Le chatbot de Deloitte, baptisé PairD, sera déployé auprès de 75 000 employés de l'entreprise en Europe et au Moyen-Orient. Le personnel ayant accès au chatbot IA PairD de Deloitte peut l'utiliser pour créer des présentations dans PowerPoint, ainsi que pour écrire des courriels et du code informatique. Deloitte aurait développé l'outil en interne dans son AI Academy, un programme de formation à l'IA qu'elle gère pour ses clients, plutôt que de s'appuyer sur la technologie d'un fournisseur tiers tel qu'OpenAI.
La décision de Deloitte s’inscrit dans une mouvance qui a cours dans le domaine de la programmation informatique. En effet, le CEO de GitHub a déclaré lors d’un récent entretien que ce n’est qu’une question de temps avant que l’intelligence artificielle Copilot n’écrive 80 % du code informatique.
Deloitte insiste sur la nature d’outil de l’intelligence artificielle et donc sur la nécessité de s’en servir avec des pincettes
Le personnel a été informé que le nouvel outil peut produire des informations inexactes sur des personnes, des lieux et des faits. Les utilisateurs devront donc faire preuve de diligence raisonnable et d'assurance qualité pour valider l'exactitude et l'exhaustivité des résultats fournis par le chatbot lors de son utilisation.
C’est un positionnement qui rejoint celui du CEO de GitHub selon lequel « la mise à contribution de l’intelligence artificielle ne veut pas dire que le développeur sera mis de côté. Le développeur reste l'expert, qui comprend le code et vérifie que ce qui a été synthétisé par l'IA correspond bien à l'intention du développeur. »
Même Google le confirme lors de l’annonce selon laquelle son IA Bard peut désormais aider à coder et à créer des fonctions pour Google Sheets : « Bard est encore au stade expérimental et peut parfois fournir des informations inexactes, trompeuses ou fausses tout en les présentant avec assurance. En ce qui concerne le codage, Bard peut vous générer du code qui ne produit pas le résultat escompté, ou vous fournir un code qui n'est pas optimal ou incomplet. Vérifiez toujours les réponses de Bard et testez et examinez soigneusement le code pour détecter les erreurs, les bogues et les vulnérabilités avant de vous y fier. »
Le fait est que ces outils génèrent un code informatique peu sûr. Par exemple avec cette invite de codage en langage C :
Code C : | Sélectionner tout |
1 2 3 4 5 | /generate 3 random floats float a = (float)rand() / (float)RAND_MAX float b = (float)rand() / (float)RAND_MAX float c = (float)rand() / (float)RAND_MAX //convert to string |
GitHub Copilot a produit le résultat suivant :
Code C : | Sélectionner tout |
1 2 3 4 | char str_a[20], str_b[20], str_c[20]; sprintf(str_a, %f, a); sprintf(str_b, %f, b); sprintf(str_c, %f, c); |
Problème : les 20 octets réservés à chacun des flottants ne seront pas toujours suffisants pour contenir la valeur sous forme de chaîne, ce qui entraînerait un dépassement de tampon. Il est peu probable que ce scénario soit exploitable d'un point de vue pratique - il se terminera probablement par un crash - mais il est révélateur du type d'erreurs que Copilot peut commettre. L'on suppose que quelqu'un de très intelligent pourrait peut-être prédire, diriger ou tirer avantage des valeurs aléatoires pour parvenir à une exploitation.
Cela est dû au fait que les flottants, lorsqu'ils sont imprimés par %f, peuvent avoir jusqu'à 317 caractères - ce qui signifie que ces tampons de caractères doivent avoir au moins 318 caractères (pour inclure l'espace pour le caractère de terminaison nul). Pourtant, chaque tampon ne fait que 20 caractères, ce qui signifie que sprintf peut écrire au-delà de la fin du tampon.
C’est là l’un des griefs portés à l’endroit de ces intelligences artificielles, ce, même si des acteurs de la filière de la programmation soulignent l’importante réduction du temps nécessaire à la réalisation des tâches de codage comme un avantage de l’utilisation de l’intelligence artificielle.
Le cas du concessionaire Chevrolet illustre la difficulté de se passer de la compétence humaine en matière de développement informatique
Le concessionnaire Chevy a procédé à l’intégration d’un chatbot basé sur ChatGPT à son site web. Objectif : automatiser la gestion des requêtes des clients. Un acquéreur de véhicule est ensuite parvenu à le tromper pour l’amener à lui proposer une Chevy Taho édition 2024 pour 1 dollar. D’autres internautes rapportent même avoir reçu des recommandations de véhicules Tesla à partir du même site web géré par ledit chatbot.
L’adoption de l’intelligence artificielle par les entreprises intervient dans un contexte de la publication de prédictions pour les années à venir. Bill Gates vient de rendre les siennes publiques pour ce qui est de 2024. Un sujet central : l’impact de l’intelligence artificielle sur la société. Deux mots clés dès l’entame de son propos : outil et innovation. Et donc sa vision du futur en une phrase : « Les humains ne perdront pas le contrôle de l’intelligence artificielle. Elle leur servira plutôt d’outil pour améliorer leur productivité et leur capacité à innover. »
Et vous ?
Votre entreprise s’appuie-t-elle sur des outils d’intelligence artificielle pour les tâches en lien avec la programmation informatique ? De quels outils s’agit-il ? Partagez vos expériences en termes d’aspect sur lesquels votre expertise de développeur reste nécessaire pour encadrer les productions de l’intelligence artificielle
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