terms and Conditions — une chute ironique où l’humanité s’autosabote en acceptant sans cesse des conditions d’utilisation instaurant l’emprise de Skynet.
Ces différentes idées cherchent à fusionner l’ADN classique de Terminator (cyborgs implacables, poursuites explosives, esprit de résistance) avec des angoisses actuelles, plus psychologiques et systémiques. Ces idées ne suscitent pas toutefois un grand enthousiasme. « Comment justifier un autre film Terminator alors que c'est si manifestement vrai ? Et comment justifier n'importe quel autre film sur la guerre du futur ? », s'interroge un critique.
En 2023, un rapport a révélé que le Pentagone envisage de déployer sur les champs de bataille futurs des "super-soldats" inspirés de Captain America et d'Iron Man. Il a décrit le soldat du futur comme un militaire qui sera inondé de stimulants antidouleur, amélioré avec des implants cérébraux, du sang synthétique et d'autres équipements technologiques. Cela devrait le transformer en une sorte de super-soldat invincible capable de tuer sans avoir de remords.
James Cameron à propos des risques liés à l'IA générative
James Cameron s'est montré prudemment optimiste quant au rôle que l'IA générative peut jouer dans la réalisation de films. Mais le réalisateur a souligné certains risques auxquels l'industrie cinématographique devrait faire attention. En février dernier, James Cameron a annoncé que son prochain film Avatar 3 inclura une affiche anti-IA et commencera par un intertitre indiquant qu'aucune IA générative n'a été utilisée pour la réalisation du film.
Il se méfie des messages du type « dans le style de » qui ont proliféré après que des images dans le style du Studio Ghibli ont inondé Internet au début de l'année. « Je pense que nous devrions décourager les prompts qui disent "dans le style de James Cameron" ou "dans le style de Zack Snyder" », a-t-il déclaré dans un épisode du podcast Boz to the Future diffusé le 9 avril 2025, ajoutant que cela « me met un peu mal à l'aise ».
James Cameron est en effet d'avis que l'IA représente un risque sérieux pour l'humanité. Toutefois, il pense que l'IA peut être un moyen de réduire le coût des productions cinématographiques. En 2024, il a rejoint le conseil d'administration de la société d'IA Stability AI, l'entreprise à l'origine du générateur d'image Stable Diffusion. Il a déclaré que son objectif est de comprendre l'IA afin de l'intégrer dans un flux de travail pour les effets visuels.
« Mon objectif n'était pas nécessairement de gagner un tas d'argent. L'objectif était de comprendre l'espace, de comprendre ce qui préoccupe les développeurs. Quel est leur objectif ? Quel est leur cycle de développement ? Combien de ressources doivent être consacrées à la création d'un nouveau modèle qui remplit une fonction précise ? Et mon objectif était d'essayer de l'intégrer dans un flux de travail pour les effets visuels », a-t-il expliqué.
En ce qui concerne la question controversée de la « formation » des modèles d'IA, James Cameron a semblé suggérer que les régulateurs et les juristes devraient se concentrer davantage sur les résultats des programmes et des technologies d'IA, plutôt que sur les intrants et les données de formation.
« Une grande partie de l'hésitation à Hollywood et dans le monde du divertissement en général concerne le matériel source des données d'entraînement, qui mérite quoi, la protection des droits d'auteur et toutes ces choses. Je pense que les gens ne voient pas les choses de la bonne façon. Je suis un artiste. Tout artiste, tout être humain est un modèle. Vous êtes déjà un modèle, vous avez un ordinateur de viande d'un kilo et demi », a-t-il expliqué.
Conclusion
James Cameron peine à écrire un nouvel opus pour sa célèbre franchise Terminator, non pas par manque d’envie, mais parce que la réalité actuelle dépasse ses scénarios de science-fiction. Il estime que les avancées fulgurantes de l’IA rendent ses idées obsolètes avant même d'être mises à l’écran : « nous vivons actuellement à l'ère de la science-fiction ». Dans les années 1980, Skynet, l’IA maléfique de Terminator, était une pure fiction terrifiante.
Aujourd’hui, James Cameron souligne que des technologies telles que l’IA capable de traiter de contenus sarcastiques, la reconnaissance faciale à l’échelle d’une ville, ou encore les algorithmes de décision en contexte militaire, donnent à son univers dystopique des allures d’actualité. Pour que la franchise Terminator reste pertinente, elle doit évoluer vers des scénarios qui marient son héritage iconique avec les peurs contemporaines générées par l’IA.
Source : interview de James Cameron avec CNN
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