« Actuellement, nous ne disposons pas de moyens de défense efficaces contre les armes hypersoniques en raison de la façon dont elles volent. Elles se déplacent à une altitude à laquelle nos systèmes de défense actuels ne sont pas conçus pour fonctionner ; tout notre système défensif est basé sur l'hypothèse de l'interception d' un objet balistique », rapportent-ils des propos d’un autre expert du domaine. L’édition 2019 d’une revue du département de la Défense (DoD) cite la Russie et la Chine comme les principaux pays lancés dans le développement d’un tel arsenal.
« La Russie et la Chine mettent au point des missiles hypersoniques perfectionnés qui peuvent se déplacer à des vitesses exceptionnelles avec des trajectoires de vol imprévisibles qui mettent à l'épreuve nos systèmes de défense actuels », ajoute le DoD. La suggestion des chercheurs survient au moment où le Pentagone reconnaît à la Chine un avantage sur les USA en matière d’applications militaires de l’intelligence artificielle, ce, grâce à une grande collaboration entre l’armée et l’industrie technologique.
Ce qu’il faut dire est qu’au vu des enjeux actuels, la modernisation de l’infrastructure nucléaire des États-Unis est un sujet dont les autorités américaines discutent. Sur le terrain, elle devrait essentiellement tourner autour de l’arrimage à l’intelligence artificielle du macro-système NC3. En l’état, on compte à minima trois sous-ensembles qui rentrent dans sa constitution : chaîne de capteurs, infrastructure de communications de données et centre de contrôle/commande. Ainsi, au-delà des défis de mise à niveau de la chaîne de capteurs et de l’infrastructure de communications, on imagine que l’entrée en scène de l’intelligence artificielle devrait mettre de côté les intervenants du centre de contrôle commande que sont le président des États-Unis et l’Autorité de commandement nationale. Ce système basé sur l’IA devrait être en mesure de détecter un lancement de missiles n’importe où dans le monde et d’apporter la réponse appropriée dans les délais les plus brefs. Il s’agit en quelque sorte de confier les codes nucléaires des USA à une intelligence artificielle. L’approche n’est pas sans faire penser à un système automatisé de gestion d’arsenal nucléaire utilisé par l’Union soviétique lors de la guerre froide. Ce dernier était conçu pour activer automatiquement les armes nucléaires sous certaines conditions, dont celle du décès du leader de l’Union.
Au cas où le transfert du contrôle des armes nucléaires à l'intelligence artificielle semble risqué, les auteurs proposent également d'autres solutions au problème de la gestion du délai dont le président dispose : renforcer la capacité des États-Unis à répondre à une attaque nucléaire après coup, c'est-à-dire à assurer une capacité dite de deuxième frappe ; adopter une volonté d'attaquer de façon préventive d'autres pays sur la base d'avertissements selon lesquels ils se préparent à attaquer les États-Unis ; ou déstabiliser les adversaires du pays en déployant des armes nucléaires près de leurs frontières, l'idée ici étant que cela permettrait aux pays de participer aux négociations sur le contrôle des armes nucléaires. Le duo de chercheurs finit néanmoins par reconnaître à chacune de ces approches une limite et privilégie la solution basée sur l’intelligence artificielle.
« Les progrès récents de l'intelligence artificielle pourraient être mis à profit dans tous les aspects du nucléaire. L'apprentissage machine pourrait renforcer les capacités de détection des systèmes d'alerte précoce existants et améliorer la possibilité pour les analystes humains d'effectuer une analyse croisée des données de renseignement, de surveillance et de reconnaissance (ISR). L'apprentissage machine pourrait être utilisé pour renforcer la protection de l'architecture de commandement et de contrôle contre les cyberattaques et améliorer la façon dont les ressources, y compris les forces humaines, sont gérées. Les progrès de l'apprentissage machine pourraient renforcer les capacités des moyens de dissuasion non nucléaires, qu'ils soient conventionnels (systèmes de défense aérienne), électroniques (brouillage) ou cybernétiques », rapportent les chercheurs des propos d’un autre expert du domaine.
Seulement, l’un des problèmes que pose l’introduction de l’intelligence artificielle à l’équation est lié aux biais de données. En effet, il suffit, lors de son entraînement, de ne fournir à une intelligence artificielle que des images morbides pour en faire une psychopathe. Par ailleurs, il semble que les jeux de données nécessaires à l’entraînement desdits algorithmes sont inexistants lorsqu’il s’agit des armes nucléaires, ce qui signifie que l’on fera usage de données simulées. Dans des filières aussi sensibles, on veut néanmoins rester modeste et parler de dire un dernier mot : risques.
Sources : Warontherocks, Mitchell Insitute
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