IdentifiantMot de passe
Loading...
Mot de passe oublié ?Je m'inscris ! (gratuit)

Vous êtes nouveau sur Developpez.com ? Créez votre compte ou connectez-vous afin de pouvoir participer !

Vous devez avoir un compte Developpez.com et être connecté pour pouvoir participer aux discussions.

Vous n'avez pas encore de compte Developpez.com ? Créez-en un en quelques instants, c'est entièrement gratuit !

Si vous disposez déjà d'un compte et qu'il est bien activé, connectez-vous à l'aide du formulaire ci-dessous.

Identifiez-vous
Identifiant
Mot de passe
Mot de passe oublié ?
Créer un compte

L'inscription est gratuite et ne vous prendra que quelques instants !

Je m'inscris !

Le nouveau projet de Donald Trump pour Medicare : une réforme qui confie à l'IA le pouvoir de dire qui mérite des soins
Quand l'obsession des économies transforme l'IA en arbitre des soins de santé

Le , par Stéphane le calme

0PARTAGES

9  0 
Le nouveau projet de Trump pour Medicare : une réforme qui confie à l’IA le pouvoir de dire qui mérite des soins,
quand l’obsession des économies transforme l’IA en arbitre des soins de santé

L’administration Trump vient de lancer un projet pilote qui pourrait transformer en profondeur le système de santé public américain. Derrière un nom technique et apparemment anodin, WISeR (Wasteful and Inappropriate Service Reduction), se cache une idée simple mais explosive : confier à l’intelligence artificielle le soin de décider si certains traitements médicaux doivent être couverts ou non par Medicare, le programme d’assurance destiné aux seniors et aux personnes vulnérables. Pour ses promoteurs, il s’agit d’une modernisation indispensable visant à réduire les abus et le gaspillage. Pour ses détracteurs, c’est une bombe à retardement qui menace l’accès aux soins des plus fragiles. Les algorithmes de ce type ont fait l'objet de poursuites judiciaires. Les entreprises d'IA concernées « auraient tout intérêt financièrement à rejeter les demandes d'indemnisation » selon les médias qui notent que le nouveau programme pilote a déjà été qualifié de « comité de la mort de l'IA ».

À partir de 2026, six États américains serviront de laboratoires : l’Arizona, le New Jersey, l’Ohio, l’Oklahoma, le Texas et Washington. Dans ces territoires, des algorithmes d’IA auront la tâche d’analyser des demandes médicales jugées « sensibles » ou « susceptibles d’être abusives ». Concrètement, lorsqu’un patient sollicite un traitement, une opération ou un examen, l’IA passera au crible ses données médicales et décidera s’il convient d’autoriser ou de bloquer la prise en charge. Les autorités assurent que des cliniciens valideront les décisions finales. Mais beaucoup craignent que, dans la pratique, la machine prenne le pas sur l’humain et que le rôle du médecin se réduise à une simple chambre d’enregistrement.

Dans un communiqué de presse publié sur le site Web de l'agence, le CMS indique que son nouveau programme « ciblera les services inutiles et inappropriés dans le cadre du programme Medicare original ». Il stipule : « Les Centres pour les services Medicare et Medicaid (CMS) annoncent un nouveau modèle de centre d'innovation visant à garantir que les personnes bénéficiant du programme Medicare original reçoivent des soins sûrs, efficaces et nécessaires ».

Puis d'indiquer : « Grâce au modèle WISeR (Wasteful and Inappropriate Service Reduction), CMS s'associera à des entreprises spécialisées dans les technologies avancées afin de tester des moyens d'améliorer et d'accélérer le processus d'autorisation préalable par rapport aux processus existants de Medicare Original, aidant ainsi les patients et les prestataires à éviter les soins inutiles ou inappropriés et à préserver l'argent des contribuables fédéraux ».

L'autorisation préalable est le processus par lequel les prestataires médicaux sont tenus de vérifier auprès des compagnies d'assurance avant de fournir certains types de soins. Traditionnellement, les personnes bénéficiant des prestations publiques de l'assurance maladie originale n'ont pas à se soucier de ce genre de choses, mais celles qui utilisent le programme plus « modernisé », Medicare Advantage, semblent en être constamment affectées. Dans ce cas, les bénéficiaires qui reçoivent Original Medicare seront toujours soumis à une autorisation préalable dans le cadre du programme pilote. Les algorithmes d'IA seront utilisés pour déterminer si les soins reçus par les bénéficiaires représentent une dépense « appropriée » de « l'argent des contribuables fédéraux ». Tout cela est présenté par le gouvernement comme s'il s'agissait d'une sorte de faveur.

Le communiqué de presse continue en ces termes : « Le modèle WISeR testera un nouveau processus visant à déterminer si les technologies avancées, notamment l'intelligence artificielle (IA), peuvent accélérer les processus d'autorisation préalable pour certains articles et services identifiés comme particulièrement vulnérables à la fraude, au gaspillage, aux abus ou à une utilisation inappropriée ».


Le spectre de Medicare Advantage

Si cette annonce fait autant de bruit, c’est parce qu’elle rappelle des pratiques déjà largement critiquées dans le secteur privé. Les grands assureurs, à l’image de UnitedHealth, ont depuis plusieurs années recours à l’intelligence artificielle pour gérer leurs programmes Medicare Advantage. Or, ces systèmes sont accusés d’un usage abusif : retarder les soins, multiplier les refus de remboursement, exercer une pression implicite sur les patients afin de limiter les coûts. Pour beaucoup d’experts, l’administration Trump ne fait que copier ce modèle et l’importer dans Medicare traditionnel, qui jusqu’ici se distinguait par sa relative simplicité et son accès direct aux soins.

Selon le New York Times, le gouvernement fédéral prévoit d'engager des entreprises privées pour utiliser l'intelligence artificielle afin de déterminer si les patients seraient couverts pour certaines procédures, comme certaines chirurgies de la colonne vertébrale ou injections de stéroïdes. Des algorithmes similaires utilisés par les assureurs ont fait l'objet de plusieurs procès très médiatisés, qui ont affirmé que cette technologie permettait aux entreprises de rejeter rapidement un grand nombre de demandes de remboursement et de priver les patients de soins dans les centres de rééducation.

Les entreprises d'intelligence artificielle sélectionnées pour superviser le programme auraient un fort intérêt financier à rejeter les demandes de remboursement. Medicare prévoit de leur verser une partie des économies générées par ces refus, souligne le quotidien.

Le gouvernement a déclaré que l'outil de sélection basé sur l'intelligence artificielle se concentrerait uniquement sur une douzaine d'interventions, jugées coûteuses et peu ou pas bénéfiques pour les patients. Ces interventions comprennent les dispositifs de contrôle de l'incontinence, la fusion cervicale, certaines injections de stéroïdes pour la gestion de la douleur, certains stimulateurs nerveux et le diagnostic et le traitement de l'impuissance.

« Il est vraiment surprenant que nous prenions la partie la plus impopulaire de Medicare Advantage et que nous l'appliquions à Medicare traditionnel », a déclaré Neil Patil, chercheur principal à Georgetown et ancien analyste principal chez Medicare.

L'Association médicale américaine a écrit dans une lettre que les médecins considèrent l'autorisation préalable « comme l'une des exigences administratives les plus lourdes et les plus perturbatrices auxquelles ils sont confrontés pour fournir des soins de qualité aux patients ». La plupart des patients qui font appel obtiennent gain de cause, mais une grande majorité ne fait jamais appel.

Citation Envoyé par Association médicale américaine
Bien que l'objectif déclaré du modèle soit de réduire les dépenses inutiles et de protéger le fonds fiduciaire Medicare, les mécanismes utilisés soulèvent plusieurs questions importantes qui doivent être abordées avant sa mise en œuvre. L'AMA [ndlr. Association médicale américaine] exhorte vivement les CMS à suspendre la mise en œuvre du modèle WISeR prévue pour le 1er janvier 2026 afin de permettre aux parties prenantes de donner leur avis, d'analyser de manière approfondie les répercussions opérationnelles du modèle et d'élaborer des directives claires à l'intention des médecins. Les médecins ne devraient pas être contraints de s'adapter à des exigences administratives aussi importantes sans disposer de suffisamment de temps pour en comprendre les implications et se préparer. Sans cette possibilité d'une participation significative des médecins et des parties prenantes, le modèle risque de créer une confusion, une charge administrative et des conséquences imprévues qui pourraient finalement compromettre les propres objectifs des CMS en matière de réduction du gaspillage, de la fraude et des abus.

Quand l’IA devient juge des vies humaines

La question n’est pas seulement économique. Confier à un algorithme le soin de filtrer des demandes de soins pose un problème de fond : peut-on réduire la santé humaine à une suite de calculs statistiques ? Un patient atteint de cancer, un senior dépendant de soins respiratoires ou un malade chronique n’a pas le temps d’attendre qu’un système automatisé statue sur sa demande. Le moindre délai peut avoir des conséquences graves, parfois irréversibles.

Les critiques parlent déjà de « panels de la mort IA », une expression provocatrice mais révélatrice de l’inquiétude ambiante. Si une entreprise privée a intérêt à refuser une prise en charge pour engranger des économies, peut-on vraiment garantir que la décision restera médicale ? La frontière entre optimisation budgétaire et mise en danger des patients devient alors particulièrement floue.

Abe Sutton, directeur du Centre pour l'innovation Medicare et Medicaid, a déclaré que le gouvernement ne réexaminerait pas les services d'urgence ni les séjours à l'hôpital. Sutton a déclaré que l'expérience menée par le gouvernement porterait sur les pratiques particulièrement coûteuses ou potentiellement nocives pour les patients. « C'est ainsi que devrait fonctionner l'autorisation préalable », a-t-il déclaré.

Cependant, il a reconnu que le gouvernement pourrait ajouter ou supprimer des traitements de la liste qu'il a prévu d'examiner, en fonction des traitements qu'il jugera surutilisés.

Ce que cela dit de l’avenir de la santé numérique

Au-delà du cas américain, cette expérimentation résonne avec les préoccupations de tous les pays engagés dans la numérisation de la santé. La promesse de l’IA est séduisante : réduire les coûts, fluidifier les procédures, améliorer la détection des fraudes. Mais le risque est immense : déshumaniser la relation médicale, fragiliser la confiance des patients, transformer l’accès aux soins en un parcours semé d’obstacles invisibles.

Pour les acteurs de la tech, l’affaire WISeR doit servir d’avertissement. L’innovation technologique en santé ne peut être adoptée sans un encadrement strict, sans audits réguliers, sans participation active des praticiens et sans transparence vis-à-vis des citoyens. Faute de quoi, les algorithmes risquent de devenir des juges invisibles, capables de décider de qui mérite un traitement et de qui ne l’obtiendra pas.

Un tournant décisif

La réforme Trump est encore au stade expérimental, mais elle cristallise déjà les tensions. Pour certains, elle marque le début d’une nouvelle ère où l’intelligence artificielle sera indissociable des politiques publiques de santé. Pour d’autres, c’est un glissement inquiétant vers un système où les machines tranchent des questions de vie ou de mort.

Quoi qu’il en soit, le débat dépasse largement les frontières américaines. Partout, les décideurs publics, les professionnels de santé et les experts en informatique sont confrontés à la même interrogation : jusqu’où laisserons-nous l’IA décider de nos vies ?

Sources : communiqué de presse, lettre de l'association médicale des médecins

Et vous ?

Jusqu’où peut-on automatiser les décisions médicales sans déshumaniser la relation entre soignants et patients ?

Les algorithmes peuvent-ils réellement être neutres lorsqu’ils sont conçus et utilisés dans un contexte dominé par les logiques financières ?

Faut-il instaurer un droit à la transparence algorithmique, permettant à chaque patient de comprendre pourquoi un soin a été refusé ?

Comment concilier les objectifs légitimes de maîtrise des dépenses publiques avec la nécessité absolue de garantir l’accès aux soins ?

La santé est-elle le bon terrain pour expérimenter les limites de l’intelligence artificielle ou devrions-nous garder un principe de précaution renforcé ?

L’exemple américain doit-il servir d’alerte pour l’Europe et pour les autres systèmes publics de santé ?
Vous avez lu gratuitement 4 516 articles depuis plus d'un an.
Soutenez le club developpez.com en souscrivant un abonnement pour que nous puissions continuer à vous proposer des publications.

Une erreur dans cette actualité ? Signalez-nous-la !

Avatar de tatayo
Expert éminent sénior https://www.developpez.com
Le 01/09/2025 à 14:17
Et lorsqu'on lui diagnostiquera un truc bien sévère, et qu'il I.A. jugera que l n'a pas droit aux soins, il annulera tout ça.
Ou fera en sorte que l'I.A. change d'avis.

"A touché le fond, mais continue de creuser".

Tatayo.
4  0 
Avatar de skuatamad
Expert confirmé https://www.developpez.com
Le 01/09/2025 à 14:47
Citation Envoyé par tatayo Voir le message
"A touché le fond, mais continue de creuser".
Drill, baby, drill!
2  0 
Avatar de totozor
Expert confirmé https://www.developpez.com
Le 01/09/2025 à 15:21
Cet IA est pourtant simple à programmer.
Mon médecin me prescrit des soins, est ce que je les mérite?
Réponse : Oui.

J'ai programmé plus compliqué au lycée.
2  0 
Avatar de Jon Shannow
Membre extrêmement actif https://www.developpez.com
Le 01/09/2025 à 15:57
Citation Envoyé par totozor Voir le message
Cet IA est pourtant simple à programmer.
Mon médecin me prescrit des soins, est ce que je les mérite?
Réponse : Oui.

J'ai programmé plus compliqué au lycée.
C'est un peu plus compliqué que ça.
Code : Sélectionner tout
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
SI Patient.ESTREPUBLICAIN ALORS
   SI Patient.ESTMAGA alors 
      OUI
   SINON
      pas Patient.ESTWOKE 
   Fin
SINON
   Si Patient.ESTDEMOCRATE ALORS
     NON
   Sinon
      SI Random(100) < 50 ALORS
         OUI
      SINON
         NON
      Fin
   Fin
Fin
2  0 
Avatar de popo
Expert confirmé https://www.developpez.com
Le 01/09/2025 à 17:02
Citation Envoyé par totozor Voir le message
Cet IA est pourtant simple à programmer.
Mon médecin me prescrit des soins, est ce que je les mérite?
Réponse : Oui.

J'ai programmé plus compliqué au lycée.
Citation Envoyé par Jon Shannow Voir le message
C'est un peu plus compliqué que ça.
Code : Sélectionner tout
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
SI Patient.ESTREPUBLICAIN ALORS
   SI Patient.ESTMAGA alors 
      OUI
   SINON
      pas Patient.ESTWOKE 
   Fin
SINON
   Si Patient.ESTDEMOCRATE ALORS
     NON
   Sinon
      SI Random(100) < 50 ALORS
         OUI
      SINON
         NON
      Fin
   Fin
Fin
Trump veux faire des économies.
Donc la programmation d'une IA qui dit si un patient mérite qu'on paie ces soin se résume à Return false;
0  0 
Avatar de PC241167
Membre actif https://www.developpez.com
Le 01/09/2025 à 22:13
si on raisonne en termes de chances d espérance de vie et 'age plus pathologie, et de manière froide à la tableau Excel il devrait etre exclu lui même des soins
0  0