L’annonce avait été faite par Regina Dugan, ancienne directrice de la DARPA, lors de la conférence des développeurs F8 de Facebook. Ce lundi, l’entreprise annonce l'acquisition de CTRL-Labs, une startup qui fabrique un bracelet capable de transmettre des signaux électriques du cerveau comme données d'entrée informatique. Permettant ainsi aux utilisateurs de contrôler leurs appareils numériques avec leur esprit.
Beaucoup d'entreprises sont intéressées par cette technologie. En France par exemple, des chercheurs du CRNL ont développé une ICM permettant d'écrire en sélectionnant par la pensée des lettres présentées sur un écran. Des lignes et des colonnes de lettres sont successivement surlignées sur l’écran et quand la lettre recherchée apparaît, l’individu focalise son attention sur elle. Le logiciel sait interpréter les signaux cérébraux émis par ce laps de concentration et sélectionne la lettre.
Dans un cadre purement informatique, Elon Musk, le célèbre patron du fabricant de voitures électriques Tesla, a présenté en direct sur son compte YouTube une technologie créée par sa startup Neuralink destinée à permettre au cerveau humain d'interagir directement avec les ordinateurs. Testé avec succès sur des singes, l'implant cérébral développé par la firme d'Elon Musk permettra à terme à des personnes paralysées de contrôler un ordinateur par le cerveau. Le recrutement de cobayes sera lancé avec des essais sur les Humains en 2020.
Les interfaces cerveau-machine (ICM) sont des dispositifs qui devraient permettre à des personnes souffrant de handicaps majeurs de retrouver une certaine autonomie. Des individus tétraplégiques pourraient par exemple contrôler un exosquelette grâce à la pensée pour se déplacer, des personnes amputées pourraient contrôler les mouvements de leur prothèse par la pensée, des personnes ayant perdu la parole pourraient parler via un ordinateur, toujours grâce à la pensée… Les applications potentielles sont nombreuses, de la santé à l’informatique avec par exemple le domaine des jeux vidéo.
Fonctionnement d’une ICM
Une interface cerveau-machine, ou BMI (Brain-Machine Interface) comprend un système d’acquisition et de traitement des signaux cérébraux, un système de classification puis de traduction de ces signaux en commandes envoyées à la machine ; enfin, une partie des résultats est présentée à l’utilisateur sous une forme aisément compréhensible afin de constituer une boucle permettant l’apprentissage. Plus précisément, l’utilisateur focalise son attention sur une stimulation extérieure de son choix. Cela génère une activité cérébrale caractéristique et mesurable à l’aide de capteurs. Ces signaux sont transmis à un ordinateur qui les analyse pour en extraire les données utiles, puis les transforme en commande pour la machine (logicielle, voix artificielle, prothèse, interface …).
S’inspirant des algorithmes d’apprentissage automatique pour rendre la machine capable d’affiner son interprétation des activités cérébrales de l’utilisateur, ces systèmes fonctionnent le plus souvent en boucle de rétroaction, permettant à l’utilisateur de progresser dans la maîtrise de l’ICM. Selon Bloomberg, pour s’approprier la technologie ICM de CTRL-Labs, Facebook aurait déboursé entre 500 et 1 milliard de dollars. La startup fera partie de Facebook Reality Labs, une division de Facebook spécialisée dans les projets de réalité virtuelle (RV).
« Nous passons beaucoup de temps à essayer de faire en sorte que notre technologie fasse ce que nous voulons plutôt que de profiter des gens qui nous entourent. Nous savons qu'il existe des moyens plus naturels et intuitifs d'interagir avec les appareils et la technologie. Et nous voulons les construire ; CTRL-Labs, sera affectée à l’équipe Facebook Reality Labs où nous espérons développer ce type de technologie à grande échelle et l'intégrer plus rapidement dans les produits grand public » a déclaré Bosworth, vice-président de la réalité virtuelle chez Facebook.
Selon M. Bosworth, le bracelet de CTRL-Labs contribuera au développement de nouvelles méthodes d’interaction avec les machines sans recourir aux périphériques d’entrés traditionnel clavier/souris, écrans tactiles ou tout autre type de contrôleur physique. « Une technologie comme celle-ci a le potentiel d'ouvrir de nouvelles possibilités créatives et d’améliorer les inventions du XIXe siècle dans le monde du XXIe siècle », a-t-il précisé.
Cependant, Newton Howard, professeur de neurosciences au Massachusetts Institute of technology (MIT) et à Oxford estime que les entreprises technologiques ne cherchent qu'à augmenter les capacités du cerveau avec l’idée que la machine est supérieure. « Je respecte leur capacité technique, mais pour servir quel but ? Ils ne cherchent pas à lutter contre des maladies ou à restaurer la dignité humaine de personnes face à la dégénérescence du cerveau. Ils cherchent à augmenter les capacités du cerveau avec l’idée que la machine est supérieure. (…) Faire des interfaces cerveau-machine pour de mauvaises raisons, cela peut amener les gens à refuser ce type de technologies, qui risquent alors d’être mises de côté et oubliées pendant trente ou cinquante ans » a-t-il déclaré.
Source : forbes
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