
Gartner a récemment organisé un symposium informatique à Gold Coast, en Australie, au cours duquel plusieurs experts ont pris la parole pour évoquer l'impact potentiel de l'IA dans le secteur informatique dans un avenir proche. Alicia Mullery, vice-présidente et analyste chez Gartner, a rappelé qu'à l'heure actuelle, 81 % du travail est effectué par des humains sans aucune aide de l'IA. Mais la tendance devrait s'inverser d'ici la fin de la décennie.
D'ici 5 ans, Gartner estime que jusqu'à 75 % du travail informatique sera constitué d'activités humaines augmentées par l'IA, le reste étant effectué par des robots seuls. Daryl Plummer, vice-président analyste émérite, a déclaré que cette évolution permettra aux services informatiques de gagner en capacité de travail et qu'ils devront prouver qu'ils méritent de la conserver. « Il ne faut jamais donner l'impression d'avoir trop de personnel », a-t-il conseillé.
Daryl Plummer a suggéré aux responsables informatiques de consulter leurs homologues d'autres services de l'entreprise afin d'identifier les opportunités à valeur ajoutée que les services informatiques peuvent exploiter. Pourtant, l'omniprésence de l'IA commence à agacer de plus en plus de travailleurs.
Depuis plusieurs mois, un malaise grandit chez les utilisateurs de GitHub. Copilot, qui devait être une révolution en matière de productivité, se transforme pour beaucoup en cauchemar imposé. Présenté au départ comme une option, Copilot devient un élément quasi indissociable de l’expérience GitHub et Visual Studio Code, auquel il est intégré par défaut. Il est difficile à désactiver et omniprésent jusque dans les suggestions de problèmes ou de pull requests.
Ce glissement d’un service facultatif vers une imposition systématique nourrit une impression d’intrusion, voire de manipulation. Pour nombreux utilisateurs de la plateforme, GitHub ne respecte plus leur autonomie et leur liberté de choix, deux valeurs pourtant fondatrices de la culture open source.
Gartner prévient que les emplois de premier échelon sont menacés
Les données du cabinet de conseil en emploi Challenger, Gray and Christmas montrent une forte augmentation des licenciements en juillet 2025, près de la moitié d'entre eux étant liés à l'IA et aux « mises à jour technologiques ». Dans le secteur technologique, plus de 150 000 emplois ont été supprimés dans 549 entreprises en 2024. Depuis le début de cette année, plus de 80 000 travailleurs ont été victimes de réductions d'effectifs dans l'industrie.
Malgré la transition vers l'IA, Gartner ne s'attend pas à ce que l'IA provoque un bain de sang sur le marché de l'emploi dans le secteur informatique ou dans d'autres secteurs avant au moins cinq ans. Daryl Plummer a déclaré que seulement 1 % des pertes d'emplois actuelles peuvent être attribuées à l'IA. Cependant, les deux analystes prévoient une baisse des emplois de premier échelon, car l'IA permet aux cadres supérieurs d'effectuer des tâches qu'ils auraient autrefois confiées à des employés juniors.
L'avenir du travail peut sembler décourageant pour la génération Z, car les jeunes diplômés continuent de peiner à trouver un emploi, en partie parce que les entreprises pensent pouvoir confier à l'IA les tâches qui étaient réservées aux débutants. Et le constat sur le terrain est frappant. Selon une étude, 89 % des employeurs évitent d'embaucher de jeunes diplômés et 37 % d'entre eux préfèrent embaucher une IA plutôt qu'un jeune diplômé de la génération Z.
En mai 2025, Dario Amodei, PDG d'Anthropic, a déclaré que l'IA générative pourrait faire disparaître la moitié des emplois de bureau de niveau débutant dans les cinq prochaines années, entraînant un taux de chômage pouvant atteindre 20 % aux États-Unis. Il avait également déclaré : « l'IA commence à devenir meilleure que les humains dans presque toutes les tâches intellectuelles, et nous allons collectivement, en tant que société, nous en préoccuper. L'IA va devenir meilleure dans ce que tout le monde fait, y compris ce que je fais, y compris ce que d'autres PDG font ».
Récemment, Dario Amodei a réitéré cet avertissement. Il a déclaré que cette technologie est déjà très performante pour les tâches débutantes et qu'elle s'améliore rapidement. Selon lui, les tâches répétitives, mais variables dans les cabinets d'avocats, le conseil, l'administration et la finance pourraient bientôt être éliminées, les PDG cherchant à utiliser l'IA pour réduire les coûts.
« Plus précisément, si l'on considère les emplois de cols blancs débutants, je pense aux personnes qui travaillent dans des cabinets d'avocats, comme les associés de première année, qui doivent examiner beaucoup de documents. C'est très répétitif, mais chaque exemple est différent. C'est quelque chose pour lequel l'IA est très douée. Je pense, pour être honnête, qu'une grande partie d'entre eux aimeraient pouvoir l'utiliser pour réduire les coûts et employer moins de personnes », a-t-il déclaré.
Gartner note que le coût élevé de l'IA pourrait freiner son adoption
Daryl Plummer et Alicia Mullery prévoient que les entreprises auront du mal à mettre en œuvre efficacement l'IA, car les coûts relatifs à l'exécution des charges de travail liées à l'IA explosent. Selon Daryl Plummer, les coûts initiaux liés à l'ERP sont simples : vous payez pour obtenir la licence et le mettre en œuvre, puis pour former les personnes afin qu'elles puissent l'utiliser.
L'IA nécessite le même investissement initial, mais peu d'organisations peuvent suivre le rythme d'innovation des fournisseurs d'IA. L'adoption de l'IA nécessite donc une exploration quasi constante des cas d'utilisation et une formation continue. Daryl Plummer a déclaré que les organisations qui adoptent l'IA doivent s'attendre à découvrir 10 coûts annexes imprévus, parmi lesquels la nécessité d'acquérir de nouveaux ensembles de données et les coûts liés à la gestion de plusieurs modèles.
La nécessité d'utiliser un modèle d'IA pour vérifier les résultats des autres (une étape nécessaire pour vérifier la précision) est un autre coût à prendre en compte. En raison des coûts cachés de l'IA, Gartner estime que jusqu'à 65 % des DSI ne rentabilisent pas leurs investissements dans la technologie.
À l'heure actuelle, la plupart des projets d'IA échouent. Selon le MIT, le taux d'échec de 95 %. Malgré la ruée vers l'intégration de nouveaux modèles d'IA puissants, environ 5 % des programmes pilotes d'IA parviennent à accélérer rapidement leurs revenus ; la grande majorité stagne, n'ayant que peu ou pas d'impact mesurable sur le compte de résultat. Ce constat amer fait écho à des études récentes selon lesquelles les capacités de l'IA sont surestimées.
Les analystes de Gartner ont recommandé les quatre grands hyperscalers (AWS, Microsoft, Google et Alibaba) comme fournisseurs clés en raison...
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