En effet, OpenAI reproche à ByteDance d’être en violation des conditions d’utilisation de son service qui stipulent que « la sortie de son modèle d’intelligence artificielle ne peut être exploitée pour développer un modèle d’IA concurrent. » C’est en droite ligne avec cet état de choses que le journaliste Alex Health rapporte qu’OpenAI a procédé à la suspension du compte de ByteDance – l’entreprise chinoise connue comme éditrice de TikTok.
La décision d’OpenAI est sujette à controverse étant donné qu’elle s’apparente à une revendication de du droit d’auteur sur la sortie produite par GPT. Or de récentes directives de l’US Copyright Office stipulent que « le contenu généré par l’intelligence artificielle ne peut être protégé par le droit d’auteur que dans certaines conditions spécifiques. » Et c’est d’ailleurs ce que de nombreux observateurs n’ont pas manqué de souligner.
« Ils entraînent tous deux leurs plateformes à partir de nos données mais ne laissent pas une autre entreprise utiliser leurs outils alors qu'ils se servent tous deux (OpenAI et Microsoft) des outils Open Source mis sur pied gratuitement par d’autres développeurs », souligne un internaute.
Le New York Times envisage de même de lancer une action en justice contre OpenAI pour utilisation de son contenu aux fins d’entrainement de ses modèles d’intelligence artificielle
Le New York Times envisage de lancer une action en justice contre OpenAI afin de l’obliger à effacer les données d’entraînement de ChatGPT. Le département juridique du média étudie la possibilité de poursuivre OpenAI pour protéger les droits de propriété intellectuelle associés à ses reportages. En effet, le journal américain est contre l’utilisation de son contenu comme données d’entraînement pour une intelligence artificielle.
L'une des principales préoccupations du Times est que ChatGPT devienne, d'une certaine manière, un concurrent direct du journal en créant des textes qui répondent à des questions basées sur les reportages et les écrits originaux de l'équipe du journal.
Cette crainte est d'autant plus forte que les entreprises technologiques utilisent des outils d'IA générative dans les moteurs de recherche. Microsoft par exemple a investi des milliards dans OpenAI et anime désormais son moteur de recherche Bing avec ChatGPT.
Le problème de fond est que lorsqu'une personne effectue une recherche en ligne, elle reçoit une réponse d'un paragraphe d'un outil d'IA qui remanie les articles du Times. La nécessité de visiter le site web de l'éditeur s’en trouve grandement diminuée.
C’est pour toutes ces raisons que le NYT a procédé à la modification de ses conditions d’utilisation pour interdire l’usage de son contenu qui comprend les articles, les vidéos, les images, le design, les métadonnées ou les compilations, pour le développement de tout logiciel, notamment pour l’entraînement d’un système d’apprentissage automatique ou d’IA. Il interdit également l’utilisation d’outils automatisés, comme les robots d’indexation, qui visent à utiliser, accéder ou collecter ce contenu sans son consentement écrit. Le NYT précise que le non-respect de ces restrictions peut entraîner des amendes ou des sanctions civiles, pénales ou administratives.
Une action en justice du Times contre OpenAI mettrait en place ce qui pourrait être la bataille juridique la plus médiatisée à ce jour sur la protection des droits d'auteur à l'ère de l'IA générative. La manœuvre est susceptible d’être dévastatrice pour OpenAI, avec notamment la destruction de l'ensemble des données d’entraînement de ChatGPT et des amendes pouvant aller jusqu'à 150 000 dollars par contenu objet du litige.
OpenAI a des auteurs de livres sur le dos au motif de l’exploitation du contenu de leurs ouvrages pour l’entraînement de ses modèles d’intelligence artificielle
Deux auteurs américains ont poursuivi OpenAI devant le tribunal fédéral de San Francisco. Motif : la société a abusé de leurs travaux pour entraîner son populaire système d'intelligence artificielle générative ChatGPT.
ChatGPT et d’autres systèmes d’IA générative créent du contenu en utilisant de grandes quantités de données collectées sur internet. La plainte des auteurs affirme que les livres sont un « ingrédient clé » car ils offrent les « meilleurs exemples d’écriture longue de haute qualité ». La plainte estime qu’OpenAI a incorporé dans ses données d’entraînement plus de 300 000 livres, dont certains provenant de « bibliothèques fantômes » illégales qui proposent des livres protégés par le droit d’auteur sans autorisation.
Awad est connue pour ses romans comme « 13 Ways of Looking at a Fat Girl » et « Bunny ». Tremblay est l’auteur de romans comme « The Cabin at the End of the World », qui a été adapté dans le film de Night Shyamalan « Knock at the Cabin » sorti en février. Tremblay et Awad affirment que ChatGPT peut générer des résumés « très précis » de leurs livres, ce qui indique qu’ils figurent dans sa base de données.
La plainte demande une somme indéterminée de dommages-intérêts au nom d’une classe nationale de titulaires de droits d’auteur dont les œuvres auraient été utilisées abusivement par OpenAI.
DALL-E 3, le dernier modèle de génération d'images d'OpenAI, tombe aussi sous le coup d’accusations de vol des œuvres visuelles des créateurs pour ses besoins d’entrainement
Depuis ses origines dans les années 1800, la bande dessinée est une affaire d'artisanat. Un artiste crayonnait ses pages après avoir reçu le scénario d'un scénariste et qui transmettait ensuite son précieux travail à un lettreur qui écrivait les textes dans les phylactères. Les pages étaient ensuite transmises à l'encreur et ainsi de suite jusqu'à la version définitive de l'œuvre qui sera mise en vente auprès des consommateurs. Bien que cette pratique ait quelque peu évolué au fil des ans, le processus est resté généralement le même. Mais avec l'essor des outils d'IA comme DALL-E, le marché des bandes dessinées pour être confronté à de profonds changements.
DALL-E est un modèle d'IA de génération d'œuvres d'art développé par OpenAI et distribué à partir de janvier 2021. (Le nom "DALL-E" est un mot-valise évoquant à la fois le robot de Pixar WALL-E et le peintre Salvador Dalí). Il génère des contenus visuels à partir de textes descriptifs appelés "invites" (ou "prompt" en anglais). DALL-E 3 est la troisième version majeure de cet outil d'IA et OpenAI a déclaré qu'elle rend le générateur d'images meilleur que jamais. Cette version apporte de nombreuses améliorations, notamment une meilleure compréhension du contexte, une intégration transparente avec le chatbot ChatGPT et de nouvelles mesures de sécurité.
Cette version a également permis à DALL-E de faire un bond en avant en matière de capacité à générer des images de type bande dessinée. En d'autres termes, DALL-E 3 permet de créer des bandes dessinées en toute simplicité et peu d'efforts. Selon les témoignages sur les réseaux sociaux, l'outil d'IA d'OpenAI permet de générer plusieurs panneaux, voir un scénario complet, d'une bande dessinée en moins de 5 minutes. Cette prouesse a suscité des sueurs froides chez les créateurs de bandes dessinées, qui craignent de voir la valeur de leur travail chuté sur le marché et de se faire progressivement remplacer par les outils d'IA de génération d'images.
En outre, cette mise à jour a également suscité des critiques acerbes de la part de la communauté et des créateurs de bandes dessinées. Ces derniers se sont indignés contre le fait que DALL-E 3 puisse copier et réutiliser leurs travaux, notamment leurs scénarios et leurs œuvres visuelles. Par exemple, un internaute a partagé en ligne une courte "bande dessinée" de quatre panneaux créée à l'aide de DALL-E 3. On peut distinguer clairement les personnages comme Batman, le Joker et Robin qui sont protégés par le droit d'auteur. Son message a suscité un tollé sur les médias sociaux, certains critiquant l'idée de célébrer une "bande dessinée créée par l'IA".
Le dessinateur Javier Rodriguez a fait remarquer qu'il ne s'agissait pas d'un simple copier-coller d'autres bandes dessinées dans une bande dessinée. Il a dénoncé cet usage de l'IA générative en le qualifiant de vol. Il a déclaré : « il y a quelque temps, on pouvait faire la même chose avec une photocopieuse et des ciseaux. Voler l'art d'autrui semble aujourd'hui plus facile et lucratif pour ceux qui sont à l'origine des modèles génératifs », a-t-il déclaré. De son côté, le dessinateur de bande dessinée Ramon Villalobos n'a pas été tendre avec l'internaute. Villalobos s'est moqué des résultats et a fait remarquer que le scénario de DALL-E 3 n'était pas cohérent.
OpenAI vient-il de donner raison aux observateurs qui sont d’avis que les modèles d’intelligence artificielle doivent demeurer open source ?You could do the same thing a while ago with a photocopier and some scissors. Stealing other people's art seems easier now and lucrative for those behind generative models. https://t.co/rJFvFjLjha
— Javier Rodríguez (@javiercaster) September 30, 2023
Yann LeCun, chercheur français en intelligence artificielle et responsable de l'IA chez Meta, est d’avis que l'ouverture est le seul moyen d’éviter une réglementation prématurée de l'IA voulue par certains intervenants de la filière comme OpenAI et qui, selon lui, pourrait conduire à ce qu'un petit groupe d'entreprises contrôlent l'industrie de l'intelligence artificielle.
« Ce serait très dangereux que l’on garde ces modèles d’intelligence artificielle fermés. Si vous avez un petit groupe d’entreprises de la Côte ouest qui contrôlent des IA superintelligentes alors elles ont la main sur tout : opinion de monsieur Tout-le-monde, culture, etc. », souligne-t-il.
C’est la raison pour laquelle il n’a pas manqué d’accueillir avec faveur le lancement d’une coalition de plus de 50 entreprises d'intelligence artificielle et instituts de recherche qui prônent un modèle d'IA dit ouvert.
Source : rapport Alex Heath
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