« La technologie de sécurité utilise deux caméras, l'une qui regarde la route et l'autre qui est orientée vers l'habitacle. Elle envoie des alertes vocales automatiques au conducteur pendant qu'il est sur la route, ainsi que des conseils via une application qui aide le conducteur à améliorer la sécurité sur la route et à prévenir les accidents. Il s'agit notamment de s'assurer que le conducteur porte sa ceinture de sécurité et de l'alerter en cas de distraction au volant, de freinage brusque, de non-respect d'un panneau stop ou d'excès de vitesse. D'autres options de sécurité incluent une fonction permettant au conducteur de déclencher un enregistrement vidéo s'il ne se sent pas en sécurité ou menacé sur la route », explique Amazon.
« L'étude menée auprès des conducteurs de poids lourds et de fourgonnettes du Royaume-Uni révèle que 71 % d'entre eux utilisent déjà la télématique dans leurs véhicules et que 80 % utilisent des caméras de recul. 97 % ont déclaré que ces avancées technologiques leur donnaient un sentiment de sécurité dans l'exercice de leurs fonctions. Lorsqu'on leur présente une technologie qui utilise une combinaison de caméras et d'autres fonctions pour fournir un retour d'information sur la sécurité, 93 % des conducteurs déclarent que cette technologie les ferait se sentir plus en sécurité dans l'exercice de leurs fonctions », ajoute l’entreprise.
L’approche Amazon n’est pas sans faire penser à celles des patrons qui se dotent de logiciels espions pour juger de la productivité de leurs employés en télétravail. La manœuvre est destinée à s’assurer que ces derniers sont bien assis devant leur ordinateur à faire le boulot pour lequel ils sont payés en cette période mondiale de pandémie. C’est l’équation de la stimulation de la productivité des travailleurs ; certaines entreprises la résolvent en s’appuyant sur des outils de travail collaboratifs comme Sneek qui leur permettent de photographier leurs employés toutes les 5 minutes via un service vidéo en continu.
L'interface du logiciel permet à l'employeur de disposer d'un "mur de visages" (pour chaque bureau), qui reste actif tout au long de la journée de travail et présente des photos des travailleurs prises par leur ordinateur portable toutes les une à cinq minutes. En fait, ce qu’il faut dire est que l’application permet aux employés de régler leur webcam pour qu’elle les photographie de façon automatique toutes les une à cinq minutes, selon la fréquence à laquelle leur patron l’exige. En sus, l’employeur peut initier un appel vidéo en direct avec un travailleur en cliquant sur sa photo, ce, même si ce dernier n’a pas accepté. C’est un paramètre par défaut du logiciel qui peut être modifié pour conditionner la réception de l’appel à une action manuelle, à condition que cela fasse partie des règles que l’employeur approuve.
En matière d’intrusion, c’est un descriptif à l’opposé du nom même de l’application qui a à voir avec la notion d’action dans le secret. À ce propos, l’entreprise souligne justement que « Sneek n’a jamais été conçu pour espionner qui que ce soit. Sinon, nous serions la pire société d’espionnage surtout que nous avons baptisé notre application Sneek. Nous savons que beaucoup de gens trouveront que c'est une atteinte à la vie privée. Nous comprenons à 100 % que cette dernière ne soit pas la solution pour ceux qui regardent les choses de cette façon, mais il y a aussi beaucoup d’équipes désireuses de rester en contact lorsqu’elles travaillent. » Ainsi, d’après l’entreprise derrière l’application l’objectif poursuivi n’est pas l’intrusion à la vie privée, mais la culture de bureau.
Le parallèle avec le cas Amazon fait surface de lui-même. En effet, un conducteur de camionnette est apparenté à un travailleur à distance. Certains chauffeurs, qui ont demandé à rester anonymes par crainte de représailles de la part d'Amazon, ont décrit les caméras comme "dérangeantes", "Big Brother" et "une punition". D'autres ont déclaré craindre que les caméras connectées à un système d'intelligence artificielle n'ajoutent une pression supplémentaire à un travail qui implique déjà une charge de travail intense de livraison de centaines de colis par jour. Les chauffeurs ont déclaré qu'ils sont passibles de mesures disciplinaires, pouvant aller jusqu'au licenciement, en fonction de la gravité de l'infraction à la sécurité enregistrée par la caméra.
Source : Amazon
Et vous ?
Que pensez-vous de l’utilisation de tels moyens pour juger de la productivité d’un développeur ? Que vous inspire l’évocation de l’argument sécurité comme justificatif ?
Y a-t-il une certaine pertinence pour les employeurs à faire usage de tels outils ?
Accepteriez-vous de travailler en étant surveillé de façon aussi active ?
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