
des initiés évoquent une absence de vision claire
Mark Zuckerberg a procédé à un braconnage intensif de spécialistes de l'IA au cours des douze derniers mois. Il a recruté à prix d’or des chercheurs de premier plan, parfois avec des offres de plusieurs centaines de millions de dollars. Son objectif est de rassembler les meilleurs talents au sein d'une même équipe afin d'améliorer la position de Meta dans la course à l'IA, voire dominer le secteur. Cependant, cet afflux massif de nouveaux talents a déclenché des conflits internes, des départs de vétérans, des retards dans les projets et des menaces de démissions massives. Ce qui était au départ pensé comme une stratégie audacieuse s'apparente désormais à un désastre.
Mark Zuckerberg a lancé une offensive spectaculaire pour rapprocher Meta de ses rivaux en IA, comme OpenAI et Google DeepMind. Il a créé le Meta Superintelligence Lab (MSL) et recruté des talents prestigieux tels que Shengjia Zhao (co-créateur de ChatGPT), Alexandre Wang (ancien PDG de Scale AI) et Nat Friedman (ancien PDG de GitHub), avec des offres très généreuses. Cette nouvelle équipe de jeunes talents doit coexister avec les anciens de Meta AI.
Mais à peine quelques mois après la création du Superintelligence Lab, la cohabitation devient déjà un véritable défi. Le personnel actuel s'adapte à la réinvention des efforts de Meta en matière d'IA, tandis que les nouveaux venus cherchent à exercer leur pouvoir tout en s'adaptant aux particularités du travail au sein d'une organisation tentaculaire de 1 850 milliards de dollars dirigés par un PDG très impliqué. Des conflits internes sont rapidement apparus.
Selon le Financial Times, plusieurs recrues ont quitté Meta presque immédiatement, parfois sans même commencer leur poste. D’autres ont menacé de repartir chez OpenAI ou ailleurs peu de temps après leur embauche. Des fidèles de longue date de Meta AI auraient également déserté le navire. Voici quelques exemples :
- Ethan Knight, un scientifique spécialisé dans l'apprentissage automatique qui a rejoint Meta il y a quelques semaines a décidé de quitter l'entreprise après une courte période ;
- Avi Verma, ancien chercheur chez OpenAI, a suivi le processus d'intégration de Meta, mais ne s'est jamais présenté à son premier jour de travail, selon une personne proche du dossier ;
- Shengjia Zhao, co-créateur de ChatGPT, est allé jusqu'à signer les documents nécessaires pour retourner chez OpenAI. Peu après, il s'est vu attribuer le titre de nouveau « directeur scientifique en intelligence artificielle » de Meta, selon quatre personnes proches du dossier ;
- dans un message posté sur X (ex-Twitter) le 27 août 2025, Rishabh Agarwal, un chercheur scientifique qui a rejoint Meta en avril, a annoncé son départ. Il a déclaré que, bien que le discours de Mark Zuckerberg et Alexandre Wang ait été « incroyablement convaincant », il ressent le besoin de « prendre un autre type de risque », sans donner plus de détails ;
- Chaya Nayak et Loredana Crisan, deux employées spécialisées dans l'IA générative qui travaillaient chez Meta depuis respectivement neuf et dix ans, font partie de la demi-douzaine d'employés chevronnés qui ont annoncé leur départ ces derniers jours.
Selon les rapports, les membres de longue date de l'équipe Meta IA qui ont démissionné au cours des derniers mois ont pointé du doigt la bureaucratie, les réorganisations incessantes (jusqu’à quatre en six mois), ou encore la pression du PDG Mark Zuckerberg pour accélérer vers la "superintelligence".
La stratégie agressive de Mark Zuckerberg se solde par un désastre
Au cours des derniers mois, Mark Zuckerberg a personnellement mené une campagne de recrutement, débauchant les meilleurs spécialistes de ses concurrents tels qu'OpenAI et Google avec des rémunérations de plusieurs millions de dollars par an. Cette stratégie, qui visait à l'origine à renforcer les ambitions de Meta en matière d'IA, a au contraire entraîné le départ précipité de cadres chevronnés et même des menaces de démissions massives.
Selon des sources internes, l'implication directe de Mark Zuckerberg, qui a mis son veto à certains projets et réaffecté des budgets, a écarté des cadres de longue date qui avaient développé les produits phares de Meta, tels que Facebook et Instagram. Ce qui a accentué les frustrations chez les anciens employés.
Des cadres tels que Nat Friedman et Alexandr Wang, recrutés pour diriger le nouveau laboratoire d'IA, se sont vu confier des pouvoirs étendus, ce qui a alimenté des tensions avec les employés et cadres de longue date du géant des médias sociaux. Selon des personnes proches du dossier, ces changements ont retardé des projets clés, notamment la mise à jour des modèles d'IA Llama de Meta, les équipes étant confrontées à des visions contradictoires.
Les publications en ligne ont amplifié le récit du chaos, les utilisateurs spéculant sur l'ampleur des retombées. Certains allèguent que Mark Zuckerberg réduit silencieusement la taille de Meta AI en raison des craintes d'une bulle spéculative dans la Silicon Valley. Un fil de discussion viral a mis en évidence la stratégie de Zuckerberg consistant à relocaliser les nouvelles recrues près de son complexe à Hawaï afin de favoriser une collaboration plus étroite.
Cette tactique aurait aliéné les vétérans travaillant à distance et alimenté les menaces de démission des cadres intermédiaires. En outre, plusieurs initiés rapportent que Mark Zuckerberg est très investi et impliqué dans la nouvelle équipe d'IA, tandis que d'autres lui reprochent son « micro-management ».
Les critiques au sein de Meta affirment que l'approche de Mark Zuckerberg reflète les tactiques agressives de titans de la technologie tels qu'Elon Musk, qui privilégient la rapidité au détriment de la cohésion. « Il y a beaucoup de grands noms sur le campus », a déclaré un cadre anonyme aux journalistes, résumant ainsi les rivalités motivées par l'ego qui minent actuellement l'entreprise. Le coût financier de ce désastre pourrait être considérable.
Le chaos chez Meta préoccupe l'ensemble du secteur technologique
Alexandr Wang, un entrepreneur de la Silicon Valley, supervise désormais tous les efforts de Meta en matière d'IA. Il a été débauché par Mark Zuckerberg dans le cadre d'un investissement de 14 milliards de dollars dans son groupe Scale AI, spécialisé dans l'étiquetage des données. Âgé de 28 ans, il dirige le nouveau département le plus secret de Meta, connu sous le nom de « TBD » (« to be determined »), qui regorge de nouvelles recrues prestigieuses.
Cependant, le style de leadership de Alexandr Wang a irrité certaines personnes, selon des sources proches du dossier. Ils ont souligné qu'il n'avait aucune expérience préalable dans la gestion d'équipes au sein d'une grande entreprise technologique. Il aurait eu du mal à s'adapter à certaines méthodes de travail particulières chez Meta, par exemple le fait de ne plus avoir d'objectifs de chiffre d'affaires comme c'était le cas lorsqu'ils étaient une startup.
Les retombées dépassent les murs de Meta et influencent la dynamique des talents dans l'ensemble du secteur. Les concurrents surveillent désormais leurs propres équipes avec méfiance. Selon des informations publiées par Bloomberg, Apple aurait perdu un cadre supérieur spécialisé dans l'IA au profit du laboratoire de Meta au début de l'année. Parallèlement, l'action Meta a fluctué, chutant de 5 % fin août à la suite à l'annonce de ces perturbations.
Pour les initiés de l'industrie, cet épisode souligne les dangers d'une expansion rapide dans le domaine de l'IA : si la vision de Mark Zuckerberg promet des avancées transformatrices, l'élément humain (intégration culturelle et moral) reste un angle mort critique. Ces départs rapides sont le signe de fissures plus profondes qui pourraient redéfinir la trajectoire de Meta au cours des mois à venir. Sam Altman, PDG d'OpenAI, avait mis en garde son rival.
En juin, il a dénoncé le braconnage des talents par Meta, notant que « les missionnaires battront les mercenaires ». « Ils essaient de recruter des personnes depuis très longtemps. J'ai perdu le compte du nombre de personnes ici qu'ils ont essayé de recruter comme directeur scientifique », a écrit Sam Altman.
Selon le PDG d'OpenAI, la stratégie de Meta, basée sur une rémunération importante, détournerait l'attention du travail réel et ne créerait pas une culture gagnante. « Je pense qu'il y a beaucoup de gens, et Meta en sera un nouveau, qui disent "nous allons juste essayer de copier OpenAI". Cela ne fonctionne jamais. Vous allez toujours là où votre concurrent était, et vous ne construisez pas une culture d'apprentissage de ce que c'est que d'innover ».
Conclusion
Mark Zuckerberg a publiquement défendu sa stratégie, soulignant dans des notes internes la nécessité d'une superintelligence pour devancer la concurrence. Mais face à la menace de nouveaux départs, Meta pourrait devoir mettre en place des mesures incitatives ou des processus de médiation pour stabiliser ses effectifs. Sans ajustements rapides, ses projets risquent de prendre du retard, ce qui pourrait lui faire perdre du terrain dans la course à l'IA.
En fin de compte, cette saga chez Meta met en évidence le double tranchant de la guerre des talents dans le secteur technologique : l'innovation exige des recrutements audacieux, mais sans une orchestration minutieuse, elle invite au désordre. Une fois la poussière retombée, le pari de Mark Zuckerberg pourrait soit propulser Meta vers la domination de l'industrie de l'IA, soit servir d'avertissement contre les plans de restructuration trop ambitieux.
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