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Clearview AI, le spécialiste controversé de la reconnaissance faciale, a accepté de freiner ses ventes aux Etats-Unis,
Au terme d'un procès retentissant

Le , par Bruno

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Aux États-Unis, une association est parvenue à restreindre le marché de Clearview AI, une entreprise spécialisée dans la biométrie. Dans le cadre d’un accord, cette société n’a plus le droit d’accéder à certains marchés commerciaux. Clearview AI a promis de cesser de vendre sa technologie controversée de reconnaissance des visages à la plupart des entreprises privées américaines dans le cadre d'un accord proposé cette semaine avec l'Union américaine pour les libertés civiles (ACLU).

La startup basée à New York a été longuement critiquée pour avoir récupéré des milliards d'images sur les pages publiques des réseaux sociaux. Ces photos ont été utilisées pour construire un système de base de données de reconnaissance faciale, permettant à l'entreprise de relier les futures photos de personnes à leurs profils en ligne passés et actuels.


Le logiciel de Clearview peut, par exemple, montrer un visage sur une photo de vidéosurveillance et, s'il reconnaît la personne dans sa base de données, il peut renvoyer non seulement les URL des pages de réseaux sociaux de cette personne, d'où elle a été vue pour la première fois, mais aussi des copies qui permettent d'identifier, de tracer et de contacter cette personne.

La même année, l'ACLU a intenté un procès à l'entreprise, affirmant qu'elle violait la loi de l'Illinois sur la confidentialité des informations biométriques (BIPA), qui oblige les organisations opérant dans cet État américain à obtenir le consentement explicite de ses résidents pour collecter leurs données biométriques, qui comprennent leurs photographies.

Les deux parties sont parvenues à un projet de règlement pour mettre fin à l'impasse juridique. Dans le cadre de ce projet d'accord, Clearview a accepté de ne plus donner ou vendre l'accès à son système de base de données à la plupart des entreprises et organisations privées des États-Unis. En outre, l'accord doit passer par les tribunaux pour être pleinement valide.

« La principale disposition de l’accord interdit à la société de vendre sa base de données d’empreintes faciales non seulement dans l’Illinois, mais aussi dans l’ensemble des États-Unis. Elle cessera également d’offrir des comptes d’essai gratuits aux agents de police, à l’insu de leur employeur et sans son accord », indique l’ACLU sur Twitter.

Conformément à l'accord proposé, Clearview ne peut partager sa base de données avec aucune entité gouvernementale locale ou étatique de l'Illinois pendant cinq ans, ni avec aucune entité privée de l'État, et permettra aux résidents de se retirer de la base de données. Ils peuvent soumettre une photographie à la société, qui empêchera son logiciel de reconnaissance faciale de trouver des correspondances avec leur visage.

En outre, Clearview s'efforcera de filtrer les images prises dans l'Illinois ou téléchargées depuis cet État. L'entreprise déboursera 50 000 dollars pour payer les publicités en ligne informant les résidents de leur possibilité de se retirer.

Au-delà de l'Illinois, l'accord réduit de manière permanente la capacité de Clearview à faire des affaires avec des entreprises et des organisations privées dans toute l'Amérique : elle peut, en théorie, vendre à ses clients une version de son logiciel de reconnaissance faciale qui n'est pas entraînée sur la base de données, mais elle ne peut pas leur fournir son énorme base de données.

Cette interdiction ne s'étend pas aux entités publiques, ce qui signifie que les forces de l'ordre et les agences gouvernementales locales et fédérales ainsi que leurs sous-traitants peuvent utiliser sa gigantesque base de données, sauf dans l'État de l'Illinois au cours des cinq prochaines années.

L’ACLU considère que la pression d’un procès sur Clearview dans l’Illinois « démontre que des lois strictes sur la confidentialité peuvent offrir de réelles protections contre les abus ». La société a préféré céder dans cet État et reculer au niveau national, plutôt que d’aller au tribunal. « Il faut que d’autres États adoptent des lois similaires »

Avant l'issue de ce procès, Clearview aurait indiqué que sa base de données forte de 10 milliards d'images faciales accessibles au public était la « plus grande base de données connue de ce type dans le monde ». La société aurait également inqué être en passe de frôler les 100 milliards d'empreintes faciales d'ici un an, soit suffisamment pour garantir que « presque tout le monde sera identifiable ».

En fin d’année dernière, l'Australie a accusé Clearview AI d'avoir enfreint la loi sur la protection de la vie privée en vigueur dans le pays, en collectant secrètement les données biométriques des citoyens et en les incorporant dans son service de comparaison d'identité alimenté par l'IA qu'elle vend notamment aux organismes chargés de l'application de la loi. Ainsi, un régulateur australien a ordonné à Clearview AI de cesser de collecter des images sur des sites Web et de détruire les données recueillies jusqu'à présent sur les Australiens

Plus tôt cette année, l'agence italienne de protection des données a annoncé une amende de 20 millions d'euros contre Clearview AI pour violation du droit de l'UE. Elle a également ordonné à l'entreprise controversée de supprimer toutes les données sur les Italiens qu'elle détient et elle interdit tout traitement ultérieur de la biométrie faciale de ses citoyens. Son enquête a été ouverte à la suite de « plaintes et rapports », a-t-elle déclaré, notant qu'en plus des violations de la loi sur la confidentialité, elle a découvert que l'entreprise suivait des citoyens italiens et des personnes situées en Italie.

Notons que la technologie de reconnaissance faciale de ClearView AI est désormais utilisée par le ministère ukrainien de la défense. C'est ce qu'a confirmé récemment Hoan Ton-That, PDG de ClearView, qui a également déclaré que le pays en conflit avait libre accès au puissant moteur de recherche faciale de l'entreprise. Le ministère ukrainien de la défense a donc commencé à utiliser la technologie de reconnaissance faciale de Clearview AI, après que la startup américaine ait proposé d’identifier les assaillants russes, de combattre la désinformation et d'identifier les morts. Hoan Ton-That a été l'un des premiers à offrir à l'Ukraine une assistance technologique peu après le début du conflit, par le biais d'une lettre envoyée à Kiev.

L'Ukraine reçoit un accès gratuit au puissant moteur de recherche de visages de Clearview AI, ce qui permettra aux autorités de contrôler les personnes présentant un intérêt aux points de contrôle, entre autres utilisations, a déclaré Lee Wolosky, conseiller de Clearview et ancien diplomate des présidents américains Barack Obama et Joe Biden.

Source : ACLU

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Voir aussi :

L'Italie inflige une amende de 20 millions d'euros à la société de reconnaissance faciale Clearview AI, il est également interdit à l'entreprise d'utiliser des images d'Italiens dans sa base de donnée

Clearview AI a reçu l'ordre de supprimer toutes les données de reconnaissance faciale appartenant à des Australiens, l'entreprise aurait violé la loi australienne sur la protection de la vie privée

La police belge s'est servi illégalement de Clearview AI et n'a pas obtenu de résultats pertinents, selon un rapport de l'Organe de contrôle fédéral

L'Ukraine a commencé à utiliser la reconnaissance faciale de Clearview AI, au coeur de la crise militaire dans le pays

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